Les échanges économiques croissants entre le Maroc et le Sénégal sont non seulement en train de raffermir l'axe Rabat/Dakar, mais sont également en phase de remodeler le profil du migrant marocain dans le pays de la Teranga. En effet, l'image du Marocain résident au Sénégal renvoyait jusqu'à un passé récent, au commerçant de maroquinerie de l'avenue Mohammed V de Dakar ou encore à l'étudiant en médecine de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Désormais, cet aperçu commence à changer. «C'est une nouvelle catégorie de Marocains qui s'installe au Sénégal», constate l'ambassadeur du Maroc, Taleb Berrada. Parmi les 5.400 citoyens marocains enregistrés par la représentation diplomatique du royaume dans la capitale sénégalaise (ils sont 4 fois plus nombreu, selon l'ambassadeur), on compte désormais de plus en plus d'investisseurs, de cadres administratifs, ainsi que des fonctionnaires. «Les investisseurs sont très nombreux, et occupent une part très importante parmi ces nouveaux venus», a déclaré l'ambassadeur en poste à Dakar. Les cadres des grands groupes marocains installés sur place, ou encore des ouvriers agricoles, de même que des fonctionnaires figurent dans la nouvelle vague de ces Marocains du Sénégal. La plupart de ces travailleurs opèrent, entre autres secteurs, dans ceux de la finance, de l'assurance, de l'industrie, des services, des infrastructures et de la restauration. Pas seulement à Dakar Cette nouvelle tendance confirme la concrétisation progressive de la nouvelle orientation prise par le royaume, de faire des pays d'Afrique subsaharienne «un relais de croissance» pour l'économie nationale. Dans les plus grands hôtels de Dakar, on rencontre fréquemment des clients se présentant comme des hommes d'affaires venus du Maroc, en quête d'opportunités dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest. Cette course aux bonnes affaires contribue également, à en croire la représentation diplomatique du royaume, à élargir la répartition géographique de ces Marocains sur le territoire sénégalais. La capitale, Dakar, continue certes d'accueillir et de concentrer la plus importante partie de cette population, mais des villes situées sur la «petite côte» comme Mbour, Saly (poumon de l'activité touristique), de même que la région de Ziguinchor (sud-ouest), réputée pour ses richesses naturelles, attirent davantage de Marocains. Il faut dire que les projets d'infrastructures lancés dans ces zones et remportés par des entreprises marocaines expliquent aussi ce déplacement vers l'intérieur de ce pays jugé stable. «C'est une évolution très salutaire», se félicite-t-on auprès de l'ambassade du Maroc. Cette tendance constatée au Sénégal, serait probablement la même dans bon nombre de pays subsahariens, qui suscitent l'intérêt du royaume, mais dans des proportions moins importantes.