Asmae Bennani Artiste-peintre Asmae Bennani a tout d'une grande. Elle met de côté sa fibre financière pour poursuivre une passion, sa passion depuis toujours : la peinture. Elle expose un travail abstrait à la Matisse Art Gallery de Marrakech du 18 avril au 10 mai. Un talent à suivre de près... Qu'elle est belle la jeunesse marocaine, surtout quand elle propose un retour aux belles choses et un travail imprégné. C'est le cas d'Asmae Bennani, une lauréate de l'Université Al Akhawayn où elle obtient un MBA en marketing mais qui décide de donner une orientation artistique à sa carrière. Celle qui a toujours eu une fibre artistique et une envie permanente de «gribouiller partout» a été influencée par un père artiste amoureux de l'image et de la photographie. Une passion et une envie enfouies qui se révèlent à la découverte de l'atelier de Mohamed Ghiati à Fès où la jeune artiste est subjuguée par la couleur et le désordre ordonné. D'ailleurs ce désordre maîtrisé se ressent dans son travail comme si elle se permettait de faire ressortir toute sa vision du monde et ses envies les plus profondes, tout de même contrôlées par des formes géométriques qui peuvent être interprétées comme le regard de la société, la religion, les parents...Des questionnements existentiels qu'Asmae Bennani se permet de «balancer» sur ses toiles. «Ce qui est intéressant à découvrir dans les toiles d'Asmae Bennani, ce sont à la fois sa confrontation avec les conventions de cette peinture géométriquement formalisée dans laquelle elle laisse s'épanouir une explosion émotive, mais également ses interrogations sur le geste de peindre. Un geste irrationnellement expressif, dans la nécessité et l'urgence, qui permet à l'artiste de retrouver une respiration propre et l'affirmation de sa propre personnalité. «Une chose est sûre en tout cas, c'est le début d'une grande aventure pour Asmae Bennani, dont l'œuvre fera certainement beaucoup parler d'elle», témoigne la galerie Matisse de Marrakech, qui accueille l'oeuvre d'une novice dans le domaine puisque celle-ci croit à son talent et souhaite participer à la découverte d'un talent marocain. «Lorsque pour la première fois, il y a plus d'un an, j'ai vu les toiles qu'elle avait peintes, c'est à cela que j'ai pensé. Il y avait là, certes, quelque chose qui se cherchait, une forme inaboutie, des maladresses qui avaient la fraîcheur de la jeunesse, mais surtout, j'ai senti combien c'était l'acte de peindre qui importait pour cette jeune artiste, combien il était important pour elle, dans la situation qui était la sienne, d'affirmer sa différence grâce à la peinture, d'exprimer quelque chose d'irrépressible, d'y retrouver comme une respiration propre et l'affirmation de sa propre personnalité. Je la sentais répondre à une injonction très profonde, et c'est cela qui importe, qui est le signe qui jamais ne trompe, que l'on a affaire à un véritable artiste. J'ai vu cela dans les premières séries qu'elle réalisa où chaque toile se prolongeait dans la suivante, il s'y créait un rythme, celui de la répétition, comme la marque d'une préoccupation intérieure qui jamais ne se démentait». Aujourd'hui, l'artiste expose toutes ses préoccupations et reflète cette jeunesse qui revient à l'abstrait malgré une production artistique contemporaine dominée par les nouveaux médias comme la photographie, la vidéo ou les installations conceptuelles. Après un retour à la figuration à la fin du XXe siècle et au dessin, les jeunes s'orientent de plus en plus vers l'abstraction en peinture. Asmae Bennani en est le parfait exemple. «Comment contenir le réel et à la fois lui laisser sa part d'imprévu et d'inconvenance, voilà la question essentielle que se pose Asmae». Une question à laquelle chacun tentera de répondre à sa manière du 18 avril jusqu'au 10 mai à la Matisse Art Gallery de Marrakech...