L'art a trouvé refuge, grâce à Anna Kaona, dans un espace d'exposition où tout est à vendre. L'inauguration a eu lieu le 24 janvier à Casablanca. «Ce n'est ni une boutique ni une galerie, ni un concept store, c'est peu un tout cela à la fois». C'est ce que se veut l'espace Anna Kaona, un espace de création, de créativité qui ne demande qu'à être vu et admiré. Ce vendredi 24 janvier, en plein CIL, au cœur d'une villa, l'initiatrice du projet, Fathia El Aouni accueillait ses hôtes comme on accueillerait des amis pour un dîner chaleureux à la maison. «Il s'agit d'une maison d'hôtes pour l'art, un endroit où des passionnés amateurs peuvent exposer et montrer ce qu'ils sont capables de faire», explique la maîtresse des lieux. Luminaires, meubles, tapisseries, vêtements, bijoux et senteurs imaginés et réalisés par de jeunes créateurs marocains y sont exposés. Des créations que l'on ne trouvera nulle part ailleurs. Il s'agit pour la plupart d'inconnus, de personnes qui créent dans l'ombre en suivant la passion mais en n'en faisant pas forcément un métier. Fathia El Aouni mise sur le talent, tout simplement. Chez Anna Kaona, ce n'est pas le nom qui est vendeur, mais la qualité et l'originalité de l'objet. «Moi-même, je crée plein de choses mais je n'ai jamais osé exposer quelque part. Aujourd'hui, c'est possible». La pièce pleine d'objets d'art a permis à certains de faire de belles trouvailles comme des lampadaires – bibliothèque, des pièces de 1930 revisitées, des tables et des chaises originales, une collection de vêtements signée par le jeune et talentueux Ali Drissi, des photos originales de Reda Lemniai, jusqu'à des poufs authentiques ornées d'étiquettes de jeans réalisées par Fathia El Aouni elle-même. L'espace, ouvert de mardi à samedi de 14h30 à 19h, donne la possibilité de prendre un café ou un thé dans une ambiance chaleureuse et artistique, tout en découvrant l'authenticité. «Tout est à vendre jusqu'à même la tasse dans laquelle vous buvez votre café» s'enthousiasme Fathia El Aouni, rattrapée par sa passion pour l'art. En effet, la journaliste avait opté pour des études en stylisme avant que le monde des Médias ne l'accapare. Après 8 ans chez Medi 1, elle retourne à Bordeaux pour fonder une famille et décide d'ouvrir une boutique dédiée à l'art qu'elle appelle déjà Anna Kaona en hommage à Anacoana, cette femme courage , cette guerrière qui a sauvé sa tribu en vendant des objets créés à la main par les femmes du village. C'est ce qui a inspiré Fathia El Aouni dans sa quête du talent, dans son envie de servir de passerelle entre l'anonymat et le succès, entre le rêve et la réalité. «Les lieux d'exposition sont uniquement réservés aux créateurs confirmés, l'accès aux galeries est difficile, à force de faire des interviews, j'ai fait la rencontre de personnes formidables qui avaient beaucoup de choses à révéler. C'est pour cela que j'ai décidé d'ouvrir cet espace convivial et simple». Un espace que les convives de vendredi dernier ont eu du mal à quitter, tellement l'accueil était agréable et les échanges chaleureux. Une tradition que la journaliste-artiste perpétue, puisqu'elle dit avoir été élevée dans une maison ouverte et toujours pleine de monde. «J'ai envie d'élever mes enfants comme cela et de les initier à l'art dès maintenant», confie Fathia, nostalgique de la belle époque. Une époque qu'elle essaie de remettre à l'ordre du jour, puisque l'endroit est amené à s'agrandir et à devenir une véritable maison de créateurs, où les artisans des belles choses auraient des salles à leur disposition pour laisser libre cours à leur imagination. Des sortes de résidences «made in» Anna Kaona, pour que les œuvres soient accessibles et visibles par le plus grand nombre. L'initiatrice du projet souhaiterait également prendre contact avec des associations pour leur proposer cet espace afin d'exposer et de pouvoir vendre leurs créations. «Beaucoup d'associations de femmes par exemple créent des bijoux ou des tapis qu'elles vendent pour faire vivre leur famille mais n'ont pas de plateforme pour. J'aimerai qu'Anna Kaona devienne cette plateforme». Un haut lieu de culture où l'art peut vivre et s'expliquer même aux plus jeunes, comme cet évènement culturel qui expliquerait aux enfants ce qu'est l'art à l'image de «Dessine-moi un mouton». En attendant, Fathia El Aouni, propose des après-midi ouverts, du mardi au samedi, au nom l'art pour tous et par tous...