S'il y a une plante emblématique des zones arides, c'est bien le figuier de barbarie. Longtemps cantonné au rôle de clôture de fortune, tout en faisant le bonheur des marchands saisonniers de figues, cette plante attire récemment l'attention sur le potentiel socio-économique de son exploitation. Ainsi, la figue mais aussi les graines, la fleur et les racines peuvent être valorisées pour générer des revenus alternatifs aux populations rurales. Sur le plan national, le figuier de barbarie occupe une surface estimée à 120.000 ha, avec un rendement moyen de 10 tonnes de figues par hectare. Un potentiel important donc, mais qui n'est pas totalement exploité, «plus de 40% de la production n'est pas commercialisée, principalement en raison de moyens de collectes artisanaux», précise Abderrahman Aït Hamou, président de l'Association nationale pour le développement du cactus (ANADEC). Un simple petit calcul permet de déceler le manque à gagner quand on sait que le prix moyen d'une caisse de 20 kg de figues est de 20 DH et que la production nationale de figuiers de barbarie tourne autour de 1.200.000 tonnes par an. Ainsi, pas moins de 48 millions de DH sont perdus chaque année sur une valeur globale de 120 millions de DH, un manque à gagner conséquent qui profiterait à un grand nombre d'habitants de zones rurales défavorisées. Des difficultés structurelles D'après les professionnels, «l'industrie» des produits dérivés du cactus souffre encore d'une approche artisanale qui freine le développement de cette filière. «La multitude de coopératives créées ont en commun un défaut d'organisation, aggravé par la difficulté d'accéder aux vergers et l'absence d'outils de cueillette adéquats», relève Aït Hamou. Malgré ces difficultés, des tentatives de diversification du produit ont abouti à l'exploitation de la «plante miracle» sous différentes formes : confiture, fleurs séchés, huile pouvant être exploitée aussi bien dans la diététique que dans la cosmétique. De multiples utilisations génératrices de revenus, à condition toutefois de décrocher des marchés pour écouler ces produits, ce qui constitue le principal défi des coopératives féminines, défi qu'elles peinent à relever. Bonne nouvelle cependant, le plan Maroc Vert prévoit l'intégration et la modernisation de la filière «cactus», mais l'Etat n'est pas le seul candidat en lice. L'attrait de la plante miracle aurait également séduit des investisseurs privés, à l'image d'une usine de traitement du cactus à Benguérir qui a mobilisé un investissement de l'ordre de 60 millions de DH.