Le cactus, une plante que l'on trouve un peu partout au Maroc, vient de recevoir récemment ses lettres de noblesse. Pour ses vertus médicinales, et plus particulièrement celles de l'huile de ses fruits, dits aussi figues de barbarie, plusieurs chercheurs et opérateurs industriels de cosmétique et pharmaceutique s'intéressent de plus près à cette plante. Mieux encore, le Programme de développement des Nations unies (PNUD) a débloqué 1,7 million de dollars pour soutenir un programme de développement de la culture du cactus. En effet, cette huile qui dispose de pouvoirs antivieillissement et antioxydants dépassant même ceux de l'huile d'argan, se vend à 1.000 dollars le litre. Une mine d'or pour développer l'agriculture dans les zones arides qui représentent près de 80% des espaces agricoles du Maroc mais aussi pour la création d'emploi. Selon Abderrahman Aithamou, président de l'Association nationale de développement du cactus (ANADEC), «le potentiel du développement de l'huile de figue de barbarie est énorme du moment où le processus de production est relativement simple. Il suffit d'une machine pour presser les graines. La matière première quant à elle est très disponible». À juste titre, la superficie nationale emblavée en figuier de barbarie est de l'ordre de 120.000 ha et le tonnage des graines qui pourra être traité serait de 400.000 tonnes, procurant ainsi un volume potentiel estimé à 8.000 litres de cette précieuse huile. Par ailleurs, la production d'un litre d'huile nécessite 8 tonnes de figues de barbarie, ce qui explique son prix aussi élevé et qui se chiffre à 10.000 DH l'unité. Selon Akka Oulahboub, président de l'Association marocaine de développement du cactus (AMADEC), «l'application d'un tarif aussi élevé constitue un handicap pour son écoulement. La demande monnaye le litre entre 5.000 et 6.000 DH, ce qui n'est pas du goût des producteurs qui sont pour la majorité des coopératives». Ceci dit, «plusieurs unités ont dû plier bagage à cause justement des difficultés posées par la commercialisation», ajoute Aithamou qui précise que le problème de commercialisation représente la contrainte majeure limitant le développement de cette filière. «La demande du marché national est très réduite car le prix proposé aux consommateurs est jugé un peu élevé. Les quantités exportées sont également trop faibles par rapport à la production car, d'une part, les besoins du marché extérieur et particulièrement européen, sont actuellement limités et, d'autre part, il y a la concurrence des autres pays, dont notamment la Tunisie où cette filière est à un stade de développement avancé». Les recherches sur cette plante sont encore à leur stade embryonnaire. Si l'INRA a mis au point les premiers processus d'extraction de cette huile, il faut que la recherche continue pour mieux élucider les caractéristiques de ce produit. De même, l'activité a besoin de l'innovation et de la création de nouveaux produits intégrant cette huile. Enfin, un effort en matière de marketing permettra d'accroître les ventes, mais pour assurer la pérennité des exploitants, il y a lieu de souligner «que la quantité de l'huile extraite ne représente en moyenne que 0,2% du poids des figues, le «reste» étant constitué d'écorce, du jus et de pulpe. Il faut valoriser ces résiduts afin d'augmenter la marge bénéficiaire des huileries», précise Aithamou. Le ministère de l'Agriculture conscient de l'enjeu de cette nouvelle filière a entamé un processus d'agrégation. Un premier contrat a été signé avec Sahara Cactus au sud à Sidi Ifni. D'autres investisseurs se préparent à bénéficier de ces contrats, notamment au niveau des Rhamna, une autre région connue par ses vastes vergers de cactus. «La figue de barbarie est un fruit précieux, mais il est très fragile, l'agrégation sera donc d'une grande utilité car elle permettra d'améliorer les techniques de récolte, le conditionnement, le stockage et la distribution», estime Aithamou.