Le système de surveillance, de suivi et de gestion des odeurs est en panne depuis 2014. Le seuil de la pollution olfactive toléré est dépassé pour se situer à 10.000 Uo/m3. Les recherches scientifiques montrent que la plage d'Anza est un point noir où les rejets dépassent les limites autorisées. Insupportable ! À Anza, lorsque les habitants de cette localité située au nord d'Agadir ouvrent leurs fenêtres au réveil, ils n'ont souvent qu'une seule envie : fuir bien loin de ces odeurs nauséabondes émises par les unités industrielles implantées non loin de leur zone d'habitation. Une situation qui empoisonne les riverains mais aussi les automobilistes qui empruntent les routes menant vers le nord d'Agadir. Pourtant, cette pollution olfactive qui plombe le quotidien à Anza, depuis bien des années, a fait l'objet de plusieurs plaintes. Résultat : il ne fait toujours pas bon respirer à Anza en raison des fumées crachées, jour et nuit, par les cheminées des unités industrielles. «Rien n'a changé depuis la délocalisation de la cimenterie d'Anza. On s'est rendu compte que ce sont les unités implantées dans le quartier industriel qui empoisonnent davantage l'air, à tel point que des habitants ont délaissé leurs maisons», dénonce Hassan Darch, activiste associatif. Le constat est le même pour Abdessamad Ighris : «Les habitants souffrent en silence à cause de cette pollution avec des maladies respiratoires et de peau», affirme cet activiste. Il y a plus de deux années, les riverains ont accueilli avec satisfaction la décision de la wilaya d'implanter un système de surveillance, de suivi et de gestion continue pour quantifier les odeurs (www.leseco.ma). Cependant, ce réseau de nez électroniques, qui a coûté 3,5MDH, est en panne depuis fin 2014 faute de maintenance de la part des industriels. C'est durant une visite effectuée le jeudi 28 janvier 2016 qu'une commission mixte a constaté que les tuyaux permettant la quantification à la source des odeurs sont bloqués. Suite à cette visite, une note a été déposée au bureau du wali. En attendant le déblocage de cette situation, les résultats obtenus avant l'arrêt du système justifient les réclamations des habitants. Délocalisation Le seuil de la pollution olfactive toléré par la réglementation internationale, qui est d'1 Uo/m3 est dépassé pour se situer parfois à 10.000 Uo/m3 dans la zone touristique d'Agadir, mais aussi à Anza. Ce n'est pas tout : ce sont les mêmes industries identifiées par l'étude d'impact d'odeur réalisée en janvier 2010 par une société canadienne qui sont toujours responsables de cette pollution. L'audit a permis d'identifier 32 sources de désagrément olfactif appartenant à six unités à Anza, mais aussi d'autres sites générateurs de nuisances olfactives. Il s'agit de la société d'alimentation : Sous produits de mer, du Consortium industriel de pêche, de Belhassan complexe industriel et commercial en plus des Huileries du Souss. S'ajoute à cela, le port d'Agadir qui est aussi responsable des odeurs perçues en fonction des vents de la zone balnéaire. En dépit de ces problèmes, la délocalisation des unités annoncée depuis six ans au parc Haliopolis se fait toujours attendre. Pourtant, la valorisation au parc a été entamée. «En convenant qu'Haliopolis serait un lieu de transfert des unités, les responsables n'ont jamais officialisé cette délocalisation. Pis, l'attribution de terrains n'a jamais été tributaire de transferts d'activités. S'ajoute à cela le fait qu'aucun organisme ne s'est chargé de l'opération de délocalisation», explique une source proche du dossier. Cependant, avec l'annonce de la requalification de la zone industrielle d'Anza, la spéculation bat déjà son plein. Par ailleurs, c'est sur la plage que les effets de la pollution sont visibles. De fait, celle-ci est ravagée par les canalisations d'évacuation surveillées par des gardiens. Ces estuaires déversent les effluents à l'état brut en mer sans prétraitement. «Les charges ne subissent aucune réduction des matières organiques», explique un expert. C'est le constat auquel a abouti aussi la commission mixte, d'autant plus que les industriels n'ont pas réalisé de STEP. Aujourd'hui, la RAMSA lancera la STEP d'Anza avec un émissaire en mer. Une étude devrait être lancée pour évaluer l'impact dudit projet. Toutefois, la plage d'Anza continuera de subir, selon le laboratoire de recherche sur les écosystèmes aquatiques de la faculté des sciences d'Agadir, l'impact des rejets d'eaux usées des localités situées au nord de la ville, dont les eaux usées sont déversées dans la mer à l'état brut, ceci ne sera pas sans conséquences sur les eaux de baignade de Taghazout en raison des courants marins nord-sud.