Le festival de jazz de Casablanca gagne, au fil des éditions, ses galons. S'il a débuté comme un festival élitiste, il s'ouvre désormais au grand public. Une condition pour pérenniser cet évènement dont le budget s'élève à près de 9 millions de DH. Le Jazzablanca, né en 2006, revient cette année avec un nouveau modèle économique. Moulay Alaoui, président du festival veut réellement le rentabiliser : «en 2015, on était déjà à l'équilibre». L'édition de 2016 se veut meilleure que celle de l'année dernière en termes de programmation ou de retombées financières. Pour ce faire, le président du Jazzablanca trouve déjà les recettes qu'il veut investir dans les prochaines éditions. «Nous essayons d'organiser des concerts hors festival dans la période culturelle creuse de la ville c'est-à-dire entre octobre et février. Par exemple, le musicien Ibrahim Maalouf se produira au Mégarama le 17 février. Le concert se joue à guichets fermés. Il est donc rentable. L'objectif est d'organiser entre 4 et 5 concerts par an afin d'améliorer notre trésorerie et du coup développer le festival», explique Moulay Alaoui. Pour cela, les promoteurs du festival, organisé du 16 au 23 avril, voient grand. 50% du budget apporté par 2 sponsors D'abord, il se tiendra sur 9 jours au lieu de 6. Ensuite, les promoteurs ne se cantonnent pas aux concerts de la scène de l'hippodrome d'Anfa et de celle de la BMCI à la place des Nations-Unies mais aussi aux spectacles de rue. Au total, la ville accueillera plus de 60 concerts. La grande nouveauté, aussi, sera les scènes live des artistes marocains tenus de 23h00 à 1h00 à l'hippodrome d'Anfa. Ce sera une manière de répondre à tous les goûts musicaux des Casablancais mais aussi d'offrir à un large public des concerts de qualité à prix réduits. «En effet, pour les concerts live des scènes marocaines, les places sont commercialisés à 50 et 100 DH. Ce qui est un prix raisonnable. Les tickets des concerts des scènes Anfa sont vendus entre 250 et 350 DH. Vous savez, un artiste coûte cher. Entre son cachet, son transport, sa chambre d'hôtel, ses exigences backline (instruments et lumière) et 10% de retenue à la source et la TVA, un artiste coûte entre 400.000 et 800.000 DH», explique Moulay Alaoui. Il faut savoir que cette année, 6 artistes seront prévus à la scène Anfa, 6 en live et enfin 6 à la place des Nations-Unies sans compter une dizaine de personnes qui accompagne chaque artiste. Du coup, les dépenses se chiffrent en millions. Les organisateurs du festival doivent trouver les fonds. À cet effet, les deux sponsors principaux en l'occurrence la fondation BMCI et la ville de Casablanca apportent 50% du budget du Jazzablanca. Le reste est partagé entre la vente de tickets. Ceux du grand public apportent 15% du budget. La vente de tickets soirée et packages ainsi que ceux des entreprises complètent le budget avec 35%. En gros, le budget total du Jazzablanca est estimé entre 8 et 9 MDH. Pour cette année, Casa Animation est co-organisateur du Jazzablanca. La SDL (société de développement local) qui organisera en octobre le festival de Casablanca apportera son soutien «culturel et organisationnel» au Jazzablanca. Moulay Alaoui espère bien bénéficier des «bonnes énergies» de la SDL gérée par Mohamed Jouahri pour contribuer à ressusciter la vie culturelle de Casablanca longtemps restée en sommeil. Moulay Alami Président du festival Jazzablanca Les ECO : Comment se porte le festival aujourd'hui ? Moulay Alami : Nous avons commencé à organiser des concerts tout au long de la période creuse à Casablanca en l'occurrence d'octobre à février. L'idée est de participer de la même manière que Casa Animation à la vie culturelle de Casablanca et ainsi développer une structure efficace et efficiente. Ainsi, ces concerts permettront, certes, de gagner de l'argent qui sera investi dans le recrutement de nouvelles équipes qui elles contribueront au final à développer aussi le Jazzablanca. Qui sponsorise le Jazzablanca ? Nous sommes en négociation avec plusieurs sponsors. Mais ce que je peux vous dire c'est que la fondation BMCI et la ville de Casablanca sont nos principaux sponsors. La Sorec, 2M et Sofitel nous accompagnent. Inwi a pour sa part préféré accompagner les évènements grand public. Et les négociations sont toujours en cours avec RAM. Hormis la fondation BMCI et la ville de Casablanca qui apportent un apport financier, les autres sponsors nous soutiennent avec un échange de services. Ils bénéficient de la visibilité et les retombées presse qu'on leur apporte. Jazzablanca en profite en termes de transport, nuits d'hôtels, location de l'hippodrome d'Anfa à prix symbolique... En tant qu'organisateur d'évènements culturels, comment voyez-vous votre avenir ? Nous voulons monter de nouveaux évènements et avoir de nouvelles perspectives. On est sollicités pour organiser des évènements orientés entreprises et d'autres plus culturels.