Un projet novateur, une idée passionnée et presque naïve qui aboutit à un site original. Soora est une vitrine pour les photographes marocains ou ayant une histoire avec le Maroc, que la jeune Fanny Haza détecte, sélectionne et rassemble autour de l'amour de l'image. Zoom sur une initiative colorée et libre, née le 30 mars dernier... Des images qui respirent la liberté, qui défilent au gré d'un clic. Des découvertes, de l'émotion virtuelle et du bonheur pour les yeux, c'est ce que propose le nouveau site Web dédié à la photographie : Soora. Une idée pensée par Fanny Haza, passionnée par la photographie et l'écriture afin de démocratiser l'art de l'image, encore timide au Maroc. «Le projet Soora est né d'une simple observation : en suivant quelques jeunes photographes de talent depuis un certain temps, dans mon entourage ou sur le Web, je trouvais dommage que leurs travaux manquent de visibilité, alors même que la photographie prenait de plus en plus de place sur le marché de l'art au Maroc. L'idée d'avoir une plateforme unique d'exposition s'est alors imposée d'elle-même, une plateforme accessible à tous, qui sert de galerie ouverte et dynamique à de jeunes photographes et qui propose une offre de qualité aux amateurs et collectionneurs», explique Fanny Haza. «Je voulais aussi mettre l'accent sur la sensibilisation, via des interfaces communautaires, des événements ponctuels autour d'expositions physiques pour participer au développement et à la démocratisation de cet art au Maroc», continue la même source. Démocratiser cet art qui n'est pas encore reconnu par le ministère de la Culture comme un art à part entière comme le serait la peinture ou la musique. Constat paradoxal lorsque l'on voit la place que prend la photographe de nos jours et la multitude de talents marocains qui expriment leur art à l'étranger et qui sont plus reconnus à l'extérieur des frontières que dans leur propre pays. En effet, les talents ne manquent pas et c'est ce qui a poussé Fanny Haza à regrouper ces artistes autour d'une histoire commune et d'un même chemin : un regard sur le Maroc. «Je recherche une histoire, une émotion. Une démarche originale (cf. Merji, Ali Berrada), une série magique (cf. Badr Bouzoubâa, Fred Leloup, Mehdi Lakhdim), un regard tendre (cf. Sife Elamine, Nabil Ghandi, Jean Madeyski, Mehdi El Jassifi, Imane Djamil), une technicité qui vire à l'obsession (cf. Zakaria Wakrim, Bertrand Clavaud), une poésie du quotidien (Hassan Ouazzani, Mouhsine Berrada), une image isolée qui me parle (un double arc-en-ciel illuminant Sbata par Youness Hamiddine, une partie de foot à Safi vue par Julien Guyard)», révèle l'initiatrice du projet, qui recherche avant tout des univers marqués et très personnels. «En sélectionnant, j'essaye toujours de penser aux visiteurs de Soora : il faut qu'ils puissent naviguer sur le site et reconnaître de manière intuitive la touche de chacun des photographes. La sélection ayant aussi pour objectif de constituer une communauté d'artistes, il est très important que les photographes qui nous rejoignent se retrouvent autour d'un certain nombre de valeurs communes : le respect du travail de l'autre, le sérieux, l'ouverture d'esprit... Cela a plutôt bien marché jusque-là, Soora a même créé parmi les artistes des amitiés naissantes que nous espérons multiplier et voir collaborer sur des projets !». En effet, plus qu'une base de données d'images ou de photographes, le site se veut interactif, ouverts sur des projets, des évènements, des rassemblements, des résidences et des collaborations pour faire de cet art, un art vivant qui n'a rien à envier à ses compatriotes culturels. «La photographie se porte très bien pour quelques artistes confirmés dans un cercle encore assez restreint d'initiés, mais l'art et son marché sont encore loin d'être structurés. Nous manquons encore de structures dédiées, de relais médiatiques, de formations, de workshops et d'événements accessibles qui puissent donner une plus grande visibilité à cet art et donc une plus grande notoriété. L'idée de cette «cloud gallery» qu'est Soora et de ses expositions ponctuelles est aussi venue d'une envie d'élargir ce cercle d'initiés à un public plus large. C'est à cette condition, à mon sens, que la photographie sortira de l'émergence pour aller vers la confirmation», continue Fanny Haza, consciente que la tâche n'est pas facile à l'image de tout le travail en amont pour monter une entreprise dans le pays. Cette jeune franco-marocaine, journaliste et ayant étudié l'ingénierie des projets culturels, s'est lancée cœur et âme dans une aventure aussi enrichissante que complexe. «Lancer une entreprise est une aventure passionnante mais très exigeante. Et si le site soora.ma dispose aujourd'hui d'un concept clair et d'une simplicité d'utilisation, il cache de longs mois de questionnements, de réflexions, de discussions autour du design et de la mise en valeur des photographes et de leurs œuvres, de rencontres avec des artistes, de signatures de contrats et aujourd'hui de gestion administrative, financière et surtout culturelle. Je compte d'ailleurs aller vers de nouveaux partenaires pour les expositions à venir, avis aux intéressés souhaitant soutenir une équipe jeune et très motivée !» . Une équipe motivée par l'amour de la photographie et qui propose des éditions limitées, de 1 à 10 tirages, respectant la cote de chaque photographe, une grande qualité de tirage et d'encadrement pour un panel de prix variés, en prenant en considération le professionnalisme ou l'amateurisme, de 1.000 à 9.000 DH en moyenne, sauf cas particulier. Vitrine, galerie mais pourquoi pas tremplin pour les jeunes talents en herbe» ? Le site est ouvert à toute proposition ! Soora a pour objectif de découvrir et faire découvrir des talents. Mais comme la photographie au Maroc reste un art émergent, elle est également fragile. Nous choisissons donc les artistes qui rejoignent la galerie avec un soin tout particulier. L'idée de «tremplin» me fait penser automatiquement à l'Boulevard... On ne peut qu'adhérer à cet état d'esprit, ou alors on ne fait pas du culturel. Certains photographes présents sur le site sont déjà reconnus, mais si Soora peut leur ouvrir la voie à d'autres aventures artistiques, j'en serais ravie», confie Fanny Haza, pleine d'optimisme pour la suite après une première exposition des plus encourageantes pendant les journées du patrimoine. «À plus long terme, nous allons continuer à démarcher des regards singuliers, à développer de nouveaux services, à promouvoir la photographie et nous annoncerons très prochainement un parrainage avec une artiste confirmée. À suivre sur nos Facebook, Twitter et Instagram» ! Affaire à suivre tel un paparazzi...