La profession est en train d'évaluer les pertes occasionnées par la seconde vague des intempéries. Une réunion a été tenue hier entre les professionnels. Les premiers dommages recensés sont de l'ordre de 67,5 hectares causés par l'effondrement des structures, la détérioration du feuillage et du plastique. Le constat fait déjà l'unanimité : les pluies diluviennes accompagnées de vents qui se sont abattues sur le périmètre agricole Souss-Massa ont causé des pertes énormes. C'est en tout cas l'avis émis par plusieurs professionnels appartenant à la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d'exportation des fruits et légumes (Fifel), mais aussi de la section Souss de l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (Aspam) et de l'Association marocaine des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (Apefel). Des cultures en plein champ et plusieurs exploitations appartenant à des producteurs-exportateurs ont été touchées par les intempéries ou submergées par l'eau dans les principales zones de production, notamment à Chtouka-Aït Baha, Taroudant et bien d'autres. Actuellement, bien qu'il soit encore trop tôt pour dresser le décompte définitif des dommages, une chose est sûre, la sphère agricole se prépare à payer une facture salée à l'issue de ces événements climatiques, qui interviennent après le démarrage de la campagne d'exportation. Selon Hrou Brou, directeur régional de l'agriculture dans le Souss-Massa-Drâa, «tant que des routes sont encore bloquées, il est difficile d'avancer les chiffres ou dresser un bilan exhaustif des pertes occasionnés par les intempéries». Pour sa part, «la profession s'est déjà attelée sur cette question afférente au bilan des dégâts. L es commissions ont inventorié les dommages et ils ont été traités hier au cours d'une réunion entre les collègues de la production et de la valorisation», annonce Lahoucine Aderdour, président de la FIFEL et de l'Apefel. À cet égard, un communiqué sera rendu public dans les prochains jours. Selon Omar Mounir, porte-parole de la FIFEL : «Ce sont les exploitations et le parc productif des abris et des serres qui seraient principalement touchés par ces précipitions record qui se sont abattues sur la région». Dans le détail, les agriculteurs sont protégés contre les tempêtes ou la grêle et bien d'autres, mais ils ne bénéficient d'aucune couverture en termes d'assurance sur le risque d'inondation, une donne qui compliquera davantage la situation des agriculteurs. Du côté de la section Souss de l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (Aspam), «les pertes enregistrées à l'issue des mauvaises conditions météorologiques oscillent entre 10 à 15% de la récolte», avance Bouhdoud Boudlal. En attendant le bilan définitif des dernières intempéries, celui du 20 novembre 2014 annonce déjà le ton. Sur le terrain, les pertes recensées par la profession sont qualifiées de considérables. Les premiers dommages des agriculteurs s'élèvent à 67,5 hectares. S'agissant de la nature des dégâts (chutes de fruits ou autres), elle porte essentiellement sur l'effondrement des structures sous le poids de la grêle, la détérioration de la couverture en plastique et du feuillage. Sur ce dernier point, c'est la commune d'Aït Amira qui a été la plus touchée par cette question. Les cultures de navets et carottes en plein champ ainsi que du haricot vert ont été complètement anéanties. Sur près de 20 hectares, le taux des dégâts dans cette commune a atteint les 100%. Dans la commune de Oued Assafa cette fois-ci, une superficie égale à 12,25 hectares de tomates et poivrons sous serres en plus des piments forts a été détruite sous le poids de la grêle qui a provoqué l'effondrement des structures et détérioré également le feuillage. Le taux des dégâts varie entre 60 à 90% dans les exploitations recensées dans cette commune. C'est un scénario identique qui s'est déroulé dans les communes d'Imimkourne et celle de Belfaâ. Respectivement 25,5 hectares de tomates sous serres ont été endommagés suite à l'effondrement des structures et la détérioration du plastique tandis que 10 ha de courgettes en plein champ ont été complètement détruits. De surcroît, quelques stations de conditionnement ont également enregistré des dommages en termes d'équipements. S'ajoute à cela la situation de quelques vergers qui sont impraticables et inaccessibles par la main-d'œuvre et les intrants agricoles, en plus des conditions de récoltes difficiles dans d'autres, en raison des boues ainsi que des effets indirects. Il