Bishar A. Hussein Directeur général de l'Union postale universelle (UPU) Evolution des postes en Afrique, défis rencontrés et solutions de relance, le directeur général de l'Union postale universelle (UPU) dresse ici un tableau du secteur. Bishar A. Hussein appelle les gouvernements à donner plus d'intérêt et à accorder plus de financements aux services postaux. Il appelle aussi au développement des infrastructures pour soutenir le développement de leurs activités. Les ECO : Comment évolue le secteur des postes en Afrique? Bishar A. Hussein : Les services postaux sont en train de se développer en Afrique. Les responsables africains en charge du secteur sont conscients des évolutions de l'environnement, de la compétition et des nouveaux défis relatifs aux nouvelles technologies. Les autorités sont aussi conscientes des besoins du marché. De ce fait, beaucoup de services postaux sont en train d'opérer des transformations et des changements. Cependant, ils ne le font pas à la même vitesse. Il y en a qui le sont à un rythme rapide (qui ont pris les options technologiques et de productions nécessaires), d'autres à un rythme lent. Cela dit, le plus important pour nous, c'est d'être capables d'offrir des prestations de qualité aux citoyens. Quels sont les principaux obstacles rencontrés, ainsi que les moyens de les surmonter? La principale difficulté rencontrée est la disponibilité des ressources financières. C'est la raison pour laquelle les gouvernements doivent investir dans le secteur, car celui-ci contribue au développement économique et social des pays. La régulation constitue également un facteur non négligeable. Enfin, nous conseillons aux gouvernements de faire davantage appel aux établissements postaux comme canaux afin de délivrer les services destinés aux citoyens. Autre chose: il faut aider les citoyens à bénéficier de services de proximité. Cela permettra à l'ensemble des parties (gouvernement, poste et citoyens) d'en sortir gagnantes. Le faible développement des infrastructures ne freine-t-il pas la bonne marche du service postal? Pour être honnête avec vous, je reconnais que cela constitue un véritable défi pour nous. Actuellement, nous répertorions 56.000 bureaux de poste en Afrique qui ne sont pas connectés au réseau électrique, ni au réseau internet! 80% de la population africaine vit en milieu rural. Il est donc inconcevable de développer les bureaux de poste dans les campagnes si les populations n'ont pas accès à l'électricité. Par conséquent, notre priorité numéro un, consiste à réussir à connecter les bureaux de poste au réseau électrique. Le développement des infrastructures constitue le moyen d'inclusion de gens vivant dans les zones reculées. Cela aidera aussi au développement des entreprises qui y trouveront un moyen de rentabiliser leurs activités grâce à une nouvelle clientèle. Envoyer un colis à l'étranger continue de prendre du temps. Pour ce faire, il faut en moyenne deux semaines. Comment remédier à cette situation? Pour arriver à trouver une solution à ce problème, les établissements postaux doivent prendre certaines mesures. Je vous en citerai trois. La première consiste en l'innovation. Il faut d'abord apporter des innovations dans l'usage de la technologie, ensuite innover dans la manière de faire son business et, enfin, innover dans les produits proposés à la clientèle. La deuxième mesure que les postes doivent prendre pour réduire les délais de transmission des courriers, c'est d'œuvrer pour une meilleure intégration. Par exemple, si un pays comme le Sénégal fait des efforts dans son système postal, alors qu'un autre pays ne le fait pas, cela va continuer à peser sur les délais d'envoi des colis. Cela veut tout simplement dire que nous devons tous harmoniser nos systèmes. Enfin, la troisième mesure, c'est de veiller à une meilleure inclusion financière. Autrement dit, tous les citoyens doivent être inclus afin de faciliter les différents services. J'espère que la mise en œuvre de ces trois mesures vont se généraliser en Afrique.