«Be winner», tel est le titre qui représentera le Maroc lors des Online African Music Awards (OAMA) qui auront lieu le 24 septembre prochain à New York, aux Etats-Unis. Sorti en 2010, ce single de Fnaïre, marqué par la participation de la grande Samira Saïd, a été retenu dans la catégorie «Meilleure chanson d'Afrique du Nord». Six autres chansons sont nominées dans la même catégorie dont quelques unes sont aussi marocaines. Il s'agit de «Nzour Nabra» de Jalal El Hamdaoui, «Jokko» d'Ahmed Soultan, «Whowa» de Oum, «Ya ana ya Mefish» de l'Egyptien Tamer Hosny, «Sahbi» de Cheb Bilal et de la dernière version de «Laâyoune Ayniya» reprise par Douzi. Pour Fnaïre, cette nomination est une véritable reconnaissance. «C'est d'abord un honneur pour nous d'être sélectionnés dans une compétition pareille. Il s'agit ensuite d'une belle promotion pour notre groupe à l'étranger», , nous confient Khalifa, Achraf, DJ Van et Mouhssine. Selon eux, la participation à cet événement est importante dans la mesure où l'OAMA est avant tout un sommet stratégique qui permettra la prise de contact avec des artistes internationaux. Nous l'avons bien compris, Fnaïre vise l'international. Après des featuring réussis avec Bilal et Samira Saïd, les membres du groupe marrakchi comptent exporter leur musique ou plutôt leur rap traditionnel à l'étranger. «Un featuring avec Tamer Hosny contribuera certainement à nous promouvoir au Moyen-Orient. Un autre avec Usher par exemple va nous garantir une notoriété internationale et fera découvrir la musique marocaine au monde entier», nous expliquent-ils. Un groupe soudé Même raisonnement, même démarche et mêmes objectifs. Khalifa, Achraf, DJ Van et Mouhssine parlent le même langage. Droits dans leurs bottes, ils sont décidés, depuis des années, à enrichir la scène musicale nationale. Leur premier album «Laftouhe», produit en 2004, leur a permis d'acquérir un large public. Dès leur première scène, ces jeunes marrakchis bercés depuis toujours dans le monde du rap ont présenté une musique et un style différents. La recette est simple: un mixage élégant et réussi du chaâbi marocain avec le rap contemporain, le tout accompagné de textes réalistes et pleins d'humour qui reflètent l'identité marocaine. «Yed Lhana», «Khalti Menana», «Matkich Bladi» ou encore «Hamra w Khadra» sont des singles qui ont eu un grand succès auprès du public. Inspirées du vécu marocain, les paroles de ces tubes montrent l'intérêt qu'accordent ces jeunes aux questions relatives à leur pays. Inexistant sur la scène nationale, le rap traditionnel prend donc ses quartiers au Maroc grâce à Fnaïre qui a su convaincre le public par son talent. Bien conseillés et surtout entourés (leur mentor Abderrahmane Damoussi a contribué largement au succès du groupe), ces jeunes musiciens puisent leur force dans leur capacité à «injecter la verve des Marrakchis» dans leur rap. Vous avez parlé d'exigence ? Malgré cette success story (assombrie par le décès d'un membre phare du groupe en 2008, en l'occurence Hicham Belkacem), Fnaïre se fait de plus en plus rare ces derniers temps. Leurs sorties médiatiques ainsi que leurs participations aux festivals sont limitées. S'agit-il du début du déclin ? «Pas du tout. Nous sommes très exigeants, c'est tout !», affirment-ils. En effet, Fnaïre exige un cachet plus consistant que celui demandé par les artistes de leur génération pour toute activité artistique. «C'est vraiment aberrant que l'artiste marocain ne soit pas traité de la même façon que l'artiste étranger. Nous pensons que c'est tout à fait normal d'exiger d'être logé dans un hôtel 5 étoiles et de demander un cachet que nous méritons». Les membres de la formation tiennent toutefois à préciser qu'ils sont loin d'être prétentieux, mais qu'«il s'agit plutôt d'une manière d'améliorer les conditions du travail de l'artiste marocain souvent marginalisé». Au-delà de cette question qui a éloigné Fnaïre de la scène, le groupe continue de produire. Il s'attelle à son prochain album qui sera dans les bacs dans les trois prochains mois. Un album-événement, puisqu'il sera marqué par la participation de bon nombre d'artistes internationaux. «Lors de notre tournée, nous avons rencontré des artistes, dont les noms seront dévoilés bientôt, issus de différents horizons, qui étaient impressionnés par notre parcours. D'où l'idée de faire un travail en commun avec eux». Malgré la léthargie du secteur de la musique au Maroc (problèmes de production, de piratage...), le groupe qui fait un tabac sur Youtube (190.000 visites en trois semaines) semble échapper à cette crise. «La situation de l'industrie musicale dans notre pays nous a poussés à réfléchir à la distribution de nos albums uniquement à l'étranger via des sites payants par exemple. Mais nous ne voulons en aucun cas nous éloigner du public marocain qui nous a toujours soutenus». Vivement le prochain album !