Glissements et affaissement sur la trajectoire des routes, autoroutes et autres voies ferrées ne sont pas si rares dans le royaume et, même si les informations concernant ces accidents restent peu diffusées, leur impact sur la méthodologie des services concernés est indéniable. «La géotechnique était le maillon faible des infrastructures de transport au Maroc», explique Houssine Eljaaouni, directeur scientifique et technique au laboratoire public d'essais et d'études(LPEE), qui soutient, lors d'une conférence sur le sujet organisée récemment par l'entreprise espagnole Eurogeotecnica, qu'il y a quelques années, seules des études topographiques et géométriques précédaient les travaux d'infrastructure. La géotechnique, un procédé de calcul se basant sur la géologie pour s'assurer de la stabilité des ouvrages, n'était pas considérée comme nécessaire. Cela relevait plutôt du luxe ou, au mieux, d'un rigorisme coûteux, vu que les voies de contournement étaient nombreuses et les routes étaient construites le plus souvent sur des profils rasants. Toutefois, le développement des infrastructures de transport au Maroc et surtout leur avènement dans des zones accidentées dans le nord et le sud du royaume ont poussé les professionnels à changer d'avis. «Avec la restriction des couloirs et le fait que les routes ont traversé des zones accidentées, notamment avec la rocade méditerranéenne, les exigences techniques et environnementales se sont accrues considérablement», argue le directeur scientifique du LPEE, qui avance d'ailleurs que c'est le staff de son laboratoire qui a la responsabilité de donner les programmes et les paramètres géotechniques pour les chantiers d'infrastructure au Maroc. L'explosion du nombre de sondeuses géotechniques est à ce propos un indice édifiant quant au développement de cette discipline dans le royaume. Développement crescendo D'une dizaine au début des années 2000, elles se comptent désormais par centaines et ce n'est pas encore suffisant, à en croire les spécialistes. Le développement de la géotechnique est s'est fait de pair avec le développement des infrastructures de transport. Ainsi, Yassir Boujamaoui, chef de la division étude chez Autoroutes du Maroc(ADM), défend l'importance de la géotechnique dans la réalisation d'ouvrages tels que le tunnel de Zaouiat Aït Mellal, qui n'aurait pu voir le jour sans l'aide des calculs se basant sur cette discipline. Dans ce cas précis, cela a permis à ADM de se faire une idée précise sur ce qui doit être fait pour s'assurer de la pérennité et de la sécurité de cet ouvrage. Ainsi a-t-il fallu stabiliser une falaise attenante, purger les blocs instables, mettre en place un système de filet type Spider et appliquer des travaux de murs cloués. Cela s'avère aussi très utile pour la maintenance routière, «notamment pour le renforcement et le revêtement des 2.000 kilomètres par an que nous effectuons», comme le défendent les responsables de directions des routes au ministère des Transports. Ce département y a aussi recours pour coordonner les travaux entre l'ONCF et ADM, qui peuvent parfois se chevaucher et mettre en péril les deux ouvrages. La géotechnique est donc tellement nécessaire, de l'avis des spécialistes, qu'elle ne peut que se développer davantage. Cela pousse d'ailleurs des opérateurs privés à investir ce créneau, car le besoin est important. C'est dans ce sens que Eurogeotecnica a organisé cette conférence pour sensibiliser à l'enjeu de la géotechnique et offrir par là même, ses services dans le royaume.