Pour Mohamed Boujnah, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Rabat, le cactus est une plante qui a de l'avenir dans l'agro-industrie. Des projets prometteurs sont actuellement dans le pipe. ALM : Les vertus du cactus marocain ont été démontrées par des chercheurs américains. L'INRA a-t-elle de sa part effectué des recherches dans ce sens? Mohamed Boujnah : En fait, le cactus est une plante miracle. Généralement sa plantation n'a besoin d'aucune technique culturale ou d'entretien. Le cactus n'a même pas besoin d'eau. En effet, mes travaux de recherche à l'INRA portent sur la valorisation agro-industrielle du cactus qui comprend trois parties, le fruit appelé également figue de Barbarie, les raquettes et les fleurs. Au Maroc, le nombre d'espèces de cette plante s'élève à quarante. Dans le sud du pays, et plus exactement à Sidi Ifni, les superficies occupées par le cactus se situent entre 30.000 et 40.000 ha. Vous parlez de la valorisation agro-industrielle du cactus. De quoi s'agit-il au juste ? Savez-vous que l'on peut extraire de l'huile et faire des confitures à partir de cette plante ? En effet, les technologies mises au point à l'INRA, pour la fabrication de la confiture à partir des figues de Barbarie et des filets en conserve à partir des raquettes, sont actuellement exploitées par une coopérative féminine «Aknari» au niveau de la région des Ait Baâmrane dans la province de Tiznit. Ainsi, le cactus permet de créer des emplois dans les zones rurales. Les produits de cette coopérative intéressent surtout les touristes. L'huile de cactus reste l'un des produits les plus demandés sur le marché de la cosmétique. Et ce sont les Suisses qui en raffolent le plus pour son action anti-vieillissement. Comment comptez-vous développer ce créneau-là ? Pour l'huile du cactus, nous sommes en train de travailler sur les modalités de son exploitation industrielle. L'homme d'affaires du Sahara marocain Hassan Derham compte investir ce domaine pour commercialiser cette huile dont le prix du litre oscille entre 4.000 et 10.000 DH. Cette huile est extraite à partir des graines des figues de Barbarie. Généralement, les graines sont obtenues après la préparation des confitures. Actuellement, nous sommes en contact avec un fournisseur allemand pour l'achat du matériel nécessaire pour l'extraction de l'huile. Cet appareil permet d'obtenir pour chaque kilo de graines une quantité de 80 g d'huile. Les graines de figue de Barbarie contiennent de 6 à 10% d'huile composée de 82 à 92% d'acide oléique et linoléique, 9 à 16% d'acide palmitique et 1 à 2% d'acide stéarique. En plus de l'huile et de la confiture, quels sont les autres produits que l'on pourra obtenir à travers la valorisation agro-industrielle de cette plante ? Effectivement, les différents constituants du cactus (raquettes, fleurs et fruits) possèdent des propriétés diététiques. La consommation des jeunes raquettes, agissant sur le taux du glucose, est recommandée pour les diabétiques. Elle est également conseillée pour les malades souffrant d'hypercholestérolémie. C'est ainsi que nous avons procédé à la mise au point de nouveaux produits à base du cactus. En plus de la confiture et des conserves de raquettes, il y a également une farine riche en fibres alimentaires, un jus, un nectar, des fruits confis et même une soupe des raquettes.