Le samedi 15 mars, Génération Mawazine qui donne aux talents la possibilité de montrer ce dont ils sont capables, mettra fin à la période des castings à Rabat. L'aventure musicale pourra ainsi commencer, mais pour aboutir à quoi ? Le talent au Maroc, ce n'est pas cela qui manque et les artistes marocains qui optent pour les concours à l'étranger nous le prouvent tous les jours. Génération Mawazine tente de réconcilier ces artistes avec leur pays puisque même ici, ils ont des chances de réussir. C'est à travers le début de l'aventure du tremplin que la caravane Génération Mawazine a sillonné les villes du royaume à la découverte de perles rares. C'est depuis 2006 que le tremplin existe, et Génération Mawazine est à l'affut des stars de demain et des groupes originaux qui pourraient succéder aux éternels Hoba Hoba Spirit ou encore Mazagan, ou H-Kayne. Cependant en 8 ans, le bilan du tremplin n'est pas des plus optimistes. Des groupes gagnent, des chansons sont nées, des concerts lors de festivals sont organisés, malgré le fait que les apparitions des groupes sont rares, mais où sont ces groupes ? Vivent-ils vraiment de leur art ? Le doute persiste même s'il est vrai que le star système n'existe pas au Maroc et que les failles sont ailleurs, la machine à créer le talent, le fait de le suivre et de le faire connaître, sont bel est bien en panne. À qui la faute ? Certains pointeront du doigt le ministère de la Culture, quasi-absent. D'autres attaqueront le manque d'originalité et de créativité des artistes marocains. Les plus radicaux blâmeront les gros festivals qui investissent dans des stars étrangères et non nationales. La vérité est ailleurs. Le Maroc manque cruellement de gens qui croient en la culture puisqu'elle est considérée comme la dernière roue du carrosse. Il n'y a aucune initiation artistique dans les écoles, l'enfant grandit avec des livres et des chiffres, persuadé que c'est ce qui le fera vivre plus grand, en boudant déjà très tôt toute éducation artistique. D'autre part, il n'y aucun intermédiaire culturel entre l'artiste et le public. Les métiers d'agents, de «bookeur», de tourneurs, de managers qui font la gloire des artistes internationaux n'existent pas ou très peu ici. Comment faire vivre l'art et lui donner une longévité si personne n'y croit ? Toutes ces questions, la jeunesse les oublie lorsqu'il s'agit de monter sur scène et de s'exprimer à travers un univers musical. C'est le cas de tous ces groupes qui se sont inscrits pour tenter leur chance et pouvoir aspirer à une carrière en bonne et due forme. De castings en castings et d'aventures en aventures, ces jeunes se rencontrent, parlent à des professionnels, reçoivent des avis extérieurs et c'est déjà pas mal...Les yeux plein d'espoir, ils défilent devant le jury composé de Omar Essaidi, Hicham Kabbaj, Younès Lazrak, Nabyl Guennouni et certains sont intimidés, d'autres poussés par l'adrénaline pour donner plus. Ce dimanche 9 mars à Casablanca, les participants ont eu un invité spécial en face d'eux : Don Bigg : «Le niveau n'est pas énorme, j'aurais espéré voir mieux. Je pense que les bons groupes ne postulent pas. Il faut trouver la raison et essayer d'y remédier», confie le rappeur qui n'a jamais eu sa langue dans sa poche et heureusement. Cependant celui-ci demeure confiant : «Le tremplin est une bonne initiative surtout que maintenant l'organisation de Génération Mawazine a compris que le plus intéressant, c'est la direction artistique et non pas l'enregistrement de l'album seulement. Et cela, je pense, se répercutera sur les prochaines productions des gagnants». Que la course artistique commence... De castings en castings... Après Marrakech et Fès, au complexe Mohammed VI à Casablanca, le jury a découvert en live les prestations des 22 groupes présélectionnés. Un melting pot de sons rap, fusion, rock, métal et musique électronique était au rendez-vous. Ces groupes sont venus de 6 villes du royaume : Casablanca, Berrechid, El Jadida, Mohammédia, Settat et Khouribga. Comme à son accoutumée, Génération Mawazine a invité le jeune public à un nouveau concert animé par des groupes lauréats de Génération Mawazine des éditions précédentes. Le rap a été célébré par Rwapa Crew (Lauréat 2011), la fusion/pop avec Melimane (Lauréat 2012) et l'indie rock avec The Basement (lauréat 2013). Le samedi 15 mars, ce sera au tour de Rabat de tester ses talents pout la dernière étape du casting, dans la salle Renaissance. Ils seront 28 groupes à se produire devant le jury, venus de Rabat, Salé, Tanger, Tétouan, Ksar el kébir, Temara, Khmissat. Ils tenteront leur chance dans différents styles, notamment le rock, le rap, l'electro, la fusion, le raï et le metal. Et pour le public de Rabat, Génération Mawazine a mis à l'affiche une soirée fusion, hip hop et rock avec Africa United (Lauréat 2011), AZ Flow (Lauréat 2010) et The Basement, gagnant de l'édition 2013. Des castings qui aboutiront à une demi-finale Génération Mawazine, prévue le 21 mars et une finale le 28 du mois dans la salle Renaissance de Rabat. À travers ce concours qui sillonne les régions du royaume, l'association Maroc Cultures œuvre pour promouvoir la créativité des jeunes en leur donnant la possibilité de se faire connaître et de se réaliser artistiquement. Depuis l'année dernière, Génération Mawazine est ouverte à tous les styles musicaux et aura pour gagnant un seul finaliste. Le gagnant bénéficiera d'un accompagnement et d'un management artistique conséquent. Consciente de l'importance du management artistique, l'association Maroc Cultures accompagnera le lauréat de Génération Mawazine avec un contrat de management d'une durée de 5 ans. Ce contrat comprend l'enregistrement d'un album tous les 2 ans dans des studios professionnels, la promotion et la programmation de l'artiste au sein d'autres événements. Le lauréat sera également programmé sur l'une des scènes de la 12e édition du Festival Mawazine rythmes du monde et participera à la tournée Génération Mawazine en 2014. Les lauréats des années précédentes, Melimane et The basement ont enregistré leur album chez DBF Studio, le studio du rappeur marocain Don bigg. Qui est mieux placé pour sortir tout le talent de ces jeunes et leur tracer un chemin vers une gloire certaine? Le concours commence à donner des résultats, il prouve de plus en plus qu'il s'agit d'un vrai tremplin. Reste à savoir si l'accompagnement portera ses fruits lors de la promotion de leurs futurs albums. Seul l'avenir nous le dira...