En marge de la première journée presse du Salon de Genève, Sergio Marchionne, l'administrateur-délégué du groupe Fiat Chrysler Automobile, a tenu une séance de questions/réponses avec divers médias du monde entier, y compris «Les ECO». L'occasion est exclusive : prendre part à une rencontre avec Sergio Marchionne, le grand patron du groupe Fiat, rebaptisé Fiat Chrysler Automobile (FCA). Face à un parterre de journalistes triés sur le volet, Marchionne prend place et invite aussitôt à ouvrir la séance de questions/réponses. La première concerne une marque ayant un fort potentiel de croissance, Alfa Romeo. «Après la 4C, pouvez-vous nous parler un peu d'un modèle à venir?», l'interroge un journaliste américain d'Automobile Magazine. La réponse ne tarde pas: «J'avais mentionné à Detroit que nous avions travaillé diligemment sur la prochaine phase de développement pour Alfa Romeo, qui exige de repenser sérieusement ce que nous avions fait jusqu'ici (...) Je pense qu'il faudra attendre le mois de mai, mais ce que je peux vous dire dès maintenant, c'est que la stratégie d'Alfa sera globalement axée sur sa présence dans les différents marchés, y compris son introduction sur le marché nord-américain d'ici 2015(...) Dans l'organisation du groupe, il y a une poignée d'ingénieurs, de motoristes et de designers s'attelant à leur travail et nous devons leur laisser du temps pour le peaufiner et être fin prêt pour mai, pour vous convaincre que nous avons tiré des leçons de nos erreurs du passé. Vous verrez, la prochaine ère d'Alfa sera bonne». «Longue réponse, je pense» L'une des questions qui ont suivi ont concerné l'avenir de Lancia et son interaction avec les produits de Chrysler. «Je préfère attendre le mois de mai pour vous donner de plus amples détails (...) Il est évident que nous avons revu à la baisse les ambitions de Lancia et ce, du fait que cette marque s'est focalisée sur l'Ypsilon et que le marché italien est resté son noyau dur au fil des ans (...) Je me rends compte que, par extension, je dis les choses qui pourraient blesser les vieux fans de Lancia et quand je dis vieux, ce n'est pas une question d'âge, mais plutôt des amateurs de la première heure» répond Marchionne en cherchant Alfredo Altavilla dans la salle. «Alfredo a été un lanciste toute sa vie (...), là encore je préfère attendre le mois de mai». Les questions s'enchaînent dans cette séance qui aura pratiquement duré une heure. Le Maghreb s'invite dans le débat à travers la question posée par notre confrère Rafik Lahlou. «Au-delà de la stratégie commerciale, avez-vous des projets industriels pour l'Afrique du Nord? Y voyez-vous des opportunités d'investissement ?» lance-t-il. La réponse tombe comme un couperet, mais avec une certaine nuance: «je suis probablement le dernier gars apte à répondre intelligemment à cette question (...) Je pense que nous avons mal saisi les opportunités données par le marché africain pendant une longue période. Je ne pense pas que nous ayons dans l'immédiat un projet d'implanter un site industriel dans ce continent, mais la grande force de notre groupe est qu'il peut bouger à la vitesse de la lumière s'il entrevoit une occasion intéressante... Question suivante!». Enfin, l'une des questions les plus marquantes concerne les effets de la crise et la solution pour en sortir. Marchionne ne mâche pas ses mots : «je l'ai dit publiquement il y a 10 ans : la seule solution, c'est la réduction de la capacité industrielle. Ecoutez, vous ne pouvez pas avoir un euro fort à 1,37 ou 1,38 dollar et maintenir une forte capacité à l'opposé d'une demande en baisse. C'est juste impossible. L'an dernier, j'avais dit que nous allions perdre de l'argent, ce fut le cas, avec près de 8 milliards de dollars en moins pour l'ensemble des marques généralistes(...) GM a perdu de l'argent, Ford a perdu de l'argent, PSA a perdu de l'argent et je ne veux même pas faire de commentaires sur les marques de Carlos... (Ghosn, ndlr), même s'il semble faire beaucoup d'argent avec... (Dacia, ndlr), alors je me tais». Le patron de Fiat se prononce sur une question qu'il juge «difficile» et répond lui-même, concernant le rachat de Chrysler : «Soyons clairs, si nous n'avions pas Chrysler aujourd'hui, il y aurait eu deux conséquences : d'une part, le groupe Fiat aurait été divisé puis, d'autre part, Chrysler n'aurait jamais pu rebondir en 2010». Bref, le franc-parler de Marchionne n'a finalement eu d'égale que la décontraction avec laquelle il a répondu à toutes les questions.