Après la rude épreuve de l'établissement de la vision qui s'étalera sur les 15 prochaines années, l'Etat prépare la concrétisation des mesures préconisées par le CSEFRS. Repenser la formation et la qualification des métiers de l'enseignement et rétablir la confiance en l'école sont les deux principaux objectifs de la vision. 21 mois après le discours royal du 20 août 2013, qui a tiré la sonnette d'alarme sur la détérioration de l'image du système éducatif aux yeux des citoyens, le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a accompli la mission qui lui avait été assignée. La finalisation de la vision 2015-2030 s'est faite après de longues concertations entre les multiples intervenants dans le système. L'élaboration de la vision représente un tournant dans l'histoire récente du système d'éducation et de formation en raison du consensus dont elle a fait l'objet et des orientations qu'elle a tracées. Il y a désormais un «avant» et un «après» la vision. Néanmoins, ce texte fondateur doit être assimilé par les acteurs de la mise en œuvre de la réforme. Repenser la formation et la qualification des métiers de l'enseignement, et rétablir la confiance en l'école, basée sur le principe de réactivité, figurent parmi les principales finalités de la nouvelle optique adoptée par les responsables en charge du dossier. Plusieurs mesures arrêtées par la vision découlent directement des conclusions autour de l'application de la charte de l'éducation durant la décennie 2001-2011. Le monde rural est l'un des principaux concernés par les mesures correctives préconisées par le CSEFRS, avec «l'établissement d'une discrimination positive au bénéfice de l'école rurale», souligne le projet de vision qui ajoute également la garantie d'accès à l'éducation et à la formation aux personnes à besoins spécifiques. Evidemment, la clarification des choix linguistiques a elle aussi fait l'objet de recommandations, avec l'adoption du principe de pluralité des langues d'enseignement dans l'enseignement de plusieurs matières, au collège et au lycée. Les possibilités offertes dans le cadre du statut avancé, en vue de l'insertion du Maroc dans le système communautaire de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, seraient elles aussi de nature à accélérer la convergence progressive vers les standards européens. Pour la problématique de l'éducation citoyenne, la vision plaide pour la mise en œuvre de «politiques complexes tendant vers l'intégration active dans la société», indique la version finale des axes de la vision présentée devant le roi. En attendant des stratégies segmentées Après l'élaboration de la vision 2015-2030, le CSEFRS devra procéder à la déclinaison des diverses stratégies contenues dans ladite vision. Durant cette étape où le coup d'envoi pour les mesures d'urgence et orientations listées par le conseil se fait attendre, c'est la convergence qui est la principale préoccupation. Trois domaines accaparent l'attention des responsables: la recherche scientifique, la gouvernance des établissements et le contenu des formations, qui devront obéir aux nouveaux critères de la démarche qualité, basée sur la concurrence et la diversification de l'offre éducative. L'implication forte du Parlement et de l'agence d'évaluation sera aussi renforcée avec la rédaction de rapports annuels qui seront remis au président du gouvernement et qui devront impérativement être discutés au Parlement, parallèlement au vote des lois de Finances. Pour leur part, les prérogatives de l'instance présidée par Omar Azziman seront sous les projecteurs. De par son statut, le CSEFRS est chargé d'émettre des avis et des propositions sur les politiques publiques relevant de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, sans oublier la mission constitutionnelle consistant à procéder aux évaluations nécessaires à la mesure de la qualité et de l'efficacité du système éducatif. Le nouveau statut étend le droit de regard du conseil à d'autres pans du système éducatif qui étaient, jusqu'en 2013, hors du champ d'intervention de cette instance.