Tel un ovni musical sorti de nulle part dans le début des années 2000, le groupe Hoba Hoba Spirit fait toujours parler de lui, après plus de 10 ans d'existence. Le groupe qui semble avoir trouvé la fontaine de jouvence, prépare un nouvel album pour avril et vient d'être élu coup de cœur de l'année 2013 par la Fondation Orange. Rencontre avec Reda Allali, leader du groupe, pour nous expliquer le pourquoi du comment... Une énergie et une fraîcheur qui ont su trouver les mots pour toucher le public marocain. Un mélange de styles entre le rock, le reggae, le châabi et le gnaoua pour faire passer un message en arabo-darija-français, un langage que les Marocains de 7 à 77 ans comprennent. L'humour, l'auto-dérision, des paroles qui n'ont pas peur de dénoncer ou de déranger pour décrire le quotidien du Maroc «schizophrène» à cheval entre plusieurs cultures, plusieurs traditions, plusieurs tabous...Un groupe qui a su s'imposer sur la scène marocaine comme le plus célèbre et dont la carrière est la plus réussie et la plus maîtrisée puisque celui-ci continue son chemin après avoir été sélectionné par le Festival Babel Med de Marseille et la Fondation Orange, comme le coup de cœur de l'année 2013. «Le festival s'appelle Bab Al Med, c'est un grand festival à Marseille qui est réservé aux professionnels de la musique. C'est une initiative de Brahim Meznad à Agadir qui a fait un salon de ma musique et où il a invité les professionnels du milieu en Europe. Nous avons joué, on nous a vu, ensuite le festival a choisi 5 groupes dont nous faisons partie, puis sont arrivés les votes. Le public nous a permis de réussir cette étape», explique Reda Allali, chanteur, guitariste et auteur-compositeur du groupe. «On nous parle d'aide à la diffusion et à l'enregistrement. Il n'y a pas d'aide financière mais une visibilité à l'international et c'est intéressant pour nous, pour jouer plus, tourner plus. Ce tampon-là devrait nous permettre de faire plus de tournées, c'est l'objectif du groupe». En effet, le groupe est né du live et vit grâce au live. Il a besoin de la folie du public, de l'énergie et de la force de la scène pour continuer. Ledit groupe, composé de Reda Allali à la guitare et au chant, d'Anouar Zehouani à la guitare, d'Adil Hanine à la batterie, de Saad Bouidi à la basse, d'Othmane Hmimar aux choeurs et aux percussions et d'Abdessamad Bourhim à la guitare, cumule les festivals partout et tout le temps, même les plus improbables. «Le principe du groupe a toujours été de privilégier le live même dans des endroits où il n'y a pas de musique. Nous avons joué dans tous les pays, si bien que les gens ont développé avec nous une relation de proximité. Après, les chansons, c'est à quelqu'un d'autre de les analyser . Mais globalement, c'est cette envie et cette volonté de monter sur scène qui nous tient, comme si c'était le premier ou le dernier concert, partout, tout le temps. Les gens sentent que nous aimons cela, je pense», continue Reda qui ne s'attendait pas à faire une carrière comme celle-ci dans la musique. Presque venue par hasard, la dynamique de Hoba Hoba Spirit a su faire de lui le musicien qu'il est aujourd'hui, le tourbillon «Hayha» a eu raison de lui et il est tout à fait conscient que s'il ne faisait pas partie de l'équipe Hoba Hoba Sprit, il ne serait dans aucun autre groupe aujourd'hui. «J'ai toujours voulu faire ça, mais je n'aurais jamais cru pouvoir le faire de cette manière là. Il y a deux types de personnes dans le groupe. Il y a Anouar et moi qui, à mon avis, sommes des passionnés de musique, mélomanes avant d'être musiciens, nous consommons beaucoup de musique depuis notre jeunesse. Ensuite, il y a Adil, Saâd et Othmane qui appréhendaient le métier de musicien». En effet, le groupe s'est lancé dans les années 90 quand la scène musicale rock marocaine était en pleine ébullition et que les passionnés de musique et les mélomanes se connaissaient tous et se retrouvaient. «Il y avait une dynamique de groupe dans les années 90 où on allait voir des concerts de rock, de métal, de fusion, de rap. Les plus motivés créaient des groupes. Les groupes étaient interchangeables, les répétitions dépannées, le matériel comme on pouvait. C'est là où les groupes se sont créés», continue le leader d'un groupe. Allali confie que la fierté du groupe, «c'est d'avoir trouvé des gens avec qui tu es toujours heureux de faire la route ensemble». L'artiste a d'ailleurs su garder l'âme du partage et de la générosité envers son public, une valeur des années glorieuses peut-être. Même sans beaucoup de moyens mais toujours avec une volonté de tout faire pour avoir du bon son et pour faire de la musique, tendance inversée aujourd'hui où tout est disponible pour faire de la musique mais aucune passion et aucune envie cérébrale pour la faire. «Les festivals sont créés ou disparaissent ? Ils disparaissent ! Un groupe aujourd'hui a encore moins d'occasion de jouer que nous, dans les années 90 ! À l'époque déjà, il y a avait peu d'occasion. Aujourd'hui beaucoup de festivals disparaissent dans l'indifférence générale, ça ne semble déranger personne et pour ce qui est de la musique enregistrée, il n'y a plus de circuit de distribution, c'est mort.». Malgré le circuit bloqué et les scènes en voie de disparition, Hoba Hoba vient de terminer l'enregistrement de son 6e album de 9 titres : «Kalakhnikov» qui devrait sortir en avril. Du live et toujours du live mais à l'international cette fois-ci puisque Hoba Hoba s'envole pour Marseille pour un concert le 23 mars prochain et capitalise sur une image à l'international pour ne pas périr comme les festivals au Maroc : «Nous sommes un groupe de live, nous jouons avec nos mains et des micros en face. Nous avons besoin de la scène et notre objectif avec cette nomination, c'est d'en faire le plus possible ici et ailleurs». Après le succès fulgurant de «bienvenue à Casa», souhaitons au groupe déjanté la même réussite avec un public international qui scanderait en chœur un «bienvenue à Hoba Hoba»...