s'agit principalement du développement des maladies fongiques surtout du mildiou et du botrytis après de telles conditions climatiques. De plus, des arbres ont été également déracinés ou emportés par les crues dans les zones montagneuses. Selon la direction régionale des eaux et forêts, les commissions procèdent actuellement avec la population locale à l'inventaire des dégâts. Ce sont les eucalyptus qui ont été exposés le plus aux vents vu leurs hauteurs tandis que le nombre des arganiers arrachés est limité vu leurs fortes racines». Par ailleurs, le seul «secteur» auquel ces précipitations ont été pleinement bénéfiques est celui des barrages. Ces derniers affichent un taux de remplissage de l'ordre de 92,5% au niveau de la région Souss-Massa-Drâa. À cet égard, le volume d'eau emmagasiné est passé de 444,076 mm3 pour se situer actuellement à 1348,742 mm3, soit un apport supplémentaire égal à 904,666 mm3. Inondations : Rebbah promet un rapide rétablissement Le coût humain et matériel des inondations n'a pas encore été estimé de manière définitive. Les députés déplorent la lenteur des opérations de secours et la fragilité des infrastructures. Les parlementaires ont interpellé le ministre de l'Equipement, du transport et de la logistique au sujet la des inondations qui ont paralysé les régions du Sud. «Nous sommes toujours dans la phase de collecte des données et de recensement des dégâts dans les zones touchées. Une chose est sûre 505 ponts ont été détruits. Les inondations de 2009 avaient coûté près de 4 MMDH», a répondu Abdelaziz Rebbah tout en refusant de donner des détails sur le coût global du rétablissement des infrastructures dans les villes sinistrées. «Ce n'est qu'à la fin de cette semaine que nous pourrons avoir des données précises sur le bilan final des inondations», a-t-il ajouté. Toutefois, on estime à 65 MDH la facture de la réouverture des ponts, et 1 MMDH sera débloqué pour le rétablissement des routes afin de désenclaver plusieurs communes. Les impacts des inondations ne seront pas uniquement traités au niveau du ministère, ils le seront aussi au niveau central. Le plan d'urgence est déclenché dans les zones sinistrées et les populations sont invitées à limiter leurs déplacements, notamment nocturnes. De violents écoulements de l'oued Zagmouzen, qui traverse la ville de Taliouine, dans la province de Taroudant sont encore à craindre. La priorité de circulation sera accordée aux urgences médicales ainsi qu'aux petites voitures, et seront de facto exclus de cette priorité les poids lourds et les autocars pour le transport des passagers. Les travaux de rétablissement menés jusqu'à présent concernant les points endommagés par les inondations (20 points environ) se poursuivent afin de rétablir la circulation sur la route nationale n° 9, reliant Ouarzazate à Marrakech. Les données de Rebbah montrent aussi que la route nationale entre Tiznit et Bouizakarne a été partiellement ouverte à la circulation. Les parlementaires ont pointé du doigt la lenteur des opérations de secours et la fragilité des infrastructures. Plusieurs appels ont été émis pour une révision des schémas directeurs des régions touchées pour limiter, à long terme l'impact des inondations sur les zones sinistrées. Par ailleurs, les opérations de secours menées depuis le 27 novembre ont permis le sauvetage de 1.093 personnes, en majorité dans les régions de GuelmimEs-Semara et de Souss-Massa-Draâ. De même, 1.690 personnes habitant des zones à risque ont été évacuées à titre préventif. Enfin, les pertes humaines s'élèvent à 11 morts. Intempéries, Sidi Ifni ravitaillée par mer Bonne nouvelle pour les habitants de Sidi Ifni, totalement isolés depuis plusieurs jours, à cause des intempéries. Le premier convoi d'aide humanitaire a été expédié en début de semaine à partir du port d'Agadir, sur 10 bateaux chargés de denrées alimentaires et de produits de première nécessité. Ils sont arrivés au port de Sidi Ifni mardi matin. En chiffres, les quantités transportées par voie maritime oscillent entre 300 à 400 tonnes sous forme de nourritures, d'eau potable, de bouteilles de gaz etc...Quatre conteneurs seront également expédiés, aujourd'hui mercredi, sur deux bateaux, pour compléter l'approvisionnement de la ville. Côté aérien, les hélicoptères de l'armée et la gendarmerie ont travaillé, sans relâche, pour transporter les malades de Tiznit, Sidi Ifni et Mirleft. Par ailleurs, près de 1.656 tonnes de déchets, transportés par les crues des oueds, ont été ramassés sur la plage d'Agadir.