Les grèves se succèdent dans l'usine roumaine de Dacia. Ce n'est pas nouveau. Après un débrayage durant une journée et demie en mars dernier et quelques autres durant ces trois dernières années, les ouvriers du site de Mioveni ont à nouveau décidé de bouder les chaînes de montage. Ces grèves «grèvent» les comptes de la marque roumaine et de sa maison-mère. Pour information, les 36 heures non travaillées en mars par les ouvriers roumains ont occasionné un retard de production d'environ 1.500 véhicules, soit un manque à gagner qui se chiffre à quelques 20 millions d'euros ! Quant au motif de ces derniers coups de gueule, les salariés réclament : une augmentation de salaire de l'ordre de 25%. Une revendication à laquelle le propriétaire de la marque roumaine, ne s'est pas contenté de répondre par la négative, mais a menacé de délocaliser la production roumaine au Maroc. Carrément ! Cette annonce pour le moins hallucinante pour les concernés comme pour les officiels de leur pays est aussi sérieuse que le loup avec lequel nos parents nous ont plus d'une fois terrorisé lors de nos plus jeunes années. Allons, un peu de sérieux. À y regarder de plus près, ces gens-là s'ils n'exigent pas la lune, en demandent au moins un bout du croissant. Car, alors que la moyenne salariale roumaine est d'environ 2.100 lei, soit près de 480 euros, la plupart des ouvriers roumains de Dacia tournent autour des 3.700 lei, soit 837 euros. Ah, quand même ! Ce n'est pas que le double, mais bien plus du triple, voire presque quatre fois plus que ce que perçoivent leurs homologues à Tanger ou à la Somaca, où les ouvriers se contentent de moins de 250 euros. D'accord, le niveau de vie est en constante progression dans les Pays de l'Est. On est aussi d'accord qu'il serait logique que le groupe au losange fasse profiter ceux qui ont contribué à son succès, voire à sa profitabilité... Mais il ne faut pas non plus faire chanter le coq français qui a plutôt été une gentille mère-poule, après avoir sorti Dacia de l'anonymat mondial.