La ville de Dakhla accueille jusqu'au 22 mars le Forum de Crans Montana. Développement, changement climatique, coopération Sud-Sud, Energie...Plusieurs sujets d'actualité ont été passés à la loupe par des ministres, diplomates et experts éminents venant des quatre coins du monde. Pas de moins de 850 personnalités étrangères issues de 131 pays et de 27 organisations régionales et internationales ont pris part à la 27è session du Forum Crans Montana (FCM), organisé à Dakhla du 17 au 22 mars. L'édition 2016, qui se tient pour la deuxième fois consécutive à «la perle du Sud» sous le thème de «l'Afrique et la coopération Sud-Sud : Une meilleure gouvernance pour un développement économique et social durable», a été marquée par un programme chargé en termes de conférences et débats. Objectif : mettre l'accent sur la coopération Sud-Sud pour réfléchir sur les moyens à même de faciliter l'intégration mondiale de l'Afrique et de renforcer sa croissance et son développement économique et social. Développement Les pistes royales Les travaux du Forum ont été inaugurés par un message du roi Mohammed VI adressé aux participants. Le souverain y a donné les grandes lignes de sa vision de la coopération Sud-Sud qui constitue «un axe fondamental de sa politique étrangère et une ligne de conduite centrale de son action internationale». Pour le Souverain, l'Afrique doit, désormais, s'assumer en tant que partenaire central de la coopération internationale et non pas comme simple objet de cette coopération ou enjeu pour les autres acteurs. De même, l'Afrique ne doit pas être regardée en tant que source de fragilités, mais bel et bien comme un acteur majeur du progrès. «Après des décennies durant lesquelles notre continent a enduré les blessures d'un partage du monde imposé par la colonisation et subi les effets collatéraux de conflits idéologiques auxquels il était étranger, il est temps que l'Afrique reprenne ses droits sur l'Histoire et la Géographie», a affirmé le Roi. Et d'ajouter : «le monde - et nos régions, en particulier - font face à des défis environnementaux sans précédent. Il s'agit non seulement de défis climatiques, mais aussi - et surtout- de défis en matière de développement. L'Afrique a son mot à dire dans ce débat mondial. Elle ne devrait donc ni se taire, ni se laisser faire, encore moins se réduire à choisir entre développement et écologie», conclut le monarque. Energie Le Maroc cité en exemple Les projections donnent des sueurs froides : en Afrique, la demande en énergie va croitre de plus de 60% dans les 20 ans à venir. Comment faire face à cette demande croissante de l'énergie ? Comment sécuriser l'approvisionnement ? Comment consommer propre et promouvoir les énergies renouvelables ? Autant de questions qui ont fait l'objet d'un débat, vendredi dernier, qui a connu la participation d'éminents experts. Taoufik Mouline, directeur général de l'Institut royal des études stratégiques (IRES) a mis les enjeux en relief : la sécurité énergétique est un terme très en vogue en ce moment, mais en Afrique il un sens particulier puisqu'il implique d'abord la généralisation de l'énergie et la sécurité de l'approvisionnement. Amina Benkhadra a abondé dans le même sens précisant que le continent accuse un retard «abyssal» dans ce domaine : seulement 38% de la population a accès à l'électricité. Comment rattraper ce retard ? Pour la patronne de l'Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym), il faut des choix de politiques publiques très claires qui mettent en place des modes de gouvernance efficients afin d'atteindre des objectifs concrets. Le Maroc est cité en exemple à ce niveau. Pour l'eurodéputé française Rachida Dati, le royaume a «réussi haut la main son pari d'entrer dans l'ère de la sécurité énergétique durable et ces projets futuristes et d'avant-garde deviennent aujourd'hui réalité. le Maroc s'érige ainsi au rang de puissance industrielle la plus innovante du continent africain, et en leader mondial grâce à la centrale solaire Noor de Ouarzazate». Sécurité alimentaire Un défi continental C'est l'un des défis majeur de l'Afrique. Dans un monde qui abrite près de 805 millions de personnes souffrant de la faim dont