Ce matin là, Komy s'est déplacé à Casablanca pour promouvoir son premier album «Sociologie». Interviews avec les stations radiophoniques de la place, rendez-vous avec les journalistes... Bref, la matinée s'est avérée chargée pour ce jeune rappeur marrakchi. «J'ai lancé mon album il y a à peine un mois. Mon objectif maintenant est de le promouvoir. C'est un rêve qui devient réalité». Komy, de son vrai nom Oussama Dallouli savoure en ce moment les fruits d'un travail de longue haleine. «Cette production a nécessité plus d'un an de travail, en compagnie notamment de Abderrahmane Damoussi (ndlr : mentor du groupe Fnaïre) et DJ Van.», précise-t-il. En évoquant le travail réalisé en amont, Komy n'oublie pas d'aborder les craintes qu'il avait par rapport à la production. «Vous savez très bien que c'est très difficile de trouver un producteur au Maroc. Produire un album de rap est un vrai défi». Mais Komy est chanceux. «Sociologie» a été en effet produit par Partinium Universal Music. Ce n'est pas tout. Naïma Lemcherki, figure emblématique du paysage artistique national, participe à l'une des douze chansons de l'album. «Tout s'est passé par hasard... j'avoue que son coup de pouce m'a beaucoup marqué». La vie quotidienne, ma seule source d'inspiration ! Déterminé à apporter une valeur ajoutée au rap national, Komy n'hésite pas à bousculer l'ordre des choses. Les sujets abordés par ses chansons le prouvent. Des sujets inspirés du quotidien d'une société marocaine gangrénée par la corruption, la contrebande et la question identitaire. «À travers ce premier album, j'ambitionne de donner mon avis en tant que jeune marocain sur les problèmes de ma société. Attention, je ne suis pas là pour donner des conseils mais pour exposer les faits. En plus, je ne sais pas écrire ou chanter sur des questions que je ne connais pas», tient à souligner Komy. Pourtant, «Sociologie» ne contient aucun tube sur les mouvements de changement que connaît le Maroc. «Le fait de ne pas en parler dans mon album ne veut pas dire que je ne suis pas sensible à ce qui se passe. Au contraire, je suis l'actualité de très près, mais je ne veux pas produire un single sur ce sujet, juste parce que les autres artistes l'ont fait». Droit dans ses bottes, bardé d'ambitions, Komy a déjà préparé le clip du tube «Ma sociologie». Diffusé sur Youtube depuis quelques jours, le clip a été réalisé avec beaucoup de professionnalisme. «C'est grâce à Damoussi que ce clip a vu le jour. Nous ne voulions pas, mon producteur et moi, bâcler les choses. C'est pourquoi, nous avons fait appel à un réalisateur professionnel et surtout pris notre temps pour livrer une version à la hauteur des aspirations du public». En boucle sur les ondes des radios nationales, «Sociologie» présente le rap autrement. Avec une musique rythmée et innovante et des paroles engagées clairement prononcées (contrairement à bon nombre de chansons de rap), Komy semble trouver la bonne voie. Le rap pour toujours ! Mais avant de lancer cet album sur le marché marocain, Komy a bien fait ses armes dans l'univers de la musique. Fondateur en 2004 du groupe Brada avec Rédouane Aka Lil Haunted, il arrive très vite à s'imposer sur la scène. «On s'est produit à l'édition 2006 du Boulevard, mais avant, j'avais déjà enregistré un tube en solo avec DJ Van». Les singles enregistrés avec les moyens de bord de cette jeune formation sont bien accueillis par le public et surtout par les producteurs, notamment Damoussi. La belle histoire de Brada prendra fin en 2009. Que faire ? Laisser tomber son rêve de toujours ? Grâce à une volonté implacable, le jeune artiste installe un studio d'enregistrement chez lui et mène tranquillement une carrière en solo. «Le rap est mon genre de prédilection depuis toujours. Je ne pouvais pas laisser tomber mon rêve d'enfance». Précurseur au Maroc du mouvement crunck (une variante du hip-hop sudiste originaire de Memphis aux Etats-Unis), il devient le DJ du groupe Fnaïre pendant plus d'un an. Une expérience enrichissante pour le jeune artiste. Attiré plutôt par le chant et décidé à produire un album, il arrive à se mettre d'accord avec Damoussi sur les grandes lignes de leur collaboration. «Nous avons enregistré les douze chansons de l'album dans une région très calme entre Larache et Asilah. Nous voulions nous concentrer sur le travail». Après avoir atteint son premier objectif, Komy, qui a participé au dernier festival de Mawazine, compte médiatiser cette première production. «C'est ma seule préoccupation pour l'instant. Les autres étapes viendront au fur et à mesure»