Les secteurs qui sont appuyés par des stratégies publiques de développement sont les plus intéressants pour les sociétés de capital investissement. Analyse du comportement de ces professionnels de l'investissement. L'année 2012 a été caractérisée par un contexte économique mondial difficile où la croissance a atteint son niveau le plus bas depuis 2010. L'activité de la Bourse de Casablanca n'est pas en reste. Celle-ci a été globalement négative avec un niveau d'introduction très faible (1 seule en 2012 et 6 depuis 3 ans). 2012 est en revanche caractérisée par une forte croissance de la collecte de fonds de capital investissement avec la création de 4 nouveau fonds, à savoir 3P Fund, PME Croissance, Emerald Fund et CNAV2. Ceci témoigne de la confiance des investisseurs à l'égard de l'industrie marocaine du capital investissement et plus particulièrement de la confiance des organismes de développement internationaux dont émanent 52% des capitaux levés depuis 2011, selon une étude du cabinet Grant Thornton sur le capital investissement au Maroc. D'autant que cette étude a révélé que le taux de rendement interne (TRI) brut moyen pondéré par sorties se situe à 14% pour le développement et à 28% pour la transmission (la durée moyenne de l'investissement étant de 5,2 ans). À noter que l'industrie marocaine du capital investissement compte 36 fonds gérés par 20 sociétés de gestion à fin 2012. Le taux de pénétration du capital investissement au Maroc s'élève, lui, à 0,04% se situant ainsi dans la moyenne des pays de la zone MENA. L'analyse du comportement de ces professionnels de l'investissement est donc primordiale avant toute décision d'investissement. L'analyse est plus pertinente lorsqu'il s'agit des trois premières sociétés du secteur en termes de résultats, à savoir Attijari Invest, Atlamed et CDG Private Equity. Un fonds dédié à l'agro-industrie. Attijari Invest, filiale d'Attijariwafa bank dédiée au private equity, a pour vocation principal de constituer un portefeuille diversifié de participations à forte valeur dans des entreprises et projets à fort potentiel. Attijari Invest gère actuellement cinq fonds d'investissement pour un total de capitaux gérés d'1,6 MMDH. Ses revenus au titre de l'exercice 2011 se sont chiffrés à 16,5 MMDH pour un résultat net de 23,5 MMDH, selon Inforisk. Dans le détail, le premier fonds de la société, Moroccan Infrastructure Fund (MIF) est doté de 805 MDH et cible les secteurs de l'infrastructure au Maroc. Parmi les secteurs cibles figurent l'énergie (production, transport et distribution dans le secteur électrique et raffinage de matières premières), les télécommunications (téléphonie fixe et mobile, médias, connexions internationales par câble, transmissions par satellite et autres systèmes de communications, calls centers) et les transport (urbain et interurbain, maritime et aérien, logistique). MIF détient actuellement 3 participations dans la Companie minière Touissit (mine de plomb et de Zinc) ainsi que dans deux sociétés de BTP /Génie civil à savoir EMT et Somadiaz. Agram Invest est le deuxième fonds géré par Attijari Invest. Celui-ci est intégralement dédié au secteur de l'agro-industrie. Sa politique consiste ainsi à financer en fonds propres ou quasi-fonds propres, grâce à une enveloppe de 180 MDH, des sociétés situées au Maroc, spécialisées dans l'agroalimentaire et l'agro-industrie présentant de solides perspectives de croissance et positionnées sur des filières à fort potentiel. L'objectif étant de contribuer à l'émergence et à la montée en puissance de l'agro-industrie locale. Le fonds détient actuellement une participation dans le secteur de la restauration collective à travers Newrest. Un fonds généraliste ciblant les sociétés dynamiques. Le troisième fonds, est baptisé Igrane. Sa particularité est qu'il est un fonds régional. En effet, ce dernier est destiné à la région Souss Massa Drâa, étant une «véritable source de richesse nationale», selon les responsables d'Attijari Invest. Le fonds a pour vocation