Pas de doute : Marrakech Art Fair est un événement qui mérite le détour. Quatre jours durant (la foire prend fin ce soir), artistes, galeristes, collectionneurs, critiques d'art, passionnés et curieux se sont donnés rendez-vous au Palace Es Saadi, à la ville ocre, pour parler art contemporain dans le monde arabe. Il était aussi question d'étudier l'impact des révolutions arabes sur la créativité des artistes de cette région du monde, décortiquer l'art contemporain en Toscane qui se veut aujourd'hui une possibilité pour la Méditerranée ou tout simplement découvrir la puissance des œuvres exposées lors de cet ambitieux événement artistique. Pour les Marocains, le Marrakech Art Fair était aussi le champ d'étude de l'art afin de répondre à certaines questions-clés. À l'intérieur du Palace, les deux halls où les 48 galeries invitées sont installées ne désemplissent pas. Les visiteurs s'arrêtent longuement devant des décors aussi improbables les uns que les autres. Des cerveaux en métal présentés par une galerie française, des chaises liées les unes aux autres grâce à une toile d'araignée sont exposées par une galerie turque, des images originales à cheval entre la photographie et la peinture, signées Murat German, des photographies inédites de l'artiste Lalla Essaydi où l'écriture en arabe se veut un élément-clé meublent fièrement le stand de la galerie new- yorkaise Edwynn Houk Gallery... L'appel à la liberté n'en est pas moins présent. Les travaux exposés par les galeries arabes invitées, notamment les tunisiennes et émiraties d'entre elles, dégagent une enivrante brise de printemps arabe. «Les œuvres exposées au Marrakech Art Fair témoignent de la diversité des tendances artistiques modernes. Le monde de l'art connaît aujourd'hui un véritable bouillonnement qui encourage les artistes à donner le meilleur d'eux-mêmes. En Turquie, par exemple, une foire d'art contemporain vient d'être organisée à Istanbul afin d'accompagner ce mouvement », nous explique Hande Helvaci de la galerie turque CDA Projects. Faisant partie des sept galeries qui représentent la Turquie (invité d'honneur) à Marrakech Art Fair, cette jeune galerie stambouliote met en avant les artistes qui s'intéressent à la peinture, sculpture, photographie, installation, vidéo et médias. Programme chargé Outre les tables rondes où il a été question d'actualité brûlante de l'art contemporain, d'autres activités ont marqué l'événement. Il s'agit notamment de l'exposition «Images affranchies» abritée à l'ancienne agence de la Banque du Maroc, à la place Jamaâ El Fna, de la séance de projections de vidéos et de films d'artistes organisée, hier matin, au cinéma Le Colisée ou encore de la signature d'un livre d'art consacré à Mahi Binebine. Bref, Marrakech Art Fair a réussi son pari, celui de faire de la ville ocre la destination privilégiée des amoureux de l'art. Le programme concocté pour cette deuxième édition, chargé certes mais fort intéressant, démontre que cette manifestation est sur la bonne voie.