Jeudi dernier, le centre de réinsertion des jeunes à Casablanca a été le théâtre d'une mutinerie. Une tentative de grande évasion ou une révolte contre les conditions d'incarcération ? Ou les deux à la fois ? Une enquête judiciaire est ouverte pour savoir ce qui a provoqué les drames survenus, jeudi dernier, dans le Centre de rééducation pour jeunes de Aïn Sebaâ à Casablanca. «Un plan minutieusement préparé». C'est la qualification donnée par la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) à la mutinerie survenue jeudi dernier dans le Centre de rééducation pour jeunes de Aïn Sebaâ à Casablanca. Selon les premiers éléments recueillis par la DGAPR, «cette mutinerie a été fomentée par des meneurs qui ont incendié des lits pour provoquer la fumée dans le but de piéger les gardiens de l'établissement pour les attaquer et sortir du quartier de détention. Les détenus se sont, par la suite, dirigés vers le dépôt des armes, mais, bloqués par la grille métallique de la porte, ils n'ont pas pu y accéder. Leur tentative ayant échoué, ils ont incendié un bus de transport des prisonniers». Ce n'est pas tout, puisque, selon la version officielle de la DGAPR, les mutins ont attaqué, à coups de pierres, des fonctionnaires de l'établissement qui ont été légèrement blessés. S'agissant des dégâts matériels, il faut savoir qu'au niveau des services administratifs de l'établissement, la DGAPR affirme que «les actes de vandalisme ont été derrière la destruction de l'ensemble des bureaux et des équipements, à l'exception du bureau de l'Econome, y compris les documents relatifs à la gestion des affaires des fonctionnaires, les registres d'incarcération, les dossiers judiciaires des prisonniers, le bureau du suivi médical, les infrastructures sanitaires, les dossiers médicaux, les médicaments, ainsi que la destruction du réseau des communications». Quant aux dégâts qui ont touché le centre de détention, ils concernent «tous les équipements d'extinction, des téléphones fixes, des dizaines de télévisions installées dans les cellules, des équipements électriques, des équipements de sport, des lits et des draps ont été détruits». À cela s'ajoute l'incendie de cinq chambres au niveau de l'un des pavillons de l'établissement. Ces actes de vandalisme ont également causé la destruction des bureaux et des équipements du service de préparation à la réinsertion relevant de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus. Les livres, les instruments de musique, la médiathèque, les équipements de sport, les dossiers sociaux des pensionnaires ainsi que les classes de cours ont été également détruits. Le portail principal de l'établissement, l'ensemble des équipements de surveillance électronique (caméras et autres), ainsi que le parc automobile de l'établissement ont également subi des dommages conséquents. Au bus de transport de prisonniers incendié, au tout début de la mutinerie, s'ajoute la destruction d'une ambulance, de voitures de service, de motocycles de fonctionnaires, un camion de la protection civile et des véhicules particuliers se trouvant dans l'enceinte de l'établissement. «Cinq éléments de la police, trois membres de la protection civile, six des forces auxiliaires et cinq fonctionnaires de la DGAPR ont été blessés et neuf prisonniers ont été asphyxiés et évacués à l'hôpital qu'ils ont pu quitter à l'exception d'un seul cas, selon la même source», précise la DGPAR. Les familles, alertées par les réseaux sociaux, ont rapidement rejoint les alentours du centre de détention ajoutant aux difficultés pour les forces de l'ordre qui tentaient de maîtriser la situation. Finalement, ces dernières ont pu venir à bout de la mutinerie. Quant aux familles, «l'administration de l'établissement, sous la supervision directe de responsables à l'Administration centrale sur place, a ouvert avec elles des canaux de communication directe en plus de l'organisation d'une visite ouverte», note la DGPAR, qui mènera, en parallèle d'une enquête judiciaire, une enquête administrative pour déterminer les causes de cette tentative d'évasion. «Il semblerait que les jeunes détenus ont voulu protester contre leurs conditions de détention. Une enquête est en cours. En attendant les conclusions, toutes les activités que nous menons au sein de la prison sont pour l'instant suspendues», déclare Fatna Bouih, la voix chargée d'émotion. Cette militante pour les droits de la Femme et pour la réinsertion des ex-détenus organise, depuis de nombreuses années au sein de la prison d'Oukacha, des ateliers pédagogiques et culturels au profit des jeunes détenus et des pensionnaires de la prison pour femmes. Cela dit, cet événement dramatique nous pousse à nous poser, une fois de plus, la question sur les conditions de détention dans les prisons marocaines qui sont pour le moins désastreuses (cf: www.leseco.ma; édition du lundi 25 juillet 2016). Il nous pousse aussi à nous poser la question sur l'efficacité du système de réinsertion des détenus marocains. Tags: prison d'Oukacha Mutinerie DGAPR