Le roi Mohammed VI effectuera une visite de travail et d'amitié en France, au cours de laquelle il s'entretiendra avec le président français, François Hollande. Au cœur des enjeux pour les deux pays figurent la coopération bilatérale, la COP 22, la lutte contre le terrorisme et la situation sécuritaire en Afrique du Nord et dans la bande sahélo-saharienne. La nouvelle lune de miel entre le Maroc et la France se prolonge de la plus belle manière qui soit. Moins de trois mois après leur dernière rencontre, Mohammed VI et François Hollande vont se réunir à nouveau, demain mercredi à 15h au Palais de l'Elysée, à l'occasion d'une visite de travail et d'amitié qu'effectue le souverain en France. Selon le ministère de la Maison royale, du protocole et de la chancellerie, en plus des entretiens avec François Hollande, le roi se rendra à l'Institut du Monde arabe où lui sera présenté le projet de Centre culturel du Maroc, qui sera prochainement édifié à Paris. Durant son séjour en France, Mohammed VI visitera également un consulat du royaume afin de s'enquérir de la mise en œuvre, sur le terrain, des instructions royales déclinées lors du discours du Trône, portant sur l'amélioration des prestations consulaires destinées aux Marocains résidant à l'étranger (cf:www.leseco.ma). Selon la même source, cette visite, qui s'inscrit dans le cadre des contacts permanents de haut niveau et des échanges réguliers de visites entre les deux chefs d'Etat, «illustre l'excellence des relations bilatérales, basée sur un partenariat durable et confortée par une volonté commune de tisser des liens renforcés et multidimensionnels entre les deux pays». En amont de la rencontre qui a été annoncée, ce week-end, par la présidence française, et qui est déjà largement commentée par la presse figurent plusieurs sujets d'intérêts communs entre les deux pays. Il faut dire que depuis la reprise de la coopération entre les deux pays l'année dernière, après quelques mois de brouille diplomatique, le Maroc et la France ne cessent de multiplier les initiatives pour renforcer la dynamique de la coopération à toutes les échelles, dans le sillage du «partenariat d'exception» que les deux pays ont voulu imprimer à leurs relations. Les enjeux communs de cette idylle ne sont désormais qu'un secret de polichinelle, au vu des défis actuels qu'engendrent l'évolution des échanges entre les deux pays ainsi que les mutations tous azimuts qui caractérisent le contexte géopolitique tant régional qu'international. Il s'agit notamment de la multiplication des attentats terroristes et des menaces de dégradation de la situation sécuritaire au Sahel et en Afrique du Nord, avec la situation qui prévaut en Libye. L'entretien entre les deux chefs d'Etat, le premier de cette année, intervient également au moment où le Maroc est entré dans la phase active de préparation de la COP 22, laquelle fait suite à celle organisée en novembre dernier à Paris et qui vise à maintenir la dynamique des engagements pris par la communauté internationale en faveur du climat. Plus que jamais, la coopération entre les deux pays est appelée à connaître un nouveau souffle qui se greffera à l'excellence des relations franco-marocaines et qui constitue une alternative crédible pour la prise en charge des défis communs de l'heure. Décryptage. Coopération bilatérale : L'axe Rabat-Paris se porte à merveille Inutile de le rappeler : l'idylle entre Rabat et Paris a retrouvé toutes ses couleurs après la parenthèse qu'a constituée la brouille diplomatique de 2014. Les deux pays n'ont cessé de multiplier les initiatives ces derniers mois, comme en attestent les rencontres au plus haut niveau entre les chefs d'Etat des deux pays, mais aussi les visites réciproques des membres du gouvernement. Le président français était d'ailleurs à Tanger il y a quelques mois, pour la deuxième visite de son mandat, et le souverain s'est également rendu en France à trois reprises en moins de quatre mois. L'occasion à chaque fois de réaffirmer la volonté commune pour le Maroc et la France de s'investir davantage, de sorte à renforcer leur «partenariat d'exception». Les échanges commerciaux ont maintenu leur dynamique et, en