L'Agence française de développement va supporter 50% des risques pour que la banque accorde davantage de crédits aux TPE et aux PME. La Société commerciale de banque au Cameroun (SCB Cameroun), filiale du groupe Attijariwafa Bank, a signé, le 10 octobre 2013, une convention cadre avec l'Agence française de développement (AFD). Cet accord est dénommé «Convention cadre de sous-participation en risque ARIZ». ARIZ étant un instrument qui se définit comme l'assurance pour le risque d'investissement en zone d'intervention de l'AFD. Selon Hervé Conan, le directeur de l'AFD au Cameroun, il s'agit plus concrètement d'un dispositif de partage de risque mis à la disposition des banques et destiné à faciliter l'accès au crédit des très petites entreprises (TPE) et des petites et moyennes entreprises (TPE). Dans le cas d'espèce, cette convention consiste pour l'organisme français à supporter 50% du risque pris par SCB Cameroun sur un portefeuille de prêts individuels octroyés aux TPE et PME et d'un montant unitaire compris entre 6,5 et 200 millions de FCFA (entre 9 900 et 304 900 euros). Cette convention qui a une durée de deux ans porte sur un montant global d'à peu près 6,4 milliards de FCFA, soit un peu moins de 10 millions d'euros. «La relation de confiance entre l'AFD et SCB Cameroun se traduit par une délégation à la SCB Cameroun de le décision et de la gestion de chaque garantie à imputer sur l'enveloppe», précise Hervé Conan. Pour sa part, Jamal Ahizoune, le directeur général de SCB Cameroun, il indique que ce partenariat est une association d'efforts entre les deux entités pour permettre aux PME et aux TPE camerounaises d'accéder aux financements bancaires. Evoquant au passage quelques-unes des conditions d'octroi des crédits dans le cadre de cette convention : «Premièrement, il faut que ce soit des PME avec un chiffre d'affaires qui correspond à ce segment de clientèle; deuxièmement, il faut que ces PME agissent dans des secteurs d'activité clairement identifiés de commun accord avec l'AFD», dit-il dans les colonnes du Quotidien de l'Economie. Cette convention signée en présence de Lahcen Saile (ambassadeur du Maroc au Cameroun) et de Laurent Serges Etoundi Ngoa, ministre camerounais des PME, n'est pas la première du genre entre les deux institutions. Ce dispositif de garantie du portefeuille vient en réalité s'ajouter au dispositif de garantie individuelle ARIZ, qui est déjà en place depuis quelques années et qui a déjà permis d'octroyer, selon l'AFD, plus de 7 milliards de FCFA (10,67 millions d'euros) à des dizaines d'entreprises camerounaises. Avec cette convention cadre avec la SCB, l'AFD chiffre à 53,8 milliards de FCFA (82 millions d'euros) le total des engagements d'ARIZ au Cameroun. Cette enveloppe, apprend-on, concourt au financement de près de 1.000 entreprises et autres pour des prêts d'une valeur totale d'environ 100 milliards de FCFA (152,4 milliards de FCFA), partiellement couverts par l'institution française. Quant à la SCB, elle arrive au quatrième rang des banques camerounaises par son total de bilan. Détenue par le groupe Attijariwaffa Bank (51%) et l'Etat du Cameroun (49%), elle indique sur son site Internet qu'elle entend mettre en œuvre une stratégie de développement basée autour de trois principaux axes, parmi lesquels «une participation active au développement économique du pays, à travers l'accompagnement du tissu des PME/PMI». Cette convention arrive en fait dans un contexte caractérisé par le difficile accès des TPE et des PME camerounaises aux crédits. Cela représente une équation difficile à résoudre, dans un pays où les PME et les TPE représentent l'essentiel du tissu économique, soit plus de 90% des entreprises avec plus de 200.000 emplois permanents. Aussi l'Etat essaie-t-il sans cesse de développer des stratégies pour améliorer la situation. À titre d'exemple, une banque des PME a vu le jour il y a quelques mois, même si elle n'est pas encore réellement entrée en fonctionnement. Incroyable paradoxe L e Centre du riz pour l'Afrique (AfricaRice) et l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont peut-être bien fait de choisir le Cameroun pour abriter le troisième congrès africain du riz, qui se tient entre le 21 et le 24 octobre a Yaoundé. Ce pays est en effet au centre d'un incroyable paradoxe. Il produit du riz dans pratiquement toutes ses dix provinces. Une entreprise publique est même entièrement consacrée à la culture du riz, en l'occurrence la Semry (Société d'expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua). Mais, les Camerounais savent que le riz vendu dans les marchés vient de l'extérieur. Tous les ans, l'Etat camerounais importe d'énormes quantités de riz pour plusieurs centaines de milliards de FCFA. En conséquence, ce riz importé éclipse totalement la production locale (150.000 tonnes) qui, même si elle n'est pas suffisante pour couvrir toute la demande (environ 500.000 tonnes) mérite bien d'avoir sa place sur le marché local. En lieu et place de cela, l'on apprend que le riz made in Cameroun est essentiellement exporté vers les pays voisins et en particulier vers le Nigéria. Même si le thème du congrès de Yaoundé est plutôt «La science rizicole pour la sécurité alimentaire à travers le renforcement de l'agriculture familiale et l'agro-industrie en Afrique», il est à espérer que cette grand-messe permettra une prise de conscience pouvant conduire à une réparation vis à vis de la production locale. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun)