L'affaire eFloussy est loin de connaître son dénouement. Après que les actionnaires de référence de Quick Money, que sont Karim Boukaâ et Karim Rahal, s'en sont remis à la justice pour résoudre leur différend (voir www.lesechos.ma), les agents de l'enseigne continuent leur combat pour «que justice leur soit rendue». En effet, si le bras de fer entre Boukaâ et Rahal a cessé de faire la Une des médias, la grogne des agents eFloussy, s'estimant lésés par «les fausses promesses qui ont été faites au début de l'aventure», est de son côté montée d'un cran depuis quelques semaines. Principales cibles : le ministère de l'Emploi et l'ANAPEC, jugés comme étant des parties consentantes à la réalisation du contrat avec Quick Money et donc garants du projet eFloussy. Sit-in, marches et grèves de la faim devant le siège du ministère de l'Emploi... tous les moyens sont bons pour faire entendre sa voix. Et cela a, semble-t-il, marché dans le cas de eFloussy. Le gouverneur de la ville de Rabat, souhaitant mettre fin à trois jours de siège devant le ministère de l'Emploi, a en effet pris l'affaire en main et est aujourd'hui considéré comme le principal coordinateur entre les agents eFloussy et les autres parties. Des rencontres ont ainsi pu avoir lieu entre les différentes parties concernées grâce à la médiation du gouverneur. La dernière en date de ces rencontres remonte à jeudi dernier. Ceci étant, si les agents eFloussy ont gagné des points en forçant le ministre de l'Emploi et les autres entités à se mettre autour de la table, il s'agit maintenant de les convaincre de leurs revendications, chose qui s'annonce bien plus compliquée. D'abord, selon des sources ministérielles, la tutelle estime ce conflit comme un litige commercial entre Quick Money et les agents de eFloussy. Ensuite, la nature même des revendications rend difficile leur concrétisation. Les agents demandent la récupération des montants qui restent en crédit chez l'entreprise. Il est également question de l'annulation des prêts consentis pour le règlement de l'investissement dans les locaux ainsi que l'insertion des diplômés parmi les agents dans la liste des diplômés chômeurs que l'Etat s'apprête à intégrer dans la fonction publique dès 2012. Répondre à ces doléances demande en effet un courage politique difficile à mobiliser durant les dernières semaines du mandat du ministre actuel. Cette difficulté, l'association des agents eFloussy semble en avoir conscience mais sans pour autant songer à réduire la pression sur la tutelle, surtout qu'elle s'estime victime d'une escroquerie. En effet, selon elle, l'entreprise Quick Money a exigé des concessionnaires qu'elle se charge elle-même de l'aménagement des locaux des futures agences, ce qui a conduit la plupart de ces entrepreneurs à contracter des crédits dépassant parfois les 180.000 DH. Au final, Quick Money a facturé ces travaux à 140.000 DH alors que leur valeur réelle ne dépasserait pas les 20.000 DH. C'est ce que revendique l'association. Où réside donc le rôle du ministère de l'Emploi et de l'ANAPEC dans ce cas de figure ? Il faut dire que la responsabilité des deux organismes réside dans le montage initial du projet eFloussy. À l'époque, des porteurs de projets, inscrits à l'Anapec et initialement à la recherche d'un emploi, sont sélectionnés par Quick Money et le guichet Moukawalati en vertu de la convention signée en grande pompe avec l'ANAPEC en juillet 2008. Le groupe intervient au cours de ce processus pour accorder le financement nécessaire et les candidats sélectionnés deviennent ainsi patrons de leurs propres PME, en l'occurrence des agences eFloussy. C'est du moins le projet initial qui n'a finalement jamais eu lieu. C'est ce qui a poussé les agents eFloussy à réclamer l'intervention du ministre de l'Emploi, autorité de tutelle de l'ANAPEC.