Ifrane, Fès et Casablanca se verront rappeler le pouvoir des racines et du patrimoine commun judéo-marocain. Depuis le 24 février et jusqu'au 27 du même mois, l'Association Mimouna organise la caravane du patrimoine judéo-marocain. Le Mimouna club est une organisation composée d'étudiants marocains de confession musulmane qui ont pour but la préservation et la promotion de l'héritage unique et ancestral qu'est le judaïsme marocain. Fondée en 2007 à l'Université Al Akhawayn à Ifrane (AUI). Mimouna club s'est élargi pour inclure de nouvelles branches à Fès, Rabat et Marrakech. «L'association a été créée en 2007 à l'Université Alkhawayn par des Marocains musulmans intéressés par la culture juive et leur identité plurielle. Personnellement, j'ai toujours été intéressé par la culture juive marocaine parce que depuis tout petit, quand j'allais chez mes grands-parents au Mellah de Casablanca, ils me racontaient avec nostalgie leurs moments de partage avec la communauté juive. L'idée est de sensibiliser les Marocains à notre identité plurielle qui est occultée par les manuels scolaires. On essaie de combattre cette amnésie», explique El Mehdi Boudra, initiateur du club, qui donne son nom à Mimouna, la fête populaire juive dont les Marocains d'antan sont nostalgiques, puisqu'ils y prenaient part. Véritable fête fraternelle que vivaient les 2 peuples ensemble, Mimouna est un symbole de rapprochement et de partage sur lesquels reposent les valeurs de l'association. «Quand je suis arrivé à Al Akhawayn, je me suis rendu compte que cette jeunesse ne connaissait pas cette composante juive de notre identité. Il y a avait des préjugés, des idées reçues, pour eux juif était synonyme de sioniste, d'Israéliens qui tuaient les Palestiniens. J'ai donc cherché des gens comme moi, qui avaient cette vision que m'a transmise ma grand-mère du judaïsme, elle qui est pourtant musulmane, mais qui a côtoyé la communauté juive. Nous avons créé le club malgré des débuts difficiles, nous avons eu droit à des réactions violentes comme des croix gammées sur les murs de nos chambres, mais d'années en années, on a grandi, on a convaincu, on a adouci les mœurs», continue l'initiateur du projet qui se voit concrétiser son idée, considérée comme incongrue, mais qu'il a eu raison de défendre. La caravane organisée par le club le prouve, et ces jeunes ne s'arrêtent pas là puisqu'une deuxième étape est prévue à Essaouira, Marrakech et Rabat pendant le mois de juin. Le programme comprendra des expositions, des conférences avec la participation d'experts et d'intervenants de qualité. Le tout sera accompagné de soirées musicales». Une façon de faire passer le message en douceur et en harmonie.