Boubker jai DG du groupe bancaire marocain Attijariwafa Bank Les ECO : La crise ivoirienne est désormais derrière nous. Comment se porte, globalement, les activités de la Société ivoirienne de banque (SIB), au lendemain des perturbations politico-économiques qui ont marqué ce marché ? Boubker Jai : Les perturbations vécues en Côte d'Ivoire ont été, en fin de compte, relativement bien négociées au niveau du système bancaire. Malgré la situation confuse qui avait régné avant le dénouement de la situation politique, les banques ont pu reprendre assez rapidement leurs activités dans la plupart des régions du pays et permettre ainsi aux opérateurs économiques de reprendre le travail dans des conditions normales. La SIB, à l'instar des autres banques de la place, a donc repris ses activités et remis en marche la totalité de son réseau d'agences dans les jours qui ont suivi la fin des hostilités. Sur les huit pays de la zone UEMOA, la Côte d'Ivoire représente environ 30% du PIB consolidé de la région et constitue, de ce fait, un contributeur important dans le développement de la région. Le pays dispose de richesses extrêmement importantes dans les secteurs agricole, minier au sens large du terme, ainsi que des potentialités réelles dans plusieurs domaines qui vont au delà de ses besoins propres pour intéresser l'ensemble des pays de la région. D'ailleurs, la politique économique vise entre autres à faire de la Côte d'Ivoire un hub pour la production énergétique, une plateforme pour faciliter les échanges entre les pays de la région et avec le reste du monde, pour ne citer que ces deux points. Les résultats obtenus jusqu'à présent sont prometteurs, puisque la croissance du PIB en 2012 dépasse les 8% et devrait se maintenir à ce niveau en 2013. Dans ce cadre, la SIB participe activement à cette dynamique, impulsée par le gouvernement du pays en accompagnant activement les opérateurs économiques qui y contribuent. Les résultats obtenus jusque là sont très satisfaisants puisque la SIB dispose aujourd'hui d'un réseau de plus de 40 points de vente, alors qu'il en comptait moins de la moitié il y a à peine deux ans et demi, le nombre de clients, les crédits distribués et les ressources collectées ont progressé significativement et la rentabilité des fonds propres de la banque dépasse 20% à fin 2011. La banque s'inscrit donc parfaitement dans la stratégie tracée par le groupe Attijariwafa bank, à savoir la bancarisation, le financement des ménages et des différents opérateurs économiques, avec une attention particulière pour les projets de développement d'infrastructures. Je reprends donc votre phrase du début, la crise ivoirienne est désormais oubliée et la SIB totalement en phase avec le vent de dynamisme économique qui anime le pays. Plus proche du Maroc, une nouvelle compagnie d'assurance vie, «Attijari Assurance», vient de voir le jour en Tunisie. Quels devraient être les retombées de cette opération sur les activités du groupe dans ce pays ? La création d'Attijari Assurance en Tunisie a été confirmée par voie de presse il y a quelques jours et les préparatifs vont bon train pour que cette compagnie puisse offrir ses produits et services à la clientèle tunisienne dans les semaines qui viennent. Les objectifs du développement des activités d'assurance dans la région relèvent de notre stratégie globale, qui vise à mettre en place le modèle qui fait notre force au Maroc. Il s'agit de créer, autour de l'activité bancaire, un ensemble de structures qui offrent tous les produits financiers, au sens large, pour servir la clientèle dans les meilleures conditions et standards de la profession. La bancassurance est un levier de développement nécessaire dans notre métier et il était important de l'investir en Tunisie et je me permets, dans vos colonnes, de réitérer mes remerciements aux autorités de tutelle tunisiennes pour nous avoir permis cette implantation. Ainsi, Attijari Assurance, qui est une joint venture entre Attijari bank Tunisie et Wafa Assurance, va développer avec ses deux actionnaires des produits adaptés au marché tunisien en matière de prévoyance et d'épargne, en tenant compte, bien entendu, de la réglementation locale. La distribution de ces produits se fera, dans un premier temps, par le réseau bancaire d'Attijari bank Tunisie, qui compte plus de deux cents points de vente à travers le pays. D'autres opérations de ce genre sont-elles envisageables pour d'autres marchés subsahariens des assurances, où l'offre bancaire Attijariwafa bank est déjà présente ? L'expérience acquise par Attijariwafa bank en bancassurance est un atout du groupe. L'objectif de son développement dans le continent est bien entendu cohérent, dans l'ensemble des pays où nous choisissons de nous implanter. Cependant, les réglementations varient fortement d'un pays à l'autre et selon les marchés en matière de besoins de la clientèle qui peuvent donc être très différents. Les opportunités de développement de ces activités dans les pays d'Afrique subsaharienne existent réellement. Il reste à en définir les modalités, ainsi que les priorités. En octobre 2011, le groupe avait conclu un protocole d'accord avec l'AFD, pour faciliter l'accès des entrepreneurs au financement sur le continent africain et dans la région Méditerranée. Un peu plus d'une année plus tard, quels sont les premières retombées de ce partenariat dans les activités du groupe et dans les différents marchés où il est présent ? Notre groupe a effectivement signé avec l'AFD un protocole d'accord portant sur l'octroi de garanties par l'AFD, dans le cadre des financements à accorder par nos filiales subsahariennes aux PME locales au Sénégal, au Congo, au Gabon, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Mali, en Mauritanie et en Tunisie. Ces garanties sont de deux natures. Ce sont soit des garanties dites de portefeuille pouvant garantir par filiale, comme leur nom l'indique, jusqu'à concurrence de 50 millions d'euros un portefeuille de PME, soit des garanties individuelles d'un montant maximum de 2 millions d'euros par dossier. La signature de ce protocole a été suivie par plusieurs missions de vérification de l'AFD, qui ont porté entre autres sur les processus d'appréciation, d'étude et de suivi du risque des dossiers des PME par les filiales installées dans ces pays. Ces missions se sont avérées concluantes et nos filiales vont pouvoir, conformément au protocole qui nous lie à l'AFD, soumettre à cette dernière des dossiers PME. Même si le montant des garanties peut sembler relativement modeste au regard des engagements déjà consentis par nos filiales à ce segment de clientèle, ce protocole va contribuer à la consolidation du positionnement de notre groupe et de ses filiales auprès des PME locales. Notre objectif, ainsi que celui de nos filiales est d'utiliser pertinemment cet outil et d'aller encore plus loin dans ce partenariat avec l'AFD, afin de pallier la problématique de l'insuffisance des garanties dont souffrent les PME d'une manière générale.