Guy M'Bengue Directeur général de l'Agence de promotion des exportations de Côte d'Ivoire (APEX-CI) Les ECO : En marge du dernier forum ivoiro-marocain tenu lors de la dernière visite du roi à Abidjan, vous lanciez un véritable appel à l'investissement... Guy M'Bengue : Tout à fait. C'est un message qui s'inspire des dernières conclusions des rencontres d'affaires ivoiro-marocaines tenues en marge de la dernière visite du roi Mohammed VI à Abidjan. Nous sommes en effet dans une logique commune et partagée de promotion des investissements de part et d'autre. Nous avions en effet signé un accord de partenariat avec le Centre marocain de promotion des exportations (Maroc Export, ndlr), afin de promouvoir en commun les exportations dans les deux sens des échanges. Nous sommes arrivés à ce partenariat dans le but de développer nos balances commerciales respectives, mais aussi dans l'optique de profiter du dynamisme de croissance du marché ouest-africain, en général, et ivoirien en particulier. Il faudrait que nous amenions les secteurs privés des deux pays à prendre conscience de cet état de fait, en leur offrant le cadre politique et règlementaire adéquat. Quels secteurs d'activité mettriez-vous en priorité ? Le secteur du textile pourrait être un bon exemple de concrétisation de ce partenariat. Le Maroc a su développer son industrie locale du textile et dispose d'une expertise consacrée et confirmée sur le continent et dans le monde. La Côte d'Ivoire, de son côté, est l'un des premiers producteurs et exportateurs de coton brut dans le monde. Si nous parvenons à mettre en commun ces deux aspects – les compétences et la matière première – je pense que toutes les formules de partenariat seraient envisageables. Nous pourrions par exemple nous positionner, pour les entreprises marocaines qui investiraient dans ce pays, en véritable hub de réexportation de produits textiles confectionnés vers les autres pays de la région et même bien au-delà. Cela, dans la mesure où des partenariats pourraient même être développés dans le cadre de l'AGOHA. Ce programme permet à certains pays d'Afrique subsaharienne, à l'image de la Côte d'Ivoire, de bénéficier d'avantages douaniers préférentiels pour l'accès de leurs produits au marché américain. Les entreprises marocaines du textile et d'autres secteurs pourraient bien profiter de cette opportunité énorme. Nous souhaitons donc qu'il y ait de réels partenariats entre les opérateurs économiques des deux pays, afin de co-réaliser des projets d'investissement mutuellement profitables. Le but n'est pas de se limiter aux exportations, mais aussi de favoriser une coopération économique à valeur ajoutée. L'Etat ivoirien est-il aujourd'hui prêt à «jouer le jeu»? Nous sommes entièrement engagés sur cette voie. La volonté politique de donner plus de contenu aux relations économiques entre les deux pays s'est manifestée au plus haut niveau. N'oublions pas que nous venons de signer plusieurs accords, dans ce sens, avec le Maroc. Ce sont des actes très forts. Nous sommes en train de mettre en place tout un programme de réformes et d'améliorations de la pratique des affaires en Côte d'Ivoire... Avec un accord sur des tarifs préférentiels des échanges, par exemple... Cela sera tout à fait envisageable, lorsque le contexte le justifiera. Pour le moment, le plus important est de mettre en place le cadre idéal au développement des échanges ainsi que des projets de partenariat entre les deux pays. Nous ajusterons, au fur et à mesure de l'avancement dans le sens des intérêts économiques des deux pays, certains aspects particuliers liés à la facilitation de nos échanges.