Le groupe bancaire est soulagé. Si le secteur a perdu près de 26 millions d'euros, BOA-Mali et BDM ne rapportent aucune perte. Pour BOA, toutefois, la facture «sociale» de la crise est salée et les perspectives plutôt timides pour les trois prochaines années. Dans un contexte de sortie de près de deux ans de crise au Mali, les intérêts économiques marocains peuvent pousser un grand ouf de soulagement. C'est le cas en tout cas pour les activités de BMCE Bank sur ce marché, à travers la filiale locale de Bank Of Africa (BOA-Mali), ainsi que de la Banque malienne de développement (BDM). Pour Laurent Basque, le directeur général de BOA-Mali, la banque s'en est assez bien sortie dans un contexte très favorable aux pertes et à la baisse de l'activité économique. «Le système bancaire malien a été très affecté par des dégâts matériels et financiers importants, puisque la perte subie par l'ensemble des banques et établissements financiers est estimée à 17 milliards de FCFA (près de 26 millions d'euros), suite à des actes de pillage et de braquage. À ce jour, la BOA-Mali n'a pas enregistré de pertes de ce type». Concernant les indicateurs financiers, l'enseigne a pu en effet boucler 2012 avec tous les voyants au vert. Le Produit net bancaire a progressé de 12,15% par rapport au présent exercice, pour atteindre quelque 17,05 milliards de FCFA contre un peu plus de 15 milliards en 2011. Le bilan total de la banque est aussi en hausse significative de 8,2% à la fin de la même année, dépassant les 200 milliards de FCFA (un peu plus de 304 millions d'euros). Dans le détail de l'activité, d'autres améliorations sont rapportées sur des indicateurs comme les dépôts de la clientèle (+6,7 %) et le nombre de comptes ouverts et actifs (+18%, soit plus de 113.000 comptes en 2011 contre quelque 133.000 unités au 31 décembre 2012). «Cette hausse significative touche tous les types de comptes et est le fait de l'action commerciale menée tout au long de l'année», explique le top management de la banque. Perspectives réservées Une crise, quelle qu'elle soit, a toujours un coût, même léger. Pour le cas de la BOA-Mali, cela pourrait s'apprécier notamment à travers la multiplication des interventions et actions sociales menées par la banque sur le terrain, dans son rôle citoyen et de responsabilité sociale. L'enseigne a en effet contribué à différentes actions sociales, notamment dans la gestion de la crise, à hauteur de plus de 100 millions de FCFA (près de 153.000 euros) à travers la Fondation BOA. L'autre retombée de cette crise pourrait également s'appréhender à travers les perspectives de développement sur le marché interne, assez timides. Dans son Plan triennal de développement (PTD) 2013/2015, et en tenant compte de la situation du Mali, la banque a en effet choisi de poursuivre modérément sa croissance «en termes de collecte, de crédits et d'ouvertures de comptes, tout en restant à périmètre constant tant au niveau du personnel que du réseau de points de ventes», explique-t-on auprès du management. BDM aussi... Dans le groupe BMCE Bank, BOA-Mali n'est pas la seule à avoir sauvé ses comptes au terme de cette année d'instabilité. Le groupe bancaire marocain est également présent sur le marché malien via la Banque de développement du Mali. Pour cette dernière enseigne, les activités se sont aussi très bien comportées dans le contexte d'une économie mise au «point mort». À fin 2012, la banque a en effet réalisé une croissance significative de 21% de son résultat net, évalué à 12,7 millions d'euros. Quelques explications ont été livrées sur ces performances en temps de crise, lors de la présentation des résultats financiers du groupe bancaire marocain en avril dernier. Selon Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur directeur général délégué auprès de la présidence du groupe, «l'une des principales raisons est liée au fait que la BDM n'avait qu'une seule agence dans la partie nord du pays, l'épicentre de la crise». À cela s'ajoute «la bonne gestion des risques et celle, plus globale, des activités de la BDM», pendant cette crise, ainsi que les synergies mises en place avec la maison-mère, tout au long de cette période. «La nature de nos engagements sur ce marché n'ont donc pas souffert du climat d'attentisme qui a dû prévaloir dans ce pays», rassurait le responsable, qui affirme que les perspectives de croissance de la BDM restent maintenues, d'autant plus que le marché local va progressivement vers un retour à la normale.