* Le peintre marocain Mohamed Lagzouli revient sur scène à l'occasion d'une exposition individuelle à Marrakech. * Parmi les peintres marocains, cet artiste autodidacte aura été celui qui a construit son uvre de manière très patiente. Les éléments du parcours de Mohamed Lagzouli se confondent très vite avec les divers métiers qu'il a exercés. Successivement jardinier, coiffeur, cafetier et actuellement brocanteur, cet artiste a pu très bien se démarquer de la naïveté artistique. Comme le note Alain Gorius, «Lagzouli s'attache à montrer le vrai visage des choses. Aucune place, dans son uvre, pour le caprice ou la gratuité». C'est pourquoi probablement on a toujours confondu Lagzouli avec ce genre artistique «engagé» en quelque sorte, et surtout qui a ce souci de donner à l'uvre artistique la fonction d'un document historique. En fait, si Lagzouli s'inspire de la réalité dans toutes ses uvres, c'est pour rendre une certaine «authenticité» à la peinture marocaine, longtemps prisonnière des valeurs et des symboles de la Renaissance européenne. Ce n'est donc pas un hasard si Lagzouli n'a pas recueilli les faveurs des commentateurs et des critiques de la peinture marocaine. Il faut remarquer que plusieurs de ses uvres figurent au musée de l'art brut de Lausanne. Même si ce n'est pas le seul attrait de cet artiste marocain âgé de 69 ans. Lagzouli doit son premier contact avec la peinture à l'artiste Jacqueline Brodskis qui découvre en lui des talents d'artiste. Les métiers qu'il a exercés lui laissaient peu de temps pour les loisirs, mais l'insistance de Lagzouli lui a permis d'exprimer son art. Après 40 années passées devant son chevalet, cet artiste originaire de Salé semble ne pas perdre sa passion pour la peinture. Cette exposition intitulée «Lagzouli, de Salé à Marrakech» retrace en fait tout le parcours de cet artiste très discret. La découverte de ses travaux sera possible à la galerie Tadghart du 10 mars au 22 avril. Si la majeure partie de ses uvres s'inspire de la réalité qui l'entoure, c'est le regard qu'il nous expose que les visiteurs de cette exposition pourront découvrir. Ses tableaux nous recomposent une pluralité d'univers et de périodes au Maroc où Mohamed Lagzouli nous tend un miroir au gré de ses recontres et de ses voyages. Jean Lanclon fait justement la remarque suivante : « A l'école de cette vie qui pour lui fut sans pitié, il a trouvé les protagonistes et leurs gestes, les visages et leurs expressions, les couleurs et leurs harmonies, pour dire avec tendresse le labeur, les occupations quotidiennes, les rituels de la vie sociale».