Après l'entrée en service le 18 septembre dernier de Nexttel, filiale du vietnamien Viettel, comme troisième opérateur de téléphonie mobile, le gouvernement vient d'attribuer la quatrième licence à l'entreprise publique Camtel. Depuis ce vendredi 26 septembre 2014, le Cameroun compte quatre opérateurs de téléphonie mobile. En effet, ce jour-là, le gouvernement a attribué la quatrième licence d'exploitation à la société Camtel (Cameroon telecommunications), société détenue par l'Etat camerounais. Dans le texte officiel qui a été publié dans la presse à cet effet, il est dit que la nouvelle licence ne vaudra qu'à partir du 1er janvier 2015. Entreprise entièrement détenue par l'Etat camerounais, Camtel était jusque-là l'unique société fournissant les services de téléphonie fixe, même si dans la pratique, l'abonné peut exploiter sa ligne avec un téléphone portable spécial disponible sur le marché. En vertu du contrat de 15 ans signé avec le gouvernement camerounais, cette entreprise offrira désormais aussi bien des liaisons fixes que des liaisons mobiles. La 3G pour tous Auparavant, le 18 septembre avait vu l'entrée en service du troisième opérateur de téléphonie mobile, en l'occurrence Nexttel, filiale camerounaise du géant vietnamien Viettel. L'on se souvient qu'en 2012, c'est ce dernier qui avait remporté l'appel d'offres émis par le gouvernement camerounais pour l'attribution d'une licence de téléphonie mobile intégrant la technologie de troisième génération (3G). Viettel avait alors surclassée entre autres concurrents Maroc Telecom. L'entreprise avait alors obtenu du gouvernement l'exclusivité de l'utilisation de la 3G pendant deux années, soit 2013 et 2014, mais suite à des difficultés d'implantation, Nexttel n'est pas entrée en phase d'exploitation fin 2012-début 2013 comme initialement prévu. En commençant ses activités le 18 septembre, elle ne jouira donc de cette exclusivité que pendant à peine un peu plus de trois mois car, selon des informations émanant de l'Agence de régulation des télécommunications (ART), dès le début de l'année 2015, tous les opérateurs de téléphonie présents sur le marché seront autorisés à exploiter la 3G. Outre le nouveau venu Camtel, ces autres opérateurs sont le français Orange et le sud-africain MTN dont les filiales camerounaises sont présentes sur le marché, respectivement depuis 1999 et 2000. Jusqu'au 18 septembre, ces deux opérateurs qui exploitent jusqu'à présent la 2G se sont partagés le marché de la téléphonie mobile, atteignant environ 18 millions d'abonnés au total sur une population estimée à environ 22 millions d'habitants. Zones d'ombres Pour autant, les circonstances de l'attribution d'une licence d'exploitation de téléphonie mobile suscite de nombreuses observations et interrogations. En effet, personne ne se souvient de la publication d'un appel d'offres en vue de la délivrance de cette quatrième licence. Un cadre du ministère des Postes et télécommunications du Cameroun confirme d'ailleurs qu'il n'y a effectivement pas eu d'appel d'offres ; sans aucune explication. Aussi, les termes de l'acte d'autorisation et le montant versé par Camtel pour obtenir cette licence ne sont pas connus. Alors que ces clauses sont d'une importance certaine pour comprendre la situation quand on sait que pour s'implanter sur le territoire camerounais en 2000, MTN Cameroon avait racheté la licence de téléphonie mobile qu'exploitait alors Camtel, sous le nom de Camtel mobile. Plus grave, Camtel est l'entreprise qui gère les infrastructures de télécommunications pour le compte de l'Etat, à l'instar de la fibre optique dont elle a le monopole de la pose à travers le pays. «Qu'elle soit notre fournisseur en matière d'infrastructures et maintenant notre concurrente en matière de fournitures de liaisons téléphoniques mobiles pose nécessairement un problème de concurrence», réagit avec beaucoup de déception un cadre de MTN Cameroon. Thierry Ekouti, Dir. pub - Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Si seulement... Ces derniers jours, l'on a pu mesurer une fois de plus l'attention que les pouvoirs publics camerounais accordent au football et la détermination de ces derniers à résoudre rapidement les moindres problèmes des Lions indomptables. Le dernier exemple en date est la création vendredi dernier d'une académie de football au Cameroun. Si seulement l'Etat pouvait accorder la même attention aux entreprises et en particulier aux PME/PMI ne serait-ce qu'en ce qui concerne la question de la célérité dans le paiement de leurs prestations ou dans la mise en fonctionnement de la banque des PME. Si seulement l'Etat pouvait accorder la même attention aux plaintes des travailleurs de différents corps sociaux sur leurs mauvaises conditions de travail. Si seulement l'Etat et ses démembrements pouvaient accorder la même attention à l'état du réseau routier de nos villes qui est généralement très dégradé.Si seulement le gouvernement pouvait accorder la même attention à l'évolution de l'économie nationale pour anticiper, puis redimensionner et moderniser à temps nos infrastructures énergétiques, portuaires, sociales et de télécommunications.En un mot, si l'Etat pouvait accorder la même attention aux activités moins divertissantes, mais plus déterminantes dans le développement d'un pays, le Cameroun pourrait devenir un pays émergent non pas en 2035, mais en 2025.