Dans un contexte où le manque de liquidités sur le marché monétaire se fait sentir, l'engouement des grandes entreprises pour la dette privée se confirme au terme du second trimestre 2011. C'est, entre autres, ce que révèle une rétrospective publiée par BMCE Capital Markets et le centre d'intelligence économique de la même banque. «Le deuxième trimestre de l'année 2011 a été marqué par une faible volatilité des taux d'intérêt», indiquent donc ces analystes. «Le marché obligataire marocain a enregistré une tendance quasi stable due à un équilibre du couple offre/demande en titres bons du Trésor», poursuivent-ils. Au total, le marché de la dette privée a été animé par 18,5 milliards de dirhams de papiers émis au terme du second trimestre de l'année en cours, contre 17 milliards pour le compte du deuxième trimestre de 2010. Les banques ont soif de liquidités Par catégories, ce sont les titres de créance négociables (TCN) qui ont connu le plus fort engouement, portés par les certificats de dépôt, auxquels les banques de la place ont fortement recouru durant le trimestre. Ils ont représenté 71% du volume global émis sur le marché de la dette privée, soit 13,3 milliards de dirhams, en augmentation de 17% en glissement annuel. Ce qui traduit entre autres l'accroissement des besoins de liquidité des établissements bancaires, face à leur difficulté à attirer l'épargne et la rareté des liquidités sur le marché monétaire. Mais l'évolution la plus marquée au terme du trimestre a été enregistrée sur les billets de trésorerie émis par les entreprises (par définition), qui ont vu leur volume augmenter de 49% relativement au second quart de 2010. «L'intérêt porté aux billets de trésorerie par les différents émetteurs du marché s'est justifié par l'effet combiné des restrictions bancaires et des conditions avantageuses de cet instrument», estiment les analystes de BMCE Capital Markets. Les principaux émetteurs intervenant sur ce compartiment ont été Maghreb Oxygène, Afriquia Gaz, Disway et Maghreb Steel. Il faut dire que la liste des avantages et possibilités recensés est plutôt alléchante : optimiser le coût de financement à court terme, faire face à des besoins ponctuels de trésorerie relatifs à l'augmentation du BFR, réduction des charges financières, diversification des sources de financement, meilleur pouvoir de négociation avec les partenaires financiers. Mais aussi, au même titre qu'une introduction en Bourse réussie, le recours au financement par l'émission de billets de trésorerie est un signal fort pour consolider l'image de marque de l'émetteur, de quoi faciliter les futures opérations d'appel public à l'épargne. De plus, comme pour les autres catégories de dette privée, les conditions de taux sont particulièrement avantageuses et stables, sur l'ensemble des maturités. Le niveau des spreads l'illustre, avec un spread de 25 points de base qui a caractérisé l'émission à un mois des billets de trésorerie d'Afriquia Gaz. Suivant le même trend, les bons de société de financement, titres de dette privée réservés aux sociétés de financement, ont également connu un dynamisme notable. Le volume des émissions s'est accru de 17% entre les seconds trimestres de 2010 et de 2011. Pas moins de 14 opérations ont été effectuées par 5 sociétés de financement (Sogelease, Wafabail, Maghrebail, Salafin et Eqdom) pour un total de plus de 2 milliards de dirhams, pour des maturités de 2 à 5 ans, assorties de taux faciaux allant de 4,15 à 4,45%. Seule catégorie en perte de vitesse, le volume des émissions obligataires réalisé au cours du deuxième trimestre de l'année s'est replié de 37% relativement à la même période de l'année précédente. Seules Autoroutes du Maroc et Attijariwafa bank ont procédé à des emprunts obligataires durant le second trimestre de 2011, pour une levée totale de 2 milliards de dirhams. Mais l'année est encore loin de son terme, les analystes prévoyant d'autres opérations à venir d'ici décembre. «En l'absence d'une volatilité de taux, la demande devrait être significative sur le papier à spread. Le marché obligataire devrait enregistrer plusieurs émissions d'ici la fin de l'année suite à des conseils d'administration qui ont approuvé le recours à la dette privée comme moyen de financement, tels que ceux de la CGI et l'ADI qui disposent d'un reliquat de programme d'émission obligataire de 1,5 milliard et 1 milliard de DH respectivement, et des appels d'offres qui ont été lancés par ADM, TMSA, FEC...», présagent les auteurs de la rétrospective. Et ça continue... D'autres émissions prochaines dans le cadre des programmes d'émission existants pour des émetteurs récurrents (Eqdom, Maghrebail, Salafin, AWB, Maghreb Steel, Nexans, Disway...) peuvent également être effectuées, selon les mêmes analystes. Par conséquent, les remboursements en capital de la dette privée prévus pour le deuxième semestre de l'année 2011 s'élèveront à 19,4 milliards de DH. En somme, «nous risquons d'avoir une fin d'année dynamique et marquée par une présence importante du Trésor et des émetteurs privés sur le marché local».