Le tribunal administratif de Rabat a rendu récemment un jugement truffé de messages quand le juge, en charge de la plainte déposée par l'Association marocaine des droits de l'Homme, AMDH, a condamné le ministère de l'Intérieur à une amende de 100.000 DH, pour abus de pouvoir. En fait, le 27 septembre 2014 ledit ministère avait interdit l'organisation, par l'AMDH en collaboration avec l'ONG Freedom Now, une conférence sur «les médias et la démocratie». Ce procès nous renvoie à un exercice démocratique fort louable où les institutions publiques se présentent devant la justice sur le même pied d'égalité que les plaignants. Et justement sur ce dossier, force est de constater que l'Intérieur se focalise trop sur l'AMDH jusqu'à en faire une obsession, alors que la Constitution de 2011 a élargi le champs des libertés, a démystifié l'interdit et a brisé le tabou. Le Maroc d'aujourd'hui n'a aucun complexe à se faire critiquer par des ONG, alors qu' au même moment, d'autres organismes nationaux et internationaux n'épargnent pas d'éloges sur les avancées du pays. Je dirais même que si l'AMDH n'existait pas il faudrait la créer et c'est le message à transmettre à l'international sur la profondeur de notre conviction des questions des droits humains. Cette conviction exprimée, noir sur blanc, doit être traduite des actes de l'Administration afin de soigner l'image pays. Heureusement il y a des juges professionnels qui corrigent les dérapages et les abus et, par là même instituent la notion de l'Etat de droit. Le Maroc a traversé, sans dégâts les pires turbulences, et ne peut donc pas être inquiété par la parole, aussi dure soit-elle.