«Aujourd'hui le marché du textile est de plus en plus incertain. De plus il y a moins de visibilité, aussi bien au niveau des commandes que des matières premières», souligne Ali Berrada consultant Export /textile. En effet, Les donneurs d'ordre ne veulent pas prendre de risque pour le moment et préfèrent aller sur des marchés de proximité, ce qui avantagerait éventuellement le Maroc. Autre facteur avantageux, la Chine cherche actuellement à être indépendante vis-à-vis du marché de l'export et se tourne vers la consommation locale ou la marge est beaucoup plus intéressante. «C'est une situation qui favoriserait le Maroc. C'est le cas également de l'Allemagne qui travaille principalement avec l'Asie ou l'Europe de l'Est et de l'Italie qui travaillait avec la Roumanie», affirme Ali Berrada. Cependant, le renchérissement des matières premières, qui subissent depuis un certain temps un effet de yoyo, ainsi que leur rareté sur le marché font que les commandes sont limitées. Ce qui a un impact sur le prix final des produits. «Certaines entreprises qui fabriquent des produits finis sont obligées de revoir les prix annoncés il y a 3 mois à la hausse», note Berrada.Par ailleurs, l'instabilité politique en Tunisie et en Egypte présente aussi une opportunité pour le secteur dans la mesure où les commandes vers ses pays peuvent être bien captées par le Maroc. Aujourd'hui, toutefois, un autre problème se pose. Il s'agit de conforter les marges des industriels marocains, qui font face à la pression sur les prix. Aujourd'hui les donneurs d'ordres s'alignent sur les prix de la Chine. Cela n'est pas sans problème sur la trésorerie des entreprises marocaines. «Pour éviter cette situation, il faut que les industriels marocains cessent de se battre sur des niches que la Chine maîtrise. Il s'agit là des produits basiques», préconise Berrada. Pour ce dernier, il faut suivre l'exemple de la Turquie, qui a développé le textile technique échappant ainsi à la concurrence des Chinois. Quant à la hausse du Smig prévue à partir du premier juillet prochain, il semble que le secteur n'est pas encore prêt. Pour preuve, il y a la difficulté à absorber l'ancienne augmentation de 10% de 2008 établie sur 4 ans. Aujourd'hui, le Smig dans le secteur n'a été augmenté que de 7,5%. Pour les professionnels, l'augmentation prévue cette année équivaut à 10% du prix de vente. Ce qui est jugé déstabilisant pour les trésoreries des entreprises, qui n'avaient pas prévu cette hausse lors des négociations des commandes avec les donneurs d'ordres. Actuellement, le Smig dans le secteur du textile est de 10,39 DH de l'heure. C'est une rémunération que les textiliens trouvent pénalisante, car supérieure à celle pratiquée dans certains pays concurrents, dont la Tunisie. À ce niveau, il faut rappeler les conclusions d'une étude menée par le Cercle euro-méditerranéen du textile et de l'habillement (CEDITH), qui soulignait qu'«en 2010, on pouvait avoir 10 ouvrières égyptiennes pour le prix d'une ouvrière turque dans le secteur de l'habillement». L'étude du CEDITH montrait également que les salaires minima turcs sont deux fois plus élevés que ceux du secteur textile au Maroc (relevé de 2,5 % en juillet 2010) ou de l'Algérie, et presque trois fois plus élevés que ceux de la Tunisie. Cela n'a pas empêché le pays de réaliser de bonnes performances.