une bonne partie en Afrique, la sécurité alimentaire est l'une des priorités du continent. Lors d'une session organisé dans le cadre Forum, vendredi dernier, des panelistes de Sri Lanka, de Madagascar, du Sénégal, de France, d'Inde et de Palestine, ont appelé à renforcer la coopération Sud-Sud, surtout dans les secteurs susceptibles de garantir la sécurité alimentaire. Il s'agit de mettre en place de nouvelles politiques destinées à moderniser et réussir la durabilité des plantations, des forêts et des pêcheries , comme moyens d'assurer la sécurité alimentaire et des sources de revenus décents. Les participants ont aussi plaidé pour des politiques agricoles qui permettraient aux pays du Sud de sortir de la pauvreté, à travers des projets structurants qui tiennent compte des préoccupations économiques, sociales et environnementales en vue de parvenir à un développement agricole durable. Changement climatique Les jeunes à la rescousse Organisateur de la COP22, le Maroc est concerné en premier lieu par la question du changement politique. Un panel y a été dédié avec la participation de Hakima El Haite. D'entrée de jeu, la ministre a précisé que «ce phénomène affecte les pays du Sud plus que les pays du Nord, qui sont des pollueurs et émettent des gaz à effet de serre (GES)». Lors des débats, l'accent a particulièrement été mis sur l'implication des jeunes pour relever les défis liés aux changements climatiques. Sur ce registre, Hassan Dhafer David, expert du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déploré le manque d'implication des jeunes dans les efforts de lutte contre les changements climatiques dans nombre de pays, notant que plusieurs gouvernements ne donnent pas l'opportunité aux jeunes de conduire des projets et des initiatives en ce sens. Au niveau des solutions, l'eurodéputé Gilles Pargneaux a proposé quelques solutions à même de permettre de relever le défi des changements climatiques. Donner aux pays les plus vulnérables les moyens pour se défendre contre ce phénomène; mettre en œuvre les engagements pris lors de la COP21; changer le paradigme économique en cours et promouvoir l'efficacité énergétique...sont ses recommandations. Jean-Paul Carteron Président fondateur du Forum de Crans Montana Le choix de Dakhla n'est pas un hasard. Avec toutes les turbulences que connait la région, le Maroc est parmi les rares pays qui maintiennent le cap dans le domaine de la sécurité et développement. Nous y revenons pour la deuxième fois consécutive parce que cette est une belle démonstration. Elle prouve que des contrées qui ne sont pas forcément hospitalières pour les activités économiques et industrielles peuvent le devenir avec la volonté, de vrais moyens et une vision. Abdelaziz Othman Touijri Secrétaire Général de l'Isesco Le thème de cette édition résume les problèmes auxquels font face les pays du sud aujourd'hui. La bonne gouvernance est la clé du développement. Toutes les expériences le prouvent. Le développement dont il est question ici est inclusif, prend en considération les aspects social et culturel, lutte contre les disparités et vise à améliorer les conditions de vie des populations. Khattat Yanja Président de la région de Dakhla-Oued Ed Dahab Le Maroc a fait de la régionalisation avancée un modèle de développement en y mettant les moyens : pas de 77 MMDH seront investit dans les provinces du Sud sous la pulsion du souverain. Ce plan ambitieux devra renforcer la place du Maroc dans la coopération Sud-Sud. Le hub maritime, aérien et terrestre en cours de réalisation, est destiné à faire de Dakhla une véritable plaque tournante des échanges internationaux. Jesse Jackson, Révérend Le pilier de la coopération Sud-Sud en vue de la réalisation du développement durable en Afrique, ne devrait pas être le commerce, qui stagne depuis 2011, mais la promotion d'une agriculture sûre qui favorise les récoltes sans pour autant avoir un impact environnemental. L'Amérique latine est un bon exemple dans ce domaine. Cette expérience est d'autant plus valable pour l'Afrique où l'agriculture est le secteur le plus vital, le premier pourvoyeur d'emploi et la clé pour faire sortir des millions d'habitants de la pauvreté.