de financer, grâce à une enveloppe de 126 MDH, les entreprises opérant directement ou indirectement dans des secteurs susceptibles d'avoir un impact structurel sur la région (agriculture, pêche, tourisme, transport, infrastructures...). Igrane détient actuellement des participations dans Amessous qui opère dans l'irrigation et Haliopolis, opérant dans les zones industrielles dédiées aux métiers de la pêche. Le dernier fonds géré par Attijari Invest à savoir 3P Fund, est un fonds investissant dans des PME-PMI marocaines à fort potentiel avec des capitaux gérés de 400 MDH. Atlamed, dont le capital est détenu par des professionnels de la finance au Maroc et en Europe, vise, outre la recherche de moyens performants de création de valeur, le développement d'un nouveau pont d'affaires transméditerranéen, en mettant à profit le positionnement géographique et économique avantageux du Maroc. La société gère un seul fonds AM Invest Morocco, un fonds généraliste. Son portefeuille intègre 14 participations directes ou indirectes en position majoritaire, pour un total de fonds gérés de près de 383 MDH et un chiffre d'affaires agrégé 8 MMDH à fin 2011 selon Inforisk. Le résultat net de la société ressort lui à 3,5 MMDH. La politique de ce fonds consiste à investir dans les secteurs les plus dynamiques du royaume du Maroc à savoir les NTIC (édition de logiciels, intégration, infogérance, offshoring), la distribution d'équipements et les services associés (santé, sécurité, matériel de bureau), l'industrie métallurgique, plastique et matériaux de construction et l'infrastructure (traitement de l'eau, travaux publics). ECG, Eurocall, Intex, Gemadec, Watec, et Euramedic sont des exemples d'entreprises investies par Atlamed. Un fonds pour l'innovation. Par ailleurs, CDG capital private equity, 3e société de capital investissement en termes de résultats, assure la gestion de fonds souscrits exclusivement par des investisseurs institutionnels locaux et étranger, pour un total de fonds gérés de près de 578 MDH et un chiffre d'affaires agrégé de 16 MMDH à fin 2011, selon Inforisk. Le résultat net de la société s'est établi à 3,9 MMDH en 2011. Concernant les fonds gérés par la société, ils sont au nombre de trois. Le premier dénommé Acces capital atlantique Maroc (ACAMSA) est dédié au financement des entreprises marocaines à fort potentiel de développement grâce à une enveloppe de fonds gérés de 180 MDH. ACAMSA a investi à ce jour 147 MDH dans huit participations à savoir Hightech Payment Systems (HPS), Aéronautique Sefcam, Finapack/Gespac Maroc, Aéroinvest, Sanash Sécurité, Aixor, Juice & Nectar Partners et Newrest Maroc. Le Fonds Capmezzanine est ,lui, d'une taille de 350 MDH. Il propose une offre de financement mixte regroupant l'investissement en capital développement (equity) et en dette mezzanine. À ce jour, le portefeuille du Fonds est constitué de deux prises de participations dans les sociétés Jet Alu Maroc (Menuiserie Aluminium) et Folly Fashion (prêt à porter féminin-enseigne Marwa) pour un montant global de 70 MDH. Doté d'une taille de 48 MDH, le Fonds Sindibad est destiné aux sociétés marocaines innovantes, en création ou récemment créées, opérant notamment dans les domaines des sciences de l'ingénierie, des sciences de la vie et des nouvelles technologies de l'information et de la communication. À ce jour, le Fonds a investi un montant global de 29,6 MDH dans neuf participations : Atlas Eden, Lead Design, Protenia, SN2B, RXR Protect, Ecotechno, Devocean, C2i2t et Ommadate de Commerce et d'Industrie. Ainsi les secteurs qui reviennent souvent dans le palmarès des secteurs investis par le capital Investissement sont, l'agro-industrie, le tourisme, l'infrastructure, le transport et les nouvelles technologies. En outre, un intérêt particulier est porté à la PME-PMI. On peut donc conclure que les secteurs qui sont appuyés par des stratégies publiques de développement (plan Maroc Vert, vision 2020 du Tourisme, Maroc Numéric, etc) sont les plus investis par ces sociétés.