Confrontées à une spirale infernale caractérisée par une crise persistante, les TPME du BTP n'ont plus d'autre choix que de gérer la situation. Passées les réactions à chaud qui tirent la sonnette d'alarme, l'heure est à l'adaptation des stratégies. Pour certains, il s'agit de jouer les cartes de la diversification et de l'association pour mieux envisager la piste de l'export. Crise du secteur du BTP, baisse des investissements dans ledit secteur, impératif de diversification des activités, délais de paiement trop longs, et pour couronner le tout, un projet de loi de Finances qui annonce déjà une baisse du régime des investissements de l'Etat, premier marché du secteur. La spirale infernale que traversent les opérateurs du bâtiment et des travaux publics ne semble pas prête de s'arrêter, du moins sur le marché national. Les opérateurs sont aujourd'hui touchés de plein fouet par une conjoncture morose qui plombe le niveau de leurs carnets de commandes. L'absence de données chiffrées et précises, qui permettraient de prendre le pouls de l'état dans lequel se trouvent aujourd'hui les PME du secteur, ne permet pas directement de dresser un tableau de la situation, il demeure cependant que les données communiquées au premier semestre 2013 par les grands groupes du secteur, côtés en bourse, dressent clairement un constat : la crise a bel et bien eu un impact direct sur le CA consolidé. Une même situation pourrait alors, logiquement être relevée auprès des PME. Le tableau ainsi dressé, notre analyse portera dès lors sur les moyens déployés par les petites et moyennes entreprises pour braver les effets de cette crise et limiter ses effets sur leurs activités directes. Il a souvent été question des «sonnettes d'alarme» tirées par la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), mais il n'en demeure pas moins que des opérateurs, essentiellement des PME prennent les choses avec davantage d'optimisme, lequel est soutenu par une stratégie très réactive. C'est le cas dans ce dossier de la société Béton Pro, qui anticipe les effets de la crise en opérant une diversification de l'activité et en misant sur l'innovation. «Nous continuons parallèlement à investir dans l'optimisation de notre outil industriel générateur d'économie d'échelle et ainsi à préserver nos marges. La logique de multi-économie le permet», explique Mehdi Bellamine, directeur associé de Béton Pro. Sur une plus grande échelle et à l'instar du modèle turc, une organisation structurée des opérateurs du secteur permet de relever collectivement les défis de la crise. «L'union fait la force» S'unir pour mieux réussir. C'est là un adage que certaines TPME du secteur ont choisi de mettre au cœur de leur stratégie de développement. Le modèle cité dans le témoignage de Nabil Derraji, directeur général de l'association Foire bâtiment l'illustre clairement. Si le modèle du consortium peine encore à se développer dans le tissu entrepreneurial marocain, l'idée novatrice de Foire bâtiment, qui consiste à regrouper les différents opérateurs du secteur afin de présenter une offre commune compétitive, et en l'occurrence défiant la concurrence, est un point sur lequel les PME du BTP peuvent désormais capitaliser. La nature du secteur et plus particulièrement du segment des producteurs de ciments reste à ce jour largement monopolisée par de grands groupes nationaux et étrangers qui totalisent une grande partie des marchés au niveau national. Sur ce point là, la bataille est rude lorsqu'il s'agit pour une PME de rivaliser avec ces grandes structures en présentant des prix défiant cette même concurrence. Ainsi, se regrouper pour décrocher des marchés communs serait donc une piste privilégiée pour les TPME du secteur et permettrait presque intrinsèquement de présenter des stratégies de développement plus ambitieuses grâce à une union des forces qui ouvrirait de nouvelles perspectives d'évolution au-delà même du marché national. Mieux s'armer pour exporter L'internationalisation des PME vers des marchés plus prometteurs semble aujourd'hui gagner du terrain dans différents secteurs. Pour celui du bâtiment et des travaux public, cette internationalisation se manifeste de plus vers des stratégies qui ciblent le marché africain. Il va s'en dire que ce marché est aujourd'hui déjà abordé, voire même conquis par de grands groupes, mastodontes du secteur. Encore une fois, les PME semblent avoir pris cette donnée en compte, ceci en capitalisant sur le modèle de «regroupement» et en déployant des offres adaptées à chaque marché. Cette démarche permet dès lors de minimiser la dépendance des entreprises du secteur au marché national, qui connaît un ralentissement persistant. Plus encore, les PME marocaines placent leurs pions de façon à pouvoir tirer profit d'une baisse de régime des opérateurs européens, qui étaient il y a quelques années seulement de sérieux concurrents presque imbattables. Encore une fois, l'Afrique se place en «Eldorado du présent pour le tissu entrepreneurial national. Au même titre que les grands groupes aux stratégies bétonnées, les PME peuvent aussi prétendre au titre d'«entreprise compétitive» à condition de s'unir, d'innover et d'envisager l'export pour sortir de l'impasse que représente aujourd'hui un marché du bâtiment à la croissance latente. l