Indéniablement, c'est le Plan Maroc vert (PMV) qui a donné ses lettres de noblesse au terroir marocain. Notamment dans son Pilier II, le PMV consacre un intérêt considérable à l'agriculture solidaire, entre autres dans les régions marginales. Cela étant, pour assurer l'essor pérenne d'une économie du terroir, il fallait d'abord prendre à bras-le-corps les différentes contraintes plombant le secteur. Faible présence dans les commerces structurés, packaging peu attractif, absence de courroie de transmission entre l'amont et l'aval, forte présence des circuits de commercialisation informels... plusieurs problématiques, qui ont donc poussé le ministère de l'Agriculture à instaurer une véritable stratégie de Développement de la commercialisation des produits du terroir. Portée notamment par l'Agence pour le développement agricole (ADA), cette feuille de route a pour principale orientation de revisiter le mix marketing des produits en apportant des améliorations aux produits, au packaging, à la tarification, à la promotion et à la mise en valeur de la labellisation. L'autre objectif de cette stratégie est de répondre à la nécessité de tracer les voies d'accès aux marchés en créant une courroie de transmission entre producteurs et distributeurs, en ciblant le marché domestique et les marchés étrangers. C'est sur cette base que cinq leviers d'intervention ont été priorisés pour cette filière et ce, à travers les différents maillons de la chaîne de valeurs. D'abord, il est question de développer des partenariats de valorisation et de commercialisation des produits du terroir, mais aussi de créer des plateformes logistiques et commerciales régionales dédiées à ces produits. En troisième lieu, la stratégie sera déployée à travers l'amélioration de l'accès aux marchés de la distribution moderne au niveau national et à l'international, selon le modèle de commerce équitable. Il s'agira également d'appuyer les efforts de labellisation des producteurs, mais aussi de conjuguer les efforts de communication à travers des campagnes institutionnelles pour assoir la notoriété des produits du terroir auprès du grand public. Sur plusieurs fronts... En ligne avec ces orientations générales, la tutelle a aujourd'hui pu amorcer un certain nombre de projets. Il s'agit notamment du balisage pour le lancement des plateformes logistiques et commerciales de Meknès, d'Al Hoceima et d'Agadir et l'élaboration des dossiers d'appels d'offres pour la gestion déléguée de ces plateformes. De même, plusieurs actions de promotion ont été engagées à l'échelle nationale et internationale. En amont, la stratégie de Développement de la commercialisation des produits du terroir a également prévu l'appui des petits agriculteurs. Pour l'heure, un programme pilote de mise à niveau de 50 groupements de producteurs de produits du terroir a été activé. L'objectif en est de répondre aux exigences des marchés en matière de qualité, traçabilité, packaging, régularité des approvisionnements et de suivi des ventes. Des plans d'affaires ont ainsi été préparés au profit de 50 groupements de producteurs, de nouveaux packagings ont été conçus pour les 50 groupements et la prise en charge de la production d'une dizaine de produits prioritaires a été lancée. Parmi les chantiers initiés figurent le lancement du Projet d'accès aux marchés des produits alimentaires et de terroir (PAMPAT) en collaboration avec l'ONUDI, le référencement de plus de 200 produits au profit de 106 coopératives, le référencement de 11 groupements représentant 56 coopératives dans les boutiques spécialisées «La Vie claire», la signature de conventions spécifiques pour l'accès de 23 GIE producteurs de dattes au 3 GMS (Marjane, Label'Vie/Carrefour et Aswak Assalam) et l'organisation de la participation de 177 coopératives au niveau de 5 salons nationaux (Salon international des professionnels de la restauration de la boulangerie et de la pâtisserie, Salon international de l'agriculture de Meknès, Foire de Bouznika, Salon international des dattes, Festival du safran). Dans le bilan du département en charge des produits du terroir au sein de l'ADA, l'on met également en relief les efforts fournis pour tracer la voie à ces produits vers les marchés internationaux. Dans ce cadre, les responsables de l'ADA citent la prise en charge, l'organisation et la participation de 28 groupements de producteurs des produits du terroir, représentant 164 coopératives au Salon international de l'agriculture de Paris, ainsi que l'organisation et la participation d'une dizaine de groupements dans les salons du Gabon et d'Abu Dhabi (avec la participation de 13 partenaires privés exerçant dans le secteur des produits du terroir). Du win-win pour la figue de barbarie Dans le cadre de la stratégie mise en œuvre par la tutelle, un exemple mérite particulièrement d'être cité. Celui-ci vient du Sud et concerne la figue de barbarie d'Aït Baamrane. En effet, une unité de conditionnement de figues de barbarie de cette région a été implantée dans cette zone par le ministère dans le cadre du Plan Maroc vert. Dotée d'une capacité de 10.000 tonnes, cette unité a nécessité la mobilisation d'un investissement de 23 MDH mis à la disposition du groupement d'intérêt économique (GIE). Objectif : conditionner, emballer et exporter selon les normes requises les figues de barbarie produites par les coopératives de Sidi Ifni. Pour la campagne agricole en cours, ces producteurs sont actuellement en train de préparer leur plan de commercialisation vers le Canada, la France... «La première année, les membres de ce GIE ont demandé à être appuyés pour gérer cette unité, car n'ayant pas le savoir-faire technique nécessaires», expliquent les responsables du ministère. C'est pourquoi ils ont été mis en contact par l'ADA avec une coopérative de la région du Souss-Massa-Drâa qui exporte des légumes.