Les prévisions du PLF 2015 s'inscrivent dans la droite ligne des mesures attendues par les agences de notation et les partenaires financiers du Maroc. En dépit des critiques de l'opposition, les premières appréciations confortent l'engagement du gouvernement à poursuivre le rétablissement des équilibres macroéconomiques du pays. Alors que les discussions battent leur plein, entre le gouvernement et les députés de l'opposition, concernant les principales prévisions du projet de loi de Finances 2015 (actuellement en discussion au Parlement), les agences de notation internationales commencent à publier leurs appréciations des perspectives d'évolution concernant l'économie nationale. Le dernier acte en date est la confirmation par l'agence de notation Fitch Ratings du niveau «Investment Grade» attribué au Royaume du Maroc avec perspective stable. De même, les notes «BBB-» pour ses dettes à long terme en devises et «BBB» en monnaie locale ont été confirmées avec «perspectives stables». Fitch a également maintenu la note de plafond souverain «BBB» et la note «F3» de la dette à court terme en devises. En clair, tout va pour le mieux pour l'économie nationale, et les inquiétudes soulevées par le même agence il y a quelques mois sur les risques que fait peser la dégradation des déficits jumeaux sur les perspectives économiques du pays se sont nettement atténuées. Les principaux facteurs de cette appréciation sont, selon l'agence, «la stabilité macroéconomique et politique du pays dans un environnement régional et international instable et [...] la résilience de la croissance du PIB en dépit d'une baisse de la demande extérieure provenant de l'Europe, le principal partenaire économique du Maroc». Sur la même lancée, Fitch Ratings anticipe, en termes de perspectives, la réduction des déficits jumeaux. La réduction du déficit budgétaire sera soutenue par la baisse de la charge de compensation et la maîtrise des dépenses courantes, alors que celle du déficit du compte courant sera portée par la consolidation des finances publiques, l'accélération des exportations des nouveaux secteurs industriels et l'amélioration du contexte global. Seul bémol relevé par Fitch : les indicateurs sociaux du Maroc restent, globalement, plus faibles que ceux des pays voisins. Sur la même longueur d'onde Selon l'appréciation de Fitch Ratings, «la réduction de ces deux déficits, qui ont atteint des pics en 2012, est soutenue par un fort engagement politique à poursuivre les réformes». De ce fait, l'agence estime que la réduction de ces déficits et un niveau de croissance plus élevé qui permettrait d'améliorer le revenu par habitant sont de nature à impacter positivement la notation. Il convient de noter que la sortie de Fitch est intervenue au moment où le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Boussaid, a entamé son marathon d'explications des principales prévisions et nouveautés du PLF, alors qu'étaient exprimées fusaient les premières critiques de l'opposition contre les chiffres avancés par l'Exécutif. Autant dire que l'analyse de l'agence, en attendant les autres grands cabinets, est presque venue conforter le gouvernement, donc les prévisions s'inscrivent dans la même dynamique. Le ministre Boussaid n'a cessé de répéter que «le pari de la réduction des déficits sera gagné», même si cette cristallisation autour des chiffres des institutions internationales et agences de notation n'est pas du goût des députés de l'opposition. Sous la coupole, ces derniers n'ont pas manqué de relever que le PLF ne vise qu'à rassurer les partenaires financiers internationaux, «loin des préoccupations de la population». Dans un cas comme dans l'autre, le gouvernement peut se contenter de la bonne appréciation de ses partenaires. Ainsi, dans un rapport d'actualisation et d'évaluation des perspectives économiques régionales, le FMI n'a pas manqué de mettre en avant les avancées enregistrées par certains pays comme le Maroc dans le sens des réformes structurelles. Le fonds international a particulièrement apprécié l'effort consenti par les autorités dans le cadre de «la maîtrise des coûts des subventions énergétiques», dont le principal objectif est la réaffectation d'une partie des économies ainsi dégagées pour accompagner la croissance et réduire la pauvreté grâce à des systèmes de protection sociale mieux ciblés, et à des investissements porteurs dans les infrastructures, la santé et l'éducation. «Les pays utilisent aussi une partie des économies réalisées grâce à la réforme des subventions pour réduire leurs déficits budgétaires», n'a pas manqué de relever le FMI, s'inscrivant également dans la droite ligne de la politique du gouvernement. C'est en tout cas ce que défend en permanence l'Exécutif, qui s'appuie sur les marges de manœuvre dégagées par la poursuite des réformes et l'effort consenti pour l'amélioration des indicateurs dans les secteurs sociaux. Après l'étape de rééquilibrage des indicateurs macroéconomiques, cette dernière constitue désormais l'un des principaux enjeux pour le gouvernement Benkirane.