Les perspectives économiques des pays de la zone euro, principaux partenaires commerciaux du Maroc, s'éclaircissent de plus en plus. Les prévisions de croissance du PIB de plusieurs pays dont la France et l'Espagne viennent encore d'être revues à la hausse, ce qui tend à confirmer les signaux de sortie de crise qui ont commencé à apparaître depuis quelques mois déjà. Après les estimations positives établies en début d'année par les principales institutions financières ou monétaires internationales (Banque mondiale, FMI, OCDE,...), la Commission européenne vient de confirmer la tendance pour les premiers mois de l'année et a même actualisé ces prévisions avec des indicateurs plus positifs. «La reprise gagne du terrain en Europe, après le retour à la croissance intervenu au milieu de l'année dernière», a indiqué à ce titre Olli Rehn, vice-président de la Commission chargé des affaires économiques et monétaires et de l'euro, mardi dernier, lors de la présentation d'hiver des indicateurs économiques des pays de la zone euro. Chacun de ces chiffres représente une révision à la hausse de 0,1 point de pourcentage par rapport aux prévisions de l'automne 2013, a indiqué la Commission dans un communiqué de presse qui a suivi la présentations des prévisions actualisées. L'Espagne et la France à la traîne Selon ces prévisions, «la reprise économique se poursuivra dans la plupart des Etats membres et pour l'UE dans son ensemble». Ainsi, après la sortie de la récession au printemps 2013 et trois trimestres consécutifs de timide reprise, les estimations tendent vers une augmentation modérée de la croissance. Les chiffres font ressortir qu'après une croissance du PIB réel de 1,5% dans l'UE et 1,2% au sein de la zone euro en 2014, l'activité économique devrait connaître en 2015 une accélération, à 2,0% dans l'UE et 1,8 %dans la zone euro. Il va sans dire que le rythme de reprise n'est pas le même au niveau des différentes économies de la zone euro et un autre bémol, les principaux marchés partenaires de l'économie marocaines, la France et l'Espagne, sont à la traîne. Cependant, la révision à la hausse des perspectives de croissance de ces deux pays constitue un aspect à tous points de vue positif. Pour la première fois depuis six ans, l'Espagne devrait en effet afficher une croissance de 1% en 2014 et les estimations font ressortir des signes d'une probable accélération en 2015. Le cas est un peu similaire pour l'économie française, dont la croissance attendue cette année tournera aux alentours de 1% et de 1,7% en 2015, en plus d'un déficit public de 4%, l'un des plus importants de la zone euro. Autant dire que le Maroc n'est pas encore sortie de l'auberge, mais il s'agit d'un aspect assez positif pour certains secteurs de l'économie nationale, surtout les plus exposés à l'impact du marasme économique européen. Lenteur de la croissance de la zone euro L'amélioration, certes lente mais progressive, de la situation en zone euro constitue donc une perspective réjouissante pour l'économie marocaine. Les répercussions de cette relative embellie ne seront certes pas enregistrés à court terme, mais l'essentiel est que le bout du tunnel pour la sortie de crise soit à portée de vue. Il convient de relever que les quelques points enregistrés par la croissance européenne depuis quelques mois ont commencé à affecter légèrement certains indicateurs macro-économiques du pays, comme le laissent transparaître les données contenues dans la dernière note de conjoncture de la DEPF. Dans le sillage d'une plus grande vigueur de la reprise, il va sans dire que la situation va s'améliorer plus vite que prévu. Il ne s'agit pourtant pas de perspectives qui devraient pousser à l'optimisme, puisque le rythme de croissance et donc de reprise sera encore lent pour quelques années. C'est d'ailleurs ce qu'a souligné, dernièrement, le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Boussaid. «Au niveau extérieur et compte tenu de la lenteur de la croissance de la zone euro, il s'avère nécessaire d'assurer une diversification des marchés en faveur des pays à fort potentiel» a recommandé le ministre lors de son intervention à l'occasion du dernier Forum de Paris dont le Round de Casablanca s'est tenu il y a quelques jours. Le vent d'optimisme qui souffle sur la zone euro est donc à tempérer au niveau interne, mais l'ampleur des échanges commerciaux entre les deux économies fait que toute amélioration de la situation en Europe se répercutera sur l'économie nationale. C'est déjà l'un des aspects positifs pour les opérateurs nationaux, surtout les secteurs liés à l'export. Les promesses du G20 Au-delà de la situation en Europe qui constitue la zone où la reprise économique est des plus modestes, c'est un vent d'optimisme qui souffle au niveau de l'économie mondiale. Cette tendance s'est d'ailleurs amplifiée au lendemain de la dernière réunion des ministres des Finances des pays membres du G20, qui s'est tenue le 23 février dernier à Sydney en Australie. Les pays du G20 se sont engagés à favoriser la croissance et la création d'emplois à travers un ambitieux programme qui vise à engendrer près de 2% supplémentaires pour la croissance mondiale, d'ici 2018. La feuille de route devrait être balisée en novembre prochain lors du sommet des chefs d'Etats de la même organisation, dont les pays pèsent presque 85% du PIB mondial. En termes de chiffres, le programme se traduira par un engagement financier de l'ordre d'environ 2.250 MMUSD. L'initiative a été saluée par le FMI, pour qui cet objectif est à la portée de l'économie mondiale, et principalement des pays développés car il correspond aux analyses présentées cette semaine au G20 par le FMI. «Les mesures en vue d'encourager les investissements, doper la croissance mondiale et promouvoir la concurrence seront essentielles à une croissance plus soutenable et robuste, comme l'ont fait remarquer les membres du G20», a indiqué à ce sujet, Christine Lagarde, directrice générale du FMI. Pour le Fonds, de nouvelles actions s'inscrivant dans la coopération internationale sont nécessaires afin de promouvoir une croissance mondiale plus robuste, c'est-à-dire soutenue et créatrice d'emplois ainsi que pour contrecarrer les risques réels et potentiels. Les experts n'ont pas manqué de relever que c'est pour la première fois depuis des années qu'une réunion du G20-finances, s'est traduite par une priorité non pas accordée à l'austérité, mais au développement économique. Il faut dire que dans le même temps et à l'initiative de l'OCDE, d'autres mesures seront mises en œuvre pour renforcer la lutte contre l'évasion fiscale au niveau mondial, ainsi que dans le sens de la préservation de la stabilité financière, notamment en limitant l'impact des politiques monétaires des pays développés au niveau des flux financiers dans les pays émergents. Dans l'ensemble donc, l'ampleur des incertitudes économiques s'amenuisent de plus en plus au niveau de l'économie mondiale.