Le musée de Bank Al-Maghrib rend hommage à un des plus grands peintres contemporains marocains, décédé il y a 10 ans : Mohamed Kacimi. L'exposition, qui s'intitule «L'art comme un geste extrême» regroupe 55 œuvres qui racontent le parcours d'un homme, sur la vie d'un artiste écorché vif... Depuis le 28 novembre jusqu'au 30 mars, le musée de Bank AL Maghrib célèbre le talent du peintre marocain Mohamed Kacimi. Plus de 55 œuvres sont exposées et représentent un résumé du travail de l'artiste entre 1965 et 2003. L'œuvre d'un artiste qui a marqué par son engagement, sa passion et son talent. Un talent pluriel, qui commence par une recherche de soi, d'un «équilibre», qu'il trouve dans l'abstrait en voulant témoigner de la condition humaine. Intellectuel et poète, il s'engage de plus en plus dans la politique et prend parti, après des voyages en Irak et au Liban entre autres. Le natif de Meknès vit entre Témara et Paris et n'est pas prédestiné à une carrière de peintre, puisqu'il est d'abord éducateur pour enfants. La rencontre avec la plasticienne Jacqueline Brodskis sera déterminante, et très vite, il trouve en lui cette poésie et cette mélancolie qu'il saura retranscrire sur toile et qui fera de lui un acteur reconnu de l'art au Maroc. En effet, l'artiste qui était contemporain avant l'heure, un avant-gardiste en quelque sorte, était un réel défenseur des droits de l'homme, dont le travail retranscrit la condition de l'homme et de la vie. Gilbert Lascautlt dira, d'ailleurs sur son œuvre : «Souvent dans les toiles des dernières années, des corps surgissent : corps nus, sans visage, sans sexe évident, androgynes peut-être, anges peut-être. Ce sont, en tout cas, des corps dépouillés, réduits à l'essentiel. Ce sont des corps-signes, éléments éparpillés d'un incertain alphabet de chair. Ce sont également des figures disséminées d'un improbable traité des mouvements et des gestes. En ce corps, l'acte se fait chair et la mobilité s'incarne. On s'interrogera sur les rapports de ces corps figurés et de ce que Kacimi nomme: «Le corps de la peinture». Les corps, les âmes, les visages sans expression, l'expression du néant, du vide, de la souffrance, du bonheur, des instants qui ont compté...un tout qui, comme l'a si bien dit sa fille Batoul Kacimi a permis de «libérer ses œuvres enfin». Une aubaine pour les amoureux de l'art qui peuvent profiter des merveilles de Kacimi jusqu'au 30 mars prochain au Musée de Bank Al Maghrib.