En dépit de ses atouts économiques, Drâa-Tafilalet n'est pas une terre bénie pour les investisseurs qui font face à plusieurs difficultés. Tracasseries administratives dans la mobilisation du foncier, manque d'infrastructures de base, enclavement... Pour sa quatrième étape, la Caravane des Régions des Inspirations ECO a jeté son dévolu sur Drâa-Tafilalet. L'objectif, comme à chaque fois, est de passer au scan les opportunités d'investissement et le climat des affaires et faire émerger du débat, des recommandations à même de mettre la région sur la voie du développement. Pas moins de 200 personnes ont pris part à cet événement tenu jeudi 19 mai à Errachidia, chef-lieu de la Région. Wali de la Région, membres du Conseil régional, délégués ministériels, représentants des Chambres professionnelles, investisseurs, élus... tous ont pris part au débat qui a duré plusieurs heures. Le résultat est un diagnostic de la situation économique de la Région mettant en relief ses atouts et potentiels, mais aussi les dysfonctionnements et difficultés rencontrées par les investisseurs. Un potentiel diversifié, mais... À tour de rôle, les acteurs de la Région se sont relayés pour dresser le même constat : Drâa-Tafilalet dispose d'une plateforme économique à même de permettre d'enclencher une dynamique de développement et de création de richesses. Tourisme, agriculture oasienne, produits du terroir, mines, cinéma, artisanat...«Mais, en dépit de ce potentiel diversifié, le constat est que la région n'arrive pas à décoller. Pour baliser le terrain aux investisseurs et résoudre les problèmes qui les entravent, nous avons mis en place une commission dédiée au climat des affaires dans la Région. Son objectif est d'améliorer les services et relever les contraintes notamment administratives», a annoncé d'emblée, Mohamed Fanid, wali de la Région. Abondant dans le même sens, Bouchaïb Erraziki, directeur du CRI, a estimé que Drâa-Tafilalet ne crée pas assez de richesses. «La contribution de la Région dans le PIB national atteint à peine les 2,7%, ce qui est très faible. Après une étude des secteurs porteurs dans la Région, nous avons fixé trois pôles qui présentent de réelles opportunités d'investissement : l'agriculture, l'énergie et mines, et le tourisme et artisanat. Ces trois pôles devront nous permettre de gagner, au moins, deux autres points du PIB dans les années à venir avec des retombées positives sur la région en termes d'investissement et de création d'emploi», a-t-précisé. Le casse-tête du foncier Du côté des investisseurs, c'est la mobilisation du foncier qui est citée comme principal obstacle au développement. Et pour cause, des terres collectives ont un statut particulier qui rend leur exploitation problématique. «C'est un chantier prioritaire pour le Conseil régional, car nous sommes conscients du tort que ce type de foncier cause à plusieurs investisseurs», a reconnu Abdallah Sghiri, vice-président du Conseil régional. Pour rappel, le ministère de l'Intérieur, à travers la Direction des affaires rurales, a adopté, il y a quelques années, une politique de valorisation de cette assiette foncière importante en autorisant son exploitation, soit directement par les ayants droit, soit par des investisseurs privés à travers des actes de location. Seulement, en cours de route, les locataires ont rencontré plusieurs difficultés. «Il y a une grande opacité dans la gestion de ce dossier au niveau de la Région. D'abord, il y a une politique de deux poids-deux mesures. Les privilégiés louent des terres très bien situées à 1 dirham/hectare, alors que pour un lot accidenté je paie 11 dirhams/h», s'insurge l'un des investisseurs. Un autre dénonce la lourdeur des procédures administratives. «J'ai un contrat avec le ministère de l'Intérieur pour l'exploitation d'une terre collective en contrepartie d'un loyer de 300.000 DH. Mais depuis août 2015, j'attends toujours mon autorisation de construire, et c'est de l'argent et du temps perdus pour mon projet», déplore-t-il. Pour désamorcer ce problème, le wali de la Région a annoncé la création d'une commission qui regroupera toutes les parties prenantes et se réunira toutes les semaines pour liquider ces dossiers. Mohamed Fanid Wali de la région de Drâa-Tafilalet Dans la mise en œuvre de la régionalisation au niveau de Drâa-Tafilalet, on constate une grande dynamique des acteurs économiques, ce qui est de nature à drainer des investissements et créer de l'emploi. Notre travail consiste donc à encadrer cette dynamique pour qu'elle contribue au développement de la région. Abdallah Sghiri Vice-président du Conseil régional Il est indéniable que notre région dispose de grands atouts économiques. Nous avons une grande responsabilité dans l'exploitation des potentiels de la Région et les traduire en opportunités d'investissement. Cela passe par la résolution de plusieurs problèmes qui entravent l'acte d'investir, comme la mobilisation du foncier public et l'équipement de la région en infrastructures de qualité. Bouchaïb Erraziki Directeur du Centre régional d'investissement En dépit des atouts dont dispose la Région, sa contribution au PIB national demeure faible : à peine 2,7%. Notre objectif est de gagner au moins deux autres points de PIB dans les années à venir. Pour cela, nous avons identifié les pôles économiques qui peuvent constituer la plateforme de l'économie de la Région et nous allons essayer de fédérer les investisseurs autour de ces pôles.