Didier Tincuff Artiste Il fascine avec son œuvre sur le plastique et l'Afrique à la galerie Conil Tanger. Didier Tincuff y expose «Afrique plastique» jusqu'au 15 novembre. Rencontre avec un amoureux de Tanger qui opte pour une démarche plus esthétique que militante. Il a eu le coup de foudre pour Tanger, le Maroc et... plastique en même temps. Ainsi, il a posé ses bagages dans la perle du Nord avec sa femme marocaine. Artiste, il remarque vite le plastique qui envahit les rues, les champs et les plages. Il en fera le thème de sa nouvelle exposition: «Afrique plastique». Un choix dicté par les vagues sur les plages de Tanger. Le plastique est un matériau omniprésent selon les modes de consommation et l'Afrique n'est pas épargnée. Les citoyens et les pouvoirs publics sont confrontés à une nouvelle gestion des déchets, cela passe par l'éducation et des moyens techniques parfois compliqués a mettre en œuvre, c'est un défi global. «Le salon du livre à Tanger en mai 2014, avait pour thème l'Afrique, je me suis documenté sur les arts dits ethniques, le rôle des masques, leurs significations, c'est un domaine que je connaissais mal, j'ai étudié cet esthétisme comme je le faisais pour chaque objet intéressant qui rentrait dans ma boutique d'antiquités», explique Didier Tincuff, qui a suivi une formation d'architecte d'intérieur à l'ESAM (Ecole supérieur des arts moderne; Paris) où il reçoit l'enseignement du peintre Jean Langlois. Il se spécialise, de façon autodidacte, dans la peinture décorative et le trompe-l'œil, son activité lui donne l'occasion de restaurer et de créer des meubles peints, pour le compte de collectionneurs et d'antiquaires, il apprendra ainsi les techniques traditionnelles de la peinture. Puis il sera amené naturellement à exercer la profession d'antiquaire et de décorateur pendant 15 ans. Fort de son expérience et de ses connaissances, il crée actuellement des assemblages ludiques et colorés, souvent surréalistes, parfois cyniques, tout en pratiquant également la photographie et la peinture, cela sans jamais renoncer à l'unité et à l'harmonie picturale, qui restent pour lui, les seuls impératifs fondamentaux. «Grâce à mon métier d'antiquaire, je créais des assemblages avec divers matériaux provenant de lots achetés en brocante, tels que des têtes de poupées ou des engrenages anciens, je présentais mes créations avec de véritables antiquités évitant ainsi l'aspect «total look» à mes ambiances de boutique, c'est sur les plages autour de Tanger surtout en fin de saison estivale lorsque le nettoyage des plages se fait moins pressant, que je fus confronté aux plastiques les plus divers, j'ai rapidement porté un autre regard sur ces petits bouchons et ces morceaux d'emballages». Inspiré par son quotidien, de la dualité entre le traditionnel et le moderne, il puise tout d'abord dans l'impressionnisme qu'il considère comme révolution primordiale en peinture, celle qui libère en grande partie l'artiste des contraintes de représentation académique, tout en restant ouvert à d'autres courants ou choix artistiques. «J'ai eu le privilège de voyager sur plusieurs continents, et j'ai pris la peine de m'intéresser en détail à certains aspects de ma propre culture. Ce bagage m'a armé contre les préjugés idiots, tout en me permettant d'être curieux des autres. Même si je porte un regard lucide sur la société, je m'accomplis en proposant un constat sous une forme esthétique, plutôt que d'en faire un procès paternaliste». Il expose aujourd'hui à la galerie Conil de Tanger jusqu'au 15 novembre avec pour mode d'expression de prédilection l'assemblage et avec des projets plein la tête . Il travaille sur une prochaine exposition, très marocaine cette fois, avec des objets symboliques revisités par le plastique, certains sujets seront traités en peinture. Il a également un projet photographique à long terme. Il crée chaque jour. Son seul ennemi, dit-il, c'est le temps. «Je n'ai que deux mains et j'ai peur de ne pas aller assez vite !», conclut l'artiste.