Aménagement du territoire, mobilité, déconcentration, solidarité sont quelques-uns des défis à relever par une région recensant 7 millions d'habitants. Le Conseil régional de Casablanca-Settat vient de lancer un appel d'offres portant sur une étude relative à la définition d'une vision d'aménagement du territoire. Une étude pour préparer le Plan de développement régional est lancée; elle sera prête d'ici 4 à 6 semaines. Le défi de l'aménagement du territoire Avec la régionalisation avancée, la région est plus que jamais l'acteur de référence pour la définition et la mise en œuvre de la stratégie de développement de Casablanca-Settat. Pour s'acquitter de cette mission, le Conseil régional de Casablanca-Settat vient de lancer un appel d'offres pour commander une étude relative à la définition d'une vision d'aménagement du territoire. «Plusieurs réflexions et actions ont d'ores et déjà été menées dans ce sens par les différents acteurs nationaux et territoriaux. Il s'agit d'arrêter une vision cohérente, exhaustive (au regard du nouveau découpage), emportant l'adhésion de tous et de la traduire en programmes et en projets opérationnels», indique ledit conseil dans son appel d'offres. Le cahier des charges a bien précisé les missions qui incombent au futur adjudicataire. Sa mission passe en effet par la réalisation d'un état des lieux des études, schémas, plans et programmes existants. La région Casablanca-Settat a bénéficié de nombreuses réflexions et actions menées par différentes institutions et par la société civile. Il s'agit donc de définir une vision partagée à travers la mise en cohérence des études stratégiques existantes (SNAT, SOFA, SRAT, SDAU, PDU, PDGC...) dans le nouveau découpage régional, d'analyser leur contenu et, à travers des études, de les réaliser au niveau du territoire de la région, mais aussi d'analyser les attentes formulées lors des différentes rencontres régionales. Au regard des caractéristiques de la région et des attentes de ses habitants, la mobilité occupera une place particulière dans cette étude. Sa déclinaison en programmes et projets sera réalisée dans le cadre d'un Plan régional de mobilité qui permette à chacun de se déplacer le plus efficacement possible au moyen du mode de transport le plus adapté. Le contractant devra réaliser des benchmarks de régions dans le monde, disposant de caractéristiques similaires à la région Casablanca-Settat et ayant réussi leur développement. À la lumière de l'état des lieux et des benchmarks menés, le contractant proposera une vision et un positionnement cible pour la région Casablanca-Settat. Cette vision est un prérequis indispensable à l'élaboration d'un programme de développement régional avec une déclinaison opérationnelle sur les 6 années à venir. Elle servira notamment de base à la définition et à la priorisation des projets. La vision et le positionnement proposés devront être suffisamment ambitieux pour permettre le rayonnement de la région aux niveaux national, continental et international. À l'issue de ces travaux, le contractant organisera et animera des séminaires stratégiques de concertation regroupant les parties prenantes de la région, et ce, dans l'objectif d'assurer une large adhésion à cette vision. Le défi de la déconcentration Casablanca-Settat est le territoire le plus dense en matière de couverture administrative (voir schéma). Cette multiplicité des acteurs peut être une source de blocages entravant le bon fonctionnement de la régionalisation, surtout que la région, comme pivot du développement économique et social, tarde à prendre ses marques. Mustapha Bakkoury, président de la région, ne cache pas son agacement face à cette situation: «Aucune mesure concrète n'a été prise en matière de déconcentration. En tant que présidents de région, nous avons des difficultés à l'accès à l'information. Les études qui ont été menées doivent être révisées pour que nous puissions saisir toutes les opportunités. L'heure tourne, et nous devons accélérer la cadence», prévient-t-il, lors d'une journée d'étude organisée par l'Institut national d'aménagement du territoire. Le défi politique Les luttes de pouvoir entre les autorités élues et autorité locale/autorités techniques est un autre risque qui pèse sur la mise en œuvre de la régionalisation. La région est présidée par le Parti authenticité et modernité (PAM), alors que la majorité des villes de ce territoire sont entre les mains du Parti de la justice et du développement (PJD), particulièrement Casablanca, Mohammedia et Settat. À cela s'ajoutent le partage des pouvoirs entre des agences urbaines bien installés dans le rôle d'aménageur et une région qui cherche encore ses marques. Risque de disparités sous-régionales La région doit composer avec deux risques: la perte de vitesse que connaît l'industrie à Casablanca et les disparités sous-régionales. Ce deuxième risque doit être affronté par une solidarité entre les composantes de la région. Si Casablanca et El Jadida attirent les géants de l'industrie, les autres provinces de la région se retrouvent dans une course à armes inégales. Le défi majeur est de faire profiter des fruits des investissements tant la commune Oulad Said à Settat, qui connaît un taux de pauvreté de 25,6%, que ceux du Maârif à Casablanca, enregistrant un taux de 1,7%.