À l'évidence, OCP met sa principale zone minière de Khouribga en ordre de bataille. Ceux qui visitent cette région ne manqueront pas de remarquer l'accroissement des activités et les innombrables chantiers, démesurés, sur les différents sites du groupe. Sur les chantiers, véritables fourmilières, les mastodontes et les centaines d'ouvriers présents s'affairent dans des réalisations dignes des plus grandes scènes de science-fiction. L'objectif de l'OCP est d'augmenter la production pour être en mesure de satisfaire la demande grandissante du marché mondial, dopée par les besoins en engrais. Dans cette région de Khouribga, trois mines sont actuellement en activité et l'ouverture de deux autres est prévue à l'horizon 2017. Il fallait une visite guidée pour se retrouver dans les gigantesques tranchées de la plus grande mine de l'OCP, Sidi Chennane, située à une trentaine de km à l'Est de Khouribga en allant sur la route vers Béni Mellal par Fquih Ben Saleh. Il fallait aussi trouver son chemin le long des canyons à double voie, véritables boulevards de terre rouge, avec même des ronds-points et des panneaux de signalisation. «Ces panneaux portent les noms d'ouvriers méritants qui se sont distingués par leur travail dans la mine», explique Abdelkrim Ramzy, responsable production de la mine Sidi Chennane. De grands camions d'une capacité de chargement pouvant atteindre 200 tonnes circulent sur les deux voies en navettes interminables sur des kilomètres entre les points de chargement, de déchargement et de traitement. Au détour d'une piste, se profile la «dragline», un énorme engin d'une vingtaine de mètres de hauteur avec un très long bras métallique, telle une proue. La machine vrombissante qui attaque avec sa pelle le sol friable est l'une des plus grandes draglines du monde. Malgré la taille de l'engin, le conducteur mène un travail de précision. Le bras métallique creuse une énorme tranchée faisant des pelletées de 100 tonnes. L'objectif de l'opération est crucial: mettre à nu la première couche riche d'un précieux sédiment qui a mis environ 70 millions d'années à se former, le phosphate. Une fois les couches exploitables dégagées, c'est un ballet incessant de bulldozers et de camions qui a lieu pour acheminer le minerai vers les installations de criblage qui le trient et le concassent. Le produit obtenu est ensuite dirigé soit vers des usines de lavage («laveries») où il est mélangé à l'eau, purifié et enrichi grâce à un procédé approprié, soit directement vers des unités de séchage pour l'adapter au transport ferroviaire. Un circuit de convoyeurs mécaniques relie les unités de stockage aux laveries et usines de séchage. De part et d'autres de la mine, se dressent de nombreux terrils couverts de végétation. Ce sont des couches à faible teneur en phosphate, mais ce sont autant de réserves pour l'OCP qui un jour seront rentables. Le pipeline Khouribga/Jorf Lasfar début 2014 Les projets d'extension des mines se réalisent parallèlement à l'installation du pipeline Khouribga/Jorf Lasfar. «Ce dernier entrera en service au début de l'année 2014», indique Abdeljebbar Lebbardi, responsable exploitation du pipeline. À la station de tête du pipeline, les essais à l'eau sont programmés pour le mois de décembre et le slurry-pipeline sera ensuite testé avec la pulpe en préparation à sa mise en service. Pour rappel, ce projet est d'un investissement global de l'ordre de 4,5 MMDH. Actuellement, les installations et les chantiers de grande envergure sont réalisés sur une étendue souterraine totale de 235 km linéaires. Le phosphate transitant sous terre est indécelable depuis la surface. C'est là une prouesse technologique de l'OCP, unique en son genre au Maroc. Pour la concrétisation du projet, la majorité des entreprises sous-traitantes du contractant, la société turque TEKFEN, participant aux travaux de réalisation du projet, sont des entreprises locales. Pour les besoins de construction, l'effectif total mobilisé a dépassé les 3.000 employés dont la majorité sont des locaux. Pour l'heure, la production de Khouribga est envoyée par les lignes de chemin de fer vers Casablanca et vers le complexe industriel de Jorf Lasfar. Bientôt, c'est le minéroduc «pipeline» qui assurera le transport des phosphates vers Jorf Lasfar avec des coûts optimisés (www.leseco.ma). Ce nouveau système permettra d'augmenter la capacité de transport du minerai tout en maîtrisant la logistique de bout en bout, de la mine à la livraison d'engrais avec comme impératif la préservation de l'environnement ainsi que les ressources énergétiques et hydrauliques. Le pipeline permettra en effet la réduction des émissions de CO2 de l'ordre de 900.000 tonnes/an. L'objectif de ce dispositif est également économique: à terme, le transport ne coûtera plus que 1 dollar par tonne, contre près de 7 à 9 dollars actuellement.