Les Echos quotidien : Vous tenez le premier rôle dans le téléfilm de Zakia Tahiri et Ahmed Bouchâala, «Marhba». Que représente pour vous ce «retour aux sources» ? Khalid Maâdour : C'est toujours un plaisir de revenir ici et de travailler au Maroc, mon pays natal. Participer à des productions nationales c'est en quelque sorte la continuité de tout cela. Je tourne beaucoup en France, mais je n'ai jamais cessé de penser à mon pays et surtout de me demander comment je pourrais apporter cette pierre à l'édifice. Je pense qu'essayer d'exploiter sa créativité dans son propre pays est un moyen de participer à son développement. C'est ce que je tente de faire d'ailleurs. Grâce à Zakia Tahiri qui m'a sollicité aussi pour son long métrage «Number One», j'ai rencontré des acteurs de l'ancienne et de la nouvelle génération et échangé des idées. C'est un pur bonheur ! L'histoire de ce téléfilm est celle de deux familles marocaines, l'une bourgeoise et l'autre de base installées en France. Vous connaissez bien le sujet pour être vous-même un MRE. Tout à fait. C'est l'histoire du «zmagri» par excellence. C'est vrai qu'elle est un peu caricaturée, mais c'est la réalité. Cette histoire aurait pu se passer n'importe où, au Maroc ou dans une société occidentale. Le décalage entre les deux familles dont vous avez parlé, crée la comédie Justement, le public marocain vous a découvert à travers deux comédies «Number One» et «Marhba». Préférez-vous la comédie aux autres genres cinématographiques ? J'adore la comédie. Je crois que c'est la seule manière de faire passer des messages profonds. Sinon, je suis de nature introvertie et ce genre de rôles me permet vraiment de m'exprimer. Je pense qu'avec tout ce qui se passe dans le monde, nous avons vraiment besoin de comédies pour pourvoir garder espoir. Vous faites partie des rares acteurs d'origine maghrébine qui tournent régulièrement en France. C'est quoi, votre secret ? Perséverer et y croire. Je pense que c'est la seule recette pour réussir. Il s'agit d'un cercle très fermé, il faut donc cravacher dur pour pouvoir percer. J'ai eu de la chance, puisque tout au long de mon parcours, j'ai rencontré des personnes qui ont cru en mon talent et qui m'ont beaucoup aidé. De plus, les productions auxquelles j'ai participé m'ont fait connaître auprès du public français. On reproche souvent aux acteurs d'origine maghrébine de participer dans des films qui véhiculent des images réductrices, les cantonnant dans des rôles de «beurs ratés», de dealers ou de chômeurs. Qu'est ce vous en pensez ? Un comédien, c'est comme un pianiste, il faut qu'il fasse ses gammes. Lorsque j'ai commencé ma carrière en 1997, j'ai joué des petits rôles de beur. Cela n'a duré qu'un temps. Aujourd'hui, il n'en est plus ainsi et je n'ai plus envie de faire cela. Je pense qu'il faut représenter une image positive de ce qu'on est avec notre double culture, qui est d‘ailleurs une richesse. Aujourd'hui, les Rachid, Mohamed, Said sont médecins, avocats, ingénieurs... Ce sont ces rôles-là que j'aimerais interpréter. Il faut bannir ces stéréotypes qu'on a sur les Maghrébins à l'étranger. Mais c'est toujours difficile de choisir ses rôles lorsqu'on est peu connu et maghrébin de surcroît... J'ai de la chance de faire partie des acteurs d'origine maghrébine qui travaillent régulièrement en France en tant que comédien. Je vis de ma passion et de mon métier et donc, j'ai la chance de choisir. J'ai d'ailleurs un agent qui m'aide. Nous discutons tous les deux sur mes projets futurs et surtout on refuse ces rôles de terroristes qui n'ont aucun sens. Je pense que j'ai gagné ma liberté. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Outre «Marhba», êtes-vous sur d'autres projets ? J'ai une émission avec Dominique Farrugia sur Canal+. C'est l'histoire d'un petit jeune qui fait le tour des villes et des villages aux noms burlesques en France. On s'amuse énormément lors du tournage... C'est une émission qui me permet de m'exprimer et de donner ma vision des choses de manière burlesque et comique. Je tiens toutefois à préciser que je préfère le cinéma à la télé. Toutefois, le petit écran me permet d'installer ma notoriété. C'est donc un passage obligatoire pour devenir «populaire». Sinon, J'ai un film qui sortira bientôt avec Jean Claude Van Damme et Gérard Jugnot. Je développe aussi avec un producteur une série télé que j'ai écrite. C'est l'histoire de trois jeunes qui vont se quitter après le lycée pour se retrouver 15 ans plus tard. Chacun d'eux est devenu homme de foi : un rabbin, un prêtre, et un imam. Pour aider les gens de leur communauté, ils vont redonner vie à leur ancien groupe de musique. La réalisation ne vous tente-elle pas ? Si ! J'ai déjà ma petite idée, mais je préfère plutôt accumuler les expériences. J'ai été assistant réalisateur à plusieurs reprises pour des productions importantes. Un comédien doit, à mon sens, être au courant de tout ce qui se passe autour de lui. C'est indispensable. Avez-vous été sollicité par des cinéastes marocains outre Tahiri / Bouchâla ? Pas encore. Il y a juste Leyla Marrakechi (ndlr : il a interprété un petit rôle dans Marock) et Tahiri qui m'ont déjà sollicité. Je n'ai pas encore de notoriété assise au Maroc. J'espère que le téléfilm «Marhba» fera en sorte que je puisse avoir de la visibilité et que les réalisateurs marocains s'intéressent à moi. Dans ce métier, il faut susciter l'envie ! Sinon, je vais participer à un film d'un réalisateur franco-marocain, Hafid Goud, dont le tournage sera amorcé l'année prochaine près d'Agadir.