L'économie verte constitue un véritable levier de croissance pour le Maroc qui a inscrit ses différentes politiques dans un processus de développement durable. Les ambitions sont de taille tout autant que les défis. L'intérêt porté par le royaume aux énergies renouvelables est particulièrement salué. Le Maroc est conforté dans ses choix, en matière de développement durable, par ses partenaires. La France, par la voix de ses politiques, salue les engagements du Maroc et les actions menées en vue d'allier le développement économique aux défis environnementaux. C'est en tout cas ce qui ressort des interventions, lors des «Entretiens de Rabat». Un évènement, organisé hier, par la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM). Jérôme Chartier, député, fondateur des Entretiens de Royaumont et premier vice-président du Conseil régional d'Île-de-France, estime que le Maroc a su comprendre la chance extraordinaire que représente la croissance verte. Le député français a tenu à mettre l'accent sur les grands avantages des énergies renouvelables, en comparaison avec l'énergie nucléaire aussi bien en termes d'investissement, de technologie, de maintenance que du temps d'exploitation. «Le caractère local de la production de l'énergie renouvelable permet l'indépendance énergétique. À cela s'ajoute la simplicité de la maintenance», précise Jérôme Chartier pour qui la croissance verte est la stratégie la plus évidente pour assurer le développement des pays émergents. C'est d'ailleurs le choix adopté par le Maroc depuis des années, comme le rappelle le président du Comité scientifique de la COP22, Nizar Baraka. L'ambition marocaine se traduit par des actions multidimensionnelles inscrites au niveau de la contribution déterminée du royaume soumise dans le cadre de la COP21. Le Maroc, rappelons-le, tend à réduire ses émissions, en 2030, de 17% sans condition et de 25% additionnels dans le cas où des financements supplémentaires seraient disponibles, comme s'y sont engagées les parties dans le cadre de l'Accord de Paris. Le pays a porté son ambition à 52% de capacités de production d'électricité à partir de sources renouvelables en 2030. Les engagements du Maroc sont ambitieux, de l'avis des experts tant nationaux qu'internationaux. Il faut dire que la croissance verte n'est plus un choix pour le royaume, mais une nécessité pour faire face à bon nombre de problématiques environnementales : une constante augmentation de consommation en eau, énergie et matières premières, une industrie très polluante, une démographie en constante augmentation...Malgré les défis, Nizar Baraka affiche son optimisme du chemin parcouru par le Maroc en matière de développement durable. De grands efforts ont été déployés pour assurer le passage écologique des différents secteurs. Cette implication s'est traduite par le lancement de la réflexion autour de la charte de l'environnement dès 2009 et son opérationnalisation en 2014. Cette charte fixe les grands principes et orientations en matière de développement durable au Maroc qui sont soutenues par bon nombre de stratégies et de programmes. Dans le cadre de cette ambition et de cette vision stratégique, le Maroc a démontré une forte capacité de mise en œuvre, de suivi et d'évaluation des réformes entreprises, selon le président du Comité scientifique de la COP22. Il donne pour exemple la Stratégie nationale de l'eau avec la poursuite de l'édification des barrages portant le parc global à plus de 140 grands barrages classés, dont plus d'un tiers ont été édifiés durant les 15 dernières années, ainsi qu'avec le développement des bassins versants pour lutter contre les effets de la sécheresse et des inondations. Le secteur privé, qui a commencé à développer une vision de l'économie verte, est appelé à s'impliquer davantage dans l'effort de développement durable et de la promotion de l'approche écologique. Les pouvoirs publics doivent, pour leur part, accompagner le secteur privé, développer le partenariat public/privé et promouvoir davantage les formations aux métiers verts pour accompagner les différents plans et stratégies lancés en matière de développement durable. Des initiatives marocaines pour réussir la COP de l'action Le président du Comité scientifique de la COP22 se félicite que toutes les conditions soient réunies pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris : «Nous sommes d'autant plus satisfaits (pour ne pas dire soulagés) car la présidence marocaine s'était inscrite, dès les premières étapes de préparation de la COP22 de Marrakech, dans la programmation de l'action pour l'implémentation de cet accord à travers cinq priorités : la mise en œuvre des contributions nationales pour le climat (NDCs), l'adaptation, la finance climatique, le transfert de technologies et l'agenda pré-2020». Le Maroc est engagé à faire de la COP de Marrakech celle de l'action, en soutenant le rééquilibrage des efforts et des moyens entre l'atténuation et l'adaptation à travers le lancement de plusieurs initiatives. À titre d'exemple, le «NDC Partnership», co-présidé par le Maroc et l'Allemagne, vise à créer un guichet et un portail de la finance climatique pour renforcer les capacités et les compétences en vue de soutenir la réalisation des contributions déterminées au niveau national. Cet objectif se concrétise à travers le partage des expériences et la mutualisation des expertises. Il s'agit aussi de la mise en place, par le Maroc, du centre 4C, dédié au partage de l'expérience marocaine en matière de lutte contre les changements climatiques au niveau régional et particulièrement sur le continent. Baraka rappelle aussi l'initiative pour l'adaptation de l'agriculture africaine et l'«Engagement de Marrakech» destiné à favoriser les marchés de capitaux verts en Afrique.