«Le prêt emprunt de titres favorisera la liquidité du marché obligataire» Les ECO : Comment se présente le prêt-emprunt de titres sur le marché obligataire? Charif Hamzaoui : Les prêts-emprunts de titres sur le marché obligataire servent essentiellement au financement des banques. Aujourd'hui, la loi n'est pas encore appliquée parce qu'il y a un délai d'implémentation. Nous sommes toujours sur l'ancien système qui n'exige pas un agent de calcul. En revanche, lorsque la loi entrera en vigueur après le délai d'implémentation qui est donné aux intervenants, l'on sera obligé d'avoir un agent de calcul. À ce stade, se posera la problématique sur l'appel de marge. Il faudra se mettre d'accord sur une courbe des taux. Aujourd'hui, il a une réelle problématique de courbe. Il faudra donc définir une courbe qui soit mutuellement acceptée entre les différents intervenants sur le prêt-emprunt de titres du marché obligataire. Depuis peu, les Bons du Trésor bénéficient également de la cotation. Quelle est justement le rôle de la cotation? La cotation des Bons du Trésor est un projet qui a été initié par le Trésor, lui-même. Les intermédiaires en valeurs du Trésor (IVT) ont collaboré avec ce dernier pour mettre en place ce système-là. La plateforme, qui existe sur Blomberg, est déjà opérationnelle depuis quelques mois. Elle consiste à afficher, de la part des market makers -les grandes banques-, des cotations fermes et aussi des cotations indicatives. Cela permet d'améliorer le processus de formation des prix. Quand on a des cotations fermes, ça donne des indications aux investisseurs sur les niveaux des prix des obligations et donc sur les niveaux de la courbe des taux et ça les incite à faire plus d'opérations. Ça rend le marché obligataire plus liquide. Les professionnels prévoient que le prêt de titres va dynamiser le marché actions et améliorer sa liquidité. Qu'en est-il du marché obligataire ? Le prêt-emprunt de titres favorisera la liquidité du marché obligataire. En empruntant des titres, l'on ne se contentera plus du rôle d'intermédiaire, mais aussi de celui de market maker. Cela veut dire que l'on commencera à prendre de plus en plus de positions : on pourra vendre et acheter, mais aussi emprunter pour honorer ses engagements. Cela donnera certainement plus de liquidité au marché obligataire. La dynamique sur le marché obligataire va également s'accentuer avec le prêt-emprunt de titres. Quel seront les autres apports du prêt de titres au marché obligataire ? Contribuera-t-il à l'émergence de nouveaux produits ? Effectivement, pour être précis, l'émergence de nouveaux produits, y compris le prêt-emprunt de titres, entre dans le cadre du processus de maturation du marché des capitaux marocains. Cet instrument financier va contribuer au déclic de ces produits-là. A titre d'exemple, pour les options, il est possible de mettre en place ce marché, mais si nous avons le prêt-emprunt de titres, on va avoir un avantage considérable et améliorer la capacité des market makers à offrir ce produit-là dans le marché obligataire et le marché actions. Qu'en est-il des titres de créances négociables ? Le prêt-emprunt de titres se fait sur les Titres de créances négociables, sauf que la définition réglementaire des TCN exclut les obligations privées à long terme. C'est quelque chose qui a été constatée. Le ministère des Finances est conscient de la chose et on va travailler ensemble pour amender la réglementation pour que les prêts-emprunts de titres soient possibles aussi sur ces types de titres. Le problème de valorisation se pose-t-il également quand on parle du prêt-emprunt des TCN ? Bien sûr. Il y a le problème de la courbe de taux, mais également celui de la prime de risque (le spread). C'est pour cela que j'insiste sur l'importance de l'accès aux données de marché, qui peuvent être fournies soit par le dépositaire centrale qui a l'information centralisée, ou par le CDVM, lorsqu'il commencera à recevoir les informations et les statistiques sur les prêts-emprunts de titres. L'accès aux données de marché est fondamental pour dynamiser le prêt-emprunt de titres, ainsi que le volume des transactions sur le marché secondaire obligataire.