La prise d'otages sanglante du vendredi 20 novembre à l'hôtel Radisson Blu de Bamako vient porter un sérieux coup dur à la reprise espérée de l'économie malienne. Au-delà de ce pays de l'Afrique de l'Ouest, cet attentat risque fort d'avoir des conséquences désastreuses sur la confiance des investisseurs à se lancer sur le continent. Etat des lieux des principaux foyers de tensions et de pays à risques en Afrique. Mali Après une grave crise politique et sécuritaire, marquée par un coup d'Etat en mars 2012 et la prise de contrôle de la moitié nord du pays par les rebelles touareg et les groupes djihadistes, la situation s'était nettement améliorée à la suite de l'intervention militaire française lancée en janvier 2013. La signature de l'accord de paix d'Alger en mai dernier n'a cependant pas permis de pacifier le nord du pays. Pire, les groupes armés mènent des actions sporadiques (attentats, prise d'otages) jusque dans la capitale malienne, Bamako, comme ce fut le cas la semaine dernière au Radisson Blu Hotel, avec la mort d'une vingtaine personnes. Niger Au Niger, le risque d'instabilité provient surtout de la détérioration de la situation sécuritaire régionale, le pays demeurant confronté à la menace de groupes armés actifs dans le Sahara et la région du Sahel. Il s'agit notamment d'Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Al Mourabitoune et Boko Haram. Par ailleurs, le Niger continue à souffrir d'importantes lacunes en matière de gouvernance. Sur le plan politique, le président Mahamadou Issoufou, élu en mars 2011, gouverne avec une majorité resserrée, depuis le ralliement à l'opposition, en août 2013, d'une des principales composantes de la coalition au pouvoir. Nigéria Chez la première puissance économique de l'Afrique, la situation sécuritaire demeure très instable dans le nord du pays, en proie aux attaques du mouvement Boko Haram. Depuis son accession au pouvoir vers début juin dernier, le président Buhari tente de lutter contre ce groupe, mais des résultats tangibles tardent à apparaitre. En outre, au Nigéria, la situation sociale est fragilisée par le ralentissement économique, la hausse du chômage et l'inflation. Des grèves des fournisseurs de carburants ont paralysé le pays en mai 2015. En l'absence d'amélioration de la situation économique, les tensions sociales pourraient s'accentuer. Centrafrique Au pouvoir depuis janvier 2014, la présidente Samba-Panza doit faire face à une situation politique instable. En remplaçant le chef de la Séléka (une coalition de forces rebelles à dominante musulmane, ayant pris le pouvoir en mai 2013), l'ancienne maire de Bangui fait toujours face au défi du cycle de violence qui oppose les musulmans et les chrétiens (regroupés sous l'étiquette des anti-balaka). En effet, malgré un cessez-le-feu signé en juillet entre chrétiens et musulmans, les combats n'ont jamais cessés. Les deux courants ne sont pas unifiés et comportent chacun des factions radicales indépendantes, susceptibles d'entretenir la polarisation croissante du pays. Libye Après la chute, fin août 2011, du régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, le Conseil national de transition (CNT) a élaboré une constitution provisoire. Un gouvernement intégrant toutes les composantes de la société libyenne a été formé en novembre 2012. Contesté, cet indépendant appuyé par les partis libéraux a été démis de ses fonctions par le Congrès en mars 2014 et des élections ont été organisées le 25 juin 2014. Entre-temps, des régions du pays sont tombées entre les mains de la branche locale de l'Organisation Etat islamique. La Libye parait aujourd'hui difficilement gouvernable. Tchad Le Tchad est entouré de pays en difficultés. Le conflit en Centrafrique a déjà entrainé le déplacement de plus de 80 000 réfugiés sur le territoire tchadien. Au Nigéria, la répression militaire contre Boko Haram a déjà entrainé l'arrivée de combattants au Tchad. Les guerres civiles en Libye, et entre Nord et Sud Soudan, pourraient également avoir des conséquences sur la sécurité de ce pays habitué aux guerres civiles. Dans cet environnement régional tendu, la stabilité du Tchad en fait un acteur incontournable, notamment pour l'occident et plus particulièrement la France. Le pays participe ainsi en première ligne à la sécurisation du nord-Mali au sein de la Minusma, où les Tchadiens constituent les éléments les mieux entrainés. Nord Cameroun Le Cameroun doit lui aussi faire face à une forte insécurité au plan régional, du fait de la guerre ouverte qui l'oppose à Boko Haram et d'incursions liées à l'instabilité en Centrafrique. Le Nord du pays est souvent le théâtre d'attentats revendiqués par Boko Haram. Par ailleurs, le principal risque d'instabilité porte toujours sur la succession du président Paul Biya, élu en octobre 2011 pour sept ans et aujourd'hui âgé de 81 ans. Son départ ou sa disparition pourrait déclencher une lutte interne pour le pouvoir et remettre en cause le fragile équilibre existant entre les ethnies, et ce d'autant plus que la montée de l'insécurité fait ressurgir les tensions entre le nord et le sud du pays. Soudan Les relations du Soudan (musulman) avec le Soudan du Sud (majoritairement chrétien et animiste) demeurent tendues. En effet, un basculement de la zone frontalière dans la violence n'est pas à exclure. Toutefois, l'enjeu économique commun lié à la production et à l'acheminement du pétrole conduit les pays à coopérer. Au Soudan par exemple, l'environnement des affaires est particulièrement dégradé comme le souligne les évaluations de la Banque mondiale. En effet, le pays est classé 197e/215 en termes de qualité de la réglementation et 207e en matière de corruption.