La volatilité des prix des produits alimentaires est un sujet d'actualité, eu égard à l'impact que le phénomène peut avoir sur les équilibres macroéconomiques des pays en développement. Il s'impose d'autant plus aujourd'hui que les pays non producteurs se trouvent face au pressant dilemme de la sécurité alimentaire. Faut-il se prémunir des aléas et humeurs du marché mondial en développant une agriculture de subsistance ou rester à la merci des pays pourvoyeurs ? L'exemple de l'année 2012, marquée par une sécheresse exceptionnelle, est toujours présent dans les esprits, lorsque la Russie et les Etats-Unis ont revu drastiquement à la baisse les contingents exportables. Conscient des enjeux et challenges à venir, le Maroc s'est fortement investi dans la production d'engrais dont la dernière illustration est la construction par OCP d'une usine tournée exclusivement vers l'Afrique. Pour mieux cerner la problématique, le département des études du Fonds monétaire international (FMI), l'OCP Policy Center et le Center for technology and economic development de l'université de New York à Rabat ont organisé, les 25 et 26 de ce mois, une conférence internationale sur les enjeux socio-économiques de la volatilité des prix des produits alimentaires. D'entrée de jeu, Karim El Aynaoui, directeur de l'OCP Policy center, a souligné que ce n'est qu'après la crise de 2008 que l'on a commencé à sérieusement s'intéresser au phénomène de volatilité des prix des produits alimentaires. Ce sujet fait partie de l'ordre du jour de l'OCP policy center depuis plusieurs années déjà. Le responsable a expliqué que le sujet est en passe d'affecter les politiques monétaires et fiscales à travers le monde. La conférence de Rabat offre ainsi une plateforme de débat et d'échanges sur les aspects macroéconomiques de la volatilité des prix. Ceci dans l'objectif de rehausser la qualité de prise de décision au Maroc et en Afrique. Une conférence d'une égale importance aura lieu en juin prochain, annonce El Aynaoui, pour mieux cerner les problématiques de développement rural en relation avec l'eau en tant que principal intrant dans la production agricole. Pour sa part, Axel Bertuch-Samuels, représentant spécial du FMI auprès de l'ONU, a rappelé les moments difficiles de la fluctuation des prix alimentaires en 2007-2008 ayant provoqué des émeutes dans 25 pays à travers le monde. Suite à quoi, un groupe de travail de haut niveau sur la sécurité alimentaire a été créé par l'ONU. En effet, la crise a déclenché beaucoup de recherche pour évaluer les causes et conséquences de l'instabilité des prix à l'international. Selon le responsable, bien que la part moyenne de l'agriculture dans le PIB mondial ne soit que de 3%, le secteur joue un rôle crucial en matière d'apport en revenu dans la mesure où il emploie 1,3 milliard de personnes dans le monde. Aujourd'hui, la question qui se pose est comment déterminer l'insécurité alimentaire de manière précise. En tout cas, pour le spécialiste mondial de la question, Jumo Sundaram, sous-directeur général de la FAO, la croissance agricole a cinq fois plus de chance de réduire la pauvreté que la croissance globale. Il en déduit qu'il serait mieux d'investir dans la production agricole lorsque les prix empruntent un trend haussier. En effet, au-delà du facteur naturel qu'est la sécheresse, la spéculation financière a beaucoup d'impact sur les prix des produits alimentaires. Il faut ajouter à cela le rôle récent joué par les biocarburants qui explique en partie la hausse des prix.