dépit de la crise européenne, la coopération économique a été renforcée. Le Maroc et la France ont également mis à profit cette embellie pour dynamiser leur coopération, notamment en matière sécuritaire. Pour preuve, lors des malheureux événements qui ont endeuillé la capitale française en novembre dernier, François Hollande, qui a reçu quelques jours plus tard le roi du Maroc, a tenu à remercier le royaume pour «l'assistance efficace» que le pays a apportée dans le cadre de la réponse française aux lendemains des attentats terroristes. Au moment où le partenariat entre les deux pays a repris de plus belle, la France aura, de son côté, un rôle à jouer dans le cadre de la résolution de la crise Maroc-UE, née de la décision de la Cour de justice de l'organisation communautaire relative à l'accord agricole. Le sommet de l'UE, qui se tiendra vendredi prochain à Bruxelles, constitue une parfaite occasion pour ce faire, surtout qu'en France, des voix qui portent n'ont cessé, depuis, de plaider en faveur d'une résolution rapide de cette crise afin de parvenir à la conclusion d'un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre les deux pays. Un autre sujet qui fait consensus est celui du dossier du Sahara, concernant lequel la position de la France est des plus claires, confortant le Maroc dans sa dynamique de résolution de cette crise artificielle conformément à l'initiative d'autonomie. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est d'ailleurs annoncé dans la région, les prochains mois, en vue de mieux s'imprégner de la nouvelle donne. COP22 : De Paris à Marrakech Après Paris fin 2015, c'est Marrakech qui accueillera, du 7 au 18 novembre, le prochain rendez-vous mondial pour le climat. Le Maroc a activement participé à l'édition française et, afin de maintenir la dynamique, les deux pays ont convenu de renforcer leur coopération en la matière de sorte à garantir la réussite de l'événement. C'est dans ce cadre qu'est intervenu l'Appel de Tanger, qui constitue une véritable feuille de route pour le Maroc et la France, en vue de faire converger leurs efforts pour que les engagements pris par les Etats à la suite des deux événements se concrétisent. La France ne s'est pas fait prier pour s'engager à accompagner le Maroc dans l'organisation de cet événement, mais aussi la traduction de ces ambitieux engagements, et le souverain a donné ses instructions pour une parfaite collaboration entre les deux pays. Lors de l'un de leurs derniers entretiens, Mohammed VI et François Hollande ont tenu à «réaffirmer leur pleine mobilisation pour la préservation de la planète et la réussite de la COP21 à Paris et de la COP22 au Maroc en 2016». Au-delà de ces enjeux mondiaux communs aux deux pays, le Maroc et la France collaborent également en matière de promotion d'une économie verte, notamment dans le cadre de la politique énergétique du Maroc, entièrement tournée vers les énergies renouvelables (éolien et solaire). Il s'agit d'un créneau aux multiples potentialités qui attise la convoitise des entreprises françaises, ainsi qu'en atteste, du reste, la présence remarquée des officiels et des investisseurs à la récente mise en service de la première phase de la centrale Noor. Terrorisme et sécurité : Dossier crucial S'il y a un domaine où les relations entre le Maroc et la France ont connu un véritable coup d'accélérateur ces derniers temps, c'est celui sécuritaire. La preuve a été magistralement apportée au lendemain des attentats de novembre dernier de Paris, où le Maroc a considérablement aidé la France à faire face à la situation et à neutraliser les auteurs de l'attaque. Le souverain avait été, à cette occasion, reçu à l'Elysée alors qu'il était en visite privée; à la suite de l'entretien, les deux chefs d'Etat ont exprimé «la détermination partagée de la France et du Maroc à mener ensemble le combat contre le terrorisme et la radicalisation, et à œuvrer à la résolution des crises régionales et internationales». En matière de sécurité, le royaume est devenu un partenaire de premier plan pour la France et les pays d'Europe, notamment de l'Ouest, confrontés aux menaces récurrentes d'attentats ces derniers temps. La