La destination Maroc maintient le cap alors que la Tunisie retrouve des couleurs. Quant aux destinations subsahariennes, la Tanzanie, le Zimbabwe et le Kenya s'affichent en sérieux concurrents. Maroc Avec 9,3 millions de touristes accueillis en 2012 selon les chiffres de l'OMT, le royaume est l'exception qui confirme la règle de la chute des arrivées dans la région nord-africaine. Dans un contexte sous-régional fortement marqué par les troubles du Printemps arabe, le royaume est devenu une alternative naturelle et logique à ses voisins Tunisiens et Egyptiens. Le Maroc ne semble toutefois pas profiter au maximum du malheur de ses concurrents dans ce secteur. Le nombre des arrivées n'a que très peu évolué – voire demeure quasiment en stagnation - sur les deux dernières années. Selon les estimations de l'OMT, les variations sont de 0,3% pour 2012/2011 et de 0,6% pour 2011/2010. L'Etat marocain est conscient de l'opportunité constituée par la perte d'attractivité touristique de ses voisins. En 2010, les ambitions et objectifs de la stratégie de développement du secteur ont été revus. La «Vision 2020» vise ainsi 20 millions de touristes durant la prochaine décennie. Tunisie Les instabilités issues du Printemps arabe n'ont pas encore complètement disparu mais le pays reprend progressivement du poil de la bête en termes de destination touristique. En 2012, les chiffres de l'OMT montrent une véritable tendance à la reprise avec près de 6 millions de touristes internationaux accueillis en Tunisie. Ces chiffres sont en progression de près de 25% par rapport au niveau des arrivées en 2011, ce qui laisse entrevoir, avec beaucoup d'optimisme, le redémarrage de la destination. Il faut savoir qu'en 2011, les arrivées avaient chuté de près de 30% à destination de ce pays (4,7 millions de touristes contre 7 millions en 2011), l'instabilité politique en était la principale justification. Pour la saison en cours, le gouvernement tunisien mise sur un marketing territorial agressif et des campagnes récurrentes de communication pour ramener les touristes. Il faut dire que tant que le géant de la région, l'Egypte, est encore endormi, tous les coups deviennent permis. Kenya C'est l'un des mastodontes de la région subsaharienne du continent et un grand «classique» du tourisme africain. La destination est pourtant encore loin de s'essouffler. En 2011, elle a attiré plus de 1,7 million de touristes contre 1,4 million en 2010. Pour 2012- 2013, les statistiques ne sont pas encore communiquées par l'OMT, retardées par les incertitudes liées à l'élection présidentielle de mars dernier. Les tendances sont toutefois bien positives. L'offre est très peu diversifiée, constituée principalement de tourisme de safari, et dans une moindre mesure, d'un segment balnéaire sur l'Océan Indien. Le gouvernement mise sur une promotion intensive de la destination ainsi que sur les innovations dans l'offre. L'une des dernières concerne la région de Laïkipia, à1h30 de vol de Nairobi, développée autour du concept de l'écotourisme. C'était cependant sans compter avec le récent et grave incendie qui a ravagé, au début de ce mois, l'aéroport international de Nairobi Jomo Kenyatta, considéré comme étant le plus important de la région. Il s'agit là d'un véritable coup dur pour le tourisme local. Afrique du Sud Le pays de Nelson Mandela a accueilli, à fin 2012, un peu plus de 9 millions de touristes, soit une progression des arrivées de près de 10,5% en comparaison avec 2011. La destination confirme ainsi toute sa compétitivité avec un total de 8,3 millions de touristes internationaux en 2011. La stabilité politique et une offre en perpétuelle renforcement, sont les grands secrets de cette réussite. Les revenus du secteur sont également en progression. Ils ont frôlé la barre des 10 milliards de dollars US en 2012, contre 9,5 millions de dollars US en 2011 et 9 millions de dollars US en 2010. La progression est évidente. À elle seule, l'Afrique du Sud pèse près de 30% des revenus 2012 du tourisme continental. C'est la destination la plus visitée par les touristes dans la région subsaharienne sur cette même année. Côté caractéristiques de l'offre sud-africaine, le segment du tourisme d'affaires est de plus en plus en vue. Des métropoles comme Durban et Johannesburg ont fini par en faire leur vocation. L'on retrouve également des offres plus classiques composées de safaris et balnéaires. île Maurice Surnommée la «perle de l'Océan Indien», l'Île Maurice rafle, d'année en année, des flux importants de touristes. En 2012, ce pays a frôlé le million de visiteurs, avec 965.000 touristes, restant quasiment au même niveau qu'en 2011. Les recettes du secteur y ont également progressé sur la même dynamique avec quelque 1,4 milliard de dollars US à fin 2012, contre 1,2 et 1,4 milliard de dollars US respectivement en 2010 et 2011. L'archipel, d'à peine plus de 2.000 km2, mise tout sur les atouts du tourisme insulaire avec le classique du «soleil, plage et sable blanc». Les responsables du Mauritius Tourism Promotion Authority, principale structure publique de promotion du tourisme de l'archipel, développe aussi des offres de niche. Le pays vient d'être classé, par exemple, en tête des «quatre destinations les plus romantiques pour un voyage de noces» par le site Hotels.com, spécialisé dans l'expertise hôtelière. L'Île Maurice devance dans ce classement les Maldives, Bali en Indonésie, et les Seychelles (à la quatrième place). Tanzanie 2012 y restera une année record pour le tourisme local. Les arrivées ont en effet progressé de près de 24% en comparaison avec l'année précédente, dépassant pour la première fois depuis deux ans déjà la barre du million de touristes accueillis. Les revenus issus de l'activité touristique se sont également améliorés, selon les mises à jour de l'OMT, atteignant 1,5 milliard de dollars US, contre 1,3 milliard en 2011 et 1,2 milliard en 2010. Ce pays d'Afrique de l'Est a beaucoup d'atouts en main, proposant des curiosités naturelles et géologiques comme le «Kilimanjaro». Le pays a également gagné en attractivité en collectionnant les records et distinctions. Le site Safaribookings.com, par exemple, le classe au sommet des meilleures destinations Safari du continent. Le Tanzanian Tourism Board, l'autorité de promotion du secteur, investit aussi beaucoup sur une promotion intensive de la destination. Celle-ci devrait être d'ailleurs l'une des principales attractions du «Swahili International Tourism Expo», à Dar-Es-Salam au Soudan, l'une des plus importantes expositions internationales dédiées au secteur dans la région. Zimbabwe Avec ses 1,7 million de touristes accueillis en 2012, la destination reste parmi les plus grandes forces de séduction du continent. Ces chiffres sont pourtant en baisse de 26% par rapport à l'année dernière, où les flux enregistrés ont atteint près de 2,5 millions de touristes. Les recettes du secteur ont également progressé, pour atteindre 749 millions de dollars US en 2012, contre 664 millions en 2011 et 634 millions en 2010. Il faut savoir que le régime politique en place, mené par Robert Mugabe, clairement anti-occidental, n'incite pas les Européens à venir découvrir le pays. Les autorités comptent plutôt attirer les touristes asiatiques. Le pays abrite d'ailleurs, depuis samedi dernier, une partie des travaux de la prochaine assemblée générale de l'OMT sur le site de Victoria Falls, co-organisée avec la Zambie. Pas moins de 147 pays devraient prendre part à cette rencontre internationale.