coopération à ce sujet s'étend à la lutte contre la montée de l'extrémisme religieux avec la prise en charge par le Maroc de la formation des imams de certains pays comme la France, qui comptent s'inspirer de l'expérience marocaine en la matière. En plus de cette coopération bilatérale, les deux pays sont également engagés ensemble sur le dossier de la résolution de plusieurs autres crises, notamment au Moyen-Orient, mais aussi et surtout dans la région en Afrique (voir encadré), particulièrement en Afrique du Nord. Avec la perspective d'une intervention militaire internationale sous l'égide de l'ONU en Libye pour sortir le pays de l'impasse sécuritaire dans laquelle il est plongé, et qui s'est amplifié avec l'émergence de multiples groupes terroristes, nul doute que le Maroc sera amplement sollicité. Il faut dire que le royaume a été au premier plan du processus de négociations politiques destinées à mettre fin à l'instabilité à laquelle est confronté le pays depuis quelques années. C'est à Skhirat que se sont déroulées les cycles de consultation et de concertation avec les différents acteurs de la crise libyenne en vue de parvenir à l'installation d'un gouvernement consensuel à Tripoli, préalable à tout retour de la stabilité dans le pays. Il est indéniable que la situation en Libye a des répercussions sur tous les pays voisins, notamment ceux de la bande sahélo-saharienne qui ont, à maintes reprises, sollicité le Maroc afin de faire face à la situation. Le royaume dispose, en effet, en la matière, d'une expérience reconnue au niveau international lui permettant encore de faire face à ces bouleversements qui contrarient tout effort de développement dans la région. Afrique et migrations, les autres sujets prioritaires C'est un fait: l'Afrique et les questions migratoires sont également des sujets d'intérêt commun pour le Maroc et la France. Dans le sillage de la politique marocaine en Afrique, la France a déjà fait part de sa volonté de se greffer à la dynamique, dont les résultats pour les deux parties sont assez édifiants. En plus de la coopération tripartite, les deux pays sont également engagés sur plusieurs fronts, dont la résolution est désormais une urgence. C'est le cas du développement mais aussi des tensions sécuritaires avec la situation que vivent plusieurs pays, de la bande sahélo-saharienne surtout, comme le Mali, le Burkina, le Sénégal ou le Niger et la Côte d'Ivoire. Ces pays font face à la menace de plusieurs groupes terroristes qui ont multiplié les attentats, ces derniers mois, comme c'était le cas à Bamako et à Ouagadougou en fin d'année. Des pays où la France est engagée et qui constituent des partenaires du Maroc, ce dernier ayant continué à jouer un rôle important pour le retour de la stabilité dans ces pays et, au-delà, à l'image de la Centrafrique. Les deux pays ne sont, certes, pas engagés de la même manière, et c'est là toute l'importance de la contribution du Maroc qui mise sur un partenariat gagnant-gagnant, lequel porte ses fruits comme en Côte d'Ivoire où, à la faveur du retour de la paix, le royaume s'est hissé, en 2015, au rang de premier partenaire commercial. Une «Maison de la culture du Maroc» à Paris Au cours de sa visite en France, le souverain procédera également à Paris au lancement des travaux de construction de la «Maison de la culture du Maroc». La cérémonie est prévue se tenir le lundi 22 février à l'Institut du monde arabe (IMA) en présence du chef d'Etat français, François Hollande. Plusieurs autres personnalités françaises et marocaines sont également attendues à l'évènement parmi lesquels Jack Lang (directeur de l'IMA), les ministres marocains de la culture, Amine Sbihi, celui des MRE, Anis Birou ainsi que la nouvelle ministre française de la Communication et de la culture, Audrey Azoulay. Des personnalités du monde culturel et académique des deux pays seront aussi présentes pour donner un cachet particulier à la cérémonie. L'ouverture de l'institution entre dans le cadre des actions du Maroc à l'endroit des MRE, mais également de promouvoir la culture marocaine au niveau de l'Hexagone, un pays où réside l'une des plus importantes communautés marocaines à l'